mardi 29 décembre 2015

Le CAPES, mais pas celui des professeurs....

Je découvre avec un peu de retard l'intéressant Décret n° 2015-1511 du 19 novembre 2015 relatif au contrat d'amélioration des pratiques en établissements de santé (NOR: AFSH1520666D ). Contrat d'Amélioration des Pratiques en Établissement de Santé = CAPES.

Un nouveau contrat, donc, passé entre l'Agence Régionale de Santé et un établissement de santé. L'ARS évalue les risques infectieux, médicamenteux et risque de rupture de prise en charge, au moyen d'indicateurs généralisés. Si un établissement est en-deçà du seuil fixé (par arrêté du Ministre en charge de la santé), alors l'ARS lui demande de proposer "un contrat d'amélioration des pratiques".

Jusque là, cela semble plutôt une démarche saine. Les établissement travaillent, l'autorité administrative surveille, et lorsque la surveillance montre une défaillance, c'est à l'établissement de faire ce qu'il faut. Bon, le rabat-joie que je suis posera la question de la pertinence des indicateurs, sur lesquels tout le système est fondé, mais nous allons faire ici l'hypothèse qu'ils sont irréprochables (je me réserve la possibilité de prouver que ce n'est pas toujours le cas - ne serait-ce que pour l'Indicateur Composite d'Activité de Lutte contre les Infections Nosocomiales - le joliment nommé ICALIN - qui ne recense que des moyens, et pas des résultats).

Non, ce qui me chagrine, c'est l'Article R. 162-45-1 du Code de la Santé Publique, créé par ce Décret. Il dit En cas de refus de l'établissement de signer le contrat, le directeur général de l'agence régionale de santé peut, après avoir mis l'établissement en mesure de présenter ses observations, prononcer une pénalité financière proportionnée à l'ampleur et à la gravité des manquements aux objectifs de qualité et de sécurité des soins mentionnés à l'article R. 162-45 et fixée dans la limite de 1 % des produits reçus par l'établissement de santé de la part des régimes obligatoires d'assurance maladie au titre du dernier exercice clos.

En d'autres termes, si je résume : un établissement a des difficultés, sa direction fait preuve de mauvaise volonté, alors on lui coupe les vivres. 1% au maximum, mais cela représente tout de même 3 jours et demi de fonctionnement. Le 28 décembre à midi, on ferme jusqu'au nouvel-an !

Dites, messieurs du Ministère (et vous, Madame la Ministre) : d'où tenez vous que pour sanctionner un directeur d'établissement, le moyen le plus efficace est de diminuer le budget de ses équipes ? Tant qu'à sanctionner, sanctionnez la ou les personnes. Mais si votre objectif est d'améliorer la sécurité des patients, revenez sur terre, et apprenez à résoudre les problèmes !

Ou alors, y aurait-il quelque chose que je n'aurais pas compris?

H

mercredi 16 décembre 2015

Le thé du golfeur

Il y a quelques semaines, dans un autre hôtel, appartenant à une chaîne :


Il y a un acheteur qui a validé cela, et qui impose cette faute d'orthographe désolante à toute la chaîne.

Compétence !

H

Compétence, attention et sécurité alimentaire

J'ai passé une nuit à l'hôtel. Cela m'arrive régulièrement, et ce n'est pas une information bouleversante. Je rentre du petit-déjeuner, et une grosse mouche, sur le jambon, a attiré mon attention. D'un geste de la main, je l'ai chassée, sous les yeux de la jeune femme qui s'occupait du buffet. Elle n'a pas eu un geste lorsque, 3 secondes plus tard, la mouche s'est reposée. Elle n'a posé aucune question lorsque j'ai pris la mouche en photo.


Je sais qu'il n'y a pas un risque mortel absolu et immédiat pour tous ceux qui vont consommer cette charcuterie. Mais cette absence de réflexe me semble symptomatique d'un système qui fonctionne mal. Et depuis longtemps. Parce que je ne suis pas le premier à la voir, cette petite bête.

Alors, bon appétit, et pensons à l'image que nous donnons de nous. A près de 190 euros pour un repas, une nuit et un petit déjeuner, même à Paris, le client peut avoir des exigences.

Non ?

H

mercredi 25 novembre 2015

"Une" peu de créativité orthographique

La maison Microsoft ne recule devant aucune innovation marketing pour placer son nouveau système d'exploitation, Windows 10. Il faut dire que le système en question traîne derrière lui une drôle de réputation sulfureuse de gros collecteur de données personnelles diverses - dont on ne sait pas trop ce qu'elles vont devenir.

Régulièrement, on a des petites fenêtres qui nous incitent à télécharger gratuitement la mise à jour. Bon, on sait déjà que "quand c'est gratuit, c'est toi le produit". Mais sur un malentendu, ça peut passer... Et hier, j'ai vu ceci :


Quand je pense que Microsoft est souvent décrit comme une entreprise de marketing plutôt qu'une entreprise technique, je me dis que si les programmes informatiques sont revus avec autant de soin que les accroches publicitaires, cela doit expliquer bon nombre de bugs. Quand je repense à l'écran bleu de Windows 95, c'est sans nostalgie, mais je n'excuse pas pour autant ce mépris de l'utilisateur !

Impressionnant, en effet.

H

vendredi 13 novembre 2015

Sidération

6 attentats, au moins 100 morts dans Paris hier soir.

Régulièrement, je rappelle à mes étudiants, à mes clients, l'attention que l'on doit porter à la recherche de l'optimum global d'un système, en acceptant d'oublier les optimum locaux qui nous font tant plaisir d'habitude (comme par exemple l'acheteur qui est fier, heureux d'avoir trouvé une matière première 12% moins chère au kilo, mais qui entraînera ensuite de nombreux surcouts pour son contrôle ou sa mise en œuvre. Et la direction générale obligée de récompenser ce résultat néfaste croira s'en sortir en fixant un objectif différent au directeur industriel, etc.)

Mais là, je suis incapable d'identifier quel est l'optimum local. Qu'est-ce que ces comportements meurtriers, haineux peuvent faire gagner au système ? À un compartiment quelconque du système ? J'échoue à imaginer quoi que ce soit.

Je pense à la douleur des familles et des proches. Ma compassion est dérisoire face à votre épreuve.

H

mercredi 11 novembre 2015

Le salaire au mérite...

Ainsi donc le maire d'une grande ville (un peu moins de 50 000 habitants), des syndicalistes, un ministre même (et non des moindres) s'accordent sur une chose : il est bon de rémunérer les fonctionnaires municipaux au mérite.

Bon, en fait, on ne va pas toucher à leur salaire, c'est à dire qu'ils ne vont pas voir leur salaire baisser. Le code du travail protège les salariés, et la diminution du salaire ne fait pas partie des options pour l'employeur. Ce sont les primes qui pourront être ajustées. Mais c'est une bonne chose, vous dit-on. Pour la motivation, pour la productivité, pour les finances publiques, pour l'image du fonctionnaire. Une véritable panacée. Et vous êtes priés de le croire.

Pourtant, c'est une grosse erreur. Depuis au moins 30 ans, on sait que ce système est contre-productif, mais la paresse intellectuelle (c'est une expression de François Dupuy) dont font preuve ceux qu'on continue d'appeler "nos élites" leur permet de continuer à se tromper...

Le salaire au mérite a été institutionnalisé par Frederick Taylor, à la toute fin du dix-neuvième siècle. Il considérait que l'ouvrier avait tendance à flâner dès qu'il n'y avait plus de contrôleur derrière son dos, et que l'instauration du salaire à la pièce permettait de garantir la motivation. Ce n'est pas d'une éthique irréprochable, mais en effet, ça peut fonctionner. En tout cas pour la production de pièces mécaniques manufacturées (faites à la main, par l'ouvrier). Dès que l'on met une machine dans la boucle, il devient difficile d'attribuer les variations de rendement à l'opérateur, à la machine ou à celui qui la règle et l'entretient. C'est encore plus délicat lorsqu'on parle de service. Comment anticiper les besoins du client avant de fixer les objectifs donnant lieu à prime ? Or, c'est à l'aune de la satisfaction des besoins du client que l'on doit juger du travail accompli. Comment dès lors fixer un objectif individuel à la personne chargée de l'accueil à la mairie ? Passons là dessus.

Les primes au mérite sont doublement, voire triplement, viciées. D'abord, elles induisent le sentiment que la rémunération est scindée en deux parties : d'un côté le salaire fixe, qui est un dû pour le salarié, en l'échange de sa seule présence au travail. De l'autre côté, la prime (ou les primes) qui viendront reconnaitre la réalité du travail accompli. Celui qui ne s'investit pas, qui en fait le minimum, qui ne respecte ni ses collègues, ni ses clients, ni les consignes aura toujours son salaire fixe - et on ne pourra plus lui reprocher de jouer ce jeu pervers.

Ensuite, l'objectif individuel va modifier le comportement du salarié. Il va se mettre à suivre son seul objectif individuel. Et ce, d'autant plus facilement que les conséquences potentiellement négatives de ce comportement ne pourront pas lui être reprochées. Pourtant, on est presque toujours dans le cadre de résultats d'un système, pas de résultats individuels. C'est l'optimum global qui devrait être systématiquement recherché. Or, les objectifs individuels poussent par essence à rechercher de multiples optimums locaux.

Enfin, l'ambiance d'équipe aura plus de motifs à se dégrader qu'à s'améliorer - non plus pour des questions de jalousie ("il a plus été augmenté que moi, alors que je travaille mieux que lui"), mais à cause des multiples frustrations engendrées par ce mode de management : "des causes externes m'ont empêché d'atteindre mes objectifs", "il aurait pu m'aider, mais cela l'aurait empêché d'atteindre ses objectifs, je comprends sa position même si je la déplore", "si je n'avais pas eu cet objectif individuel à atteindre, j'aurais pu aider mon collègue, j'enrage de ne pas l'avoir fait".

Résultat final : des frustrations à tous les étages, une crédibilité qui s'effondre pour la chaine hiérarchique, un renforcement des comportements néfastes au système... Belle avancée !

Alors, monsieur le Ministre, prouvez moi que j'ai tort !

H

mercredi 28 octobre 2015

Ils sont gentils !

Les connexions Internet, chacun sait ça, ça va ça vient. Quand ça va, on n'y pense pas, mais quand ça ne va plus, on a tendance à s'irriter rapidement. La connexion Internet est en passe de devenir le nouveau niveau de la pyramide de Maslow (je la mets entre les besoins physiologiques et le besoin de sécurité).

Ce soir, ça ne va pas. Et mon fournisseur d'accès, la maison Orange, a détecté un problème lié à la ligne de fils de cuivre qui me connectent au réseau. Et ils m'avertissent gentiment :

Lisez bien : ils me recommandent, pour avoir de plus amples informations, d'aller me renseigner sur leur site internet. En d'autres termes, ils me disent "votre connexion internet ne marche pas, si vous voulez en savoir plus, allez sur internet". Mais comment je fais ?

Ils sont gentils... mais pas très malins !

H

mardi 20 octobre 2015

Militantisme (et casse-pieds)

J'ai beaucoup de respect pour les militants. Des individus passionnés, qui croient en ce qu'ils font, qui portent leurs idées contre vents et marées. Même quand je condamne les idées en question.

J'accepte aussi que ces militants utilisent des méthodes s'apparentant au marketing pour diffuser les idées en question. Et donc, j'accepte également de voir ma boîte courriel remplie de ces prospectus plus ou moins bien écrits. Le plus souvent je les envoie directement à la poubelle. Mais hier, j'ai eu l’œil attiré par le titre du message : "Marie plutôt que Charlie". J'avoue même que j'ai lu "Mari(n)e", peut-être parce que la radio évoquait l’actualité judiciaire, au tribunal correctionnel de Lyon, qui voyait une Marine fameuse défendre ses idées à elle.

Ce message provient de la maison d'édition #Terramare (qui se trouve, mais c'est probablement un hasard, être dirigée par un certain Grégoire Boucher, lequel est aussi trésorier de Jeanne, un micro parti politique, et qui à ce titre a lui aussi une actualité judiciaire).

Ce message fait la promotion d'un livre racontant le parcours ayant mené deux adultes à l'adoption d'une petite fille. Adopter un enfant est une chose fort généreuse, et je témoigne de tout mon respect envers les parents adoptifs.

Ce qui m'a choqué, c'est l'accroche : "Face à l'insondable et pitoyable bêtise de Charlie qui utilise une rhétorique explicitement eugéniste, c'est à dire raciste, d'un racisme chromosomique, lisez plutôt Marie, tombée du nid !"

Ce verbiage agressif, hors sujet, imbécile (c'est à dire "peu capable de comprendre et d'agir judicieusement") est inutilement provocateur et exaspère le client potentiel. Si le livre est bon, pourquoi donc remuer des cendres ? Qu'est-ce que Cabu et Wolinski ont à voir avec un livre sur un parcours personnel ? Qu'a dit ou écrit Bernard Maris pour être traité de "raciste chromosomique", quoi que cette expression puisse signifier ?

J'ai écrit en ce sens à l'expéditeur. Qui m'a aussitôt renvoyé son message. Alors, je fais de la publicité : Monsieur, vous êtes un sot (personne sans jugement) puisque vos actions vont à l'encontre de vos intérêts, un cuistre (fier d'étaler un savoir mal assimilé) puisque vous déformez la pensée d'individus respectables, importun (qui fatigue par ses assiduités et une présence hors de propos) puisque vous revenez après avoir été prié de déguerpir. Si vous pensez assurer la promotion de vos auteurs avec ce genre de comportement, ils ont du souci à se faire.

Mais peut-être le service que vous leur devez passe après votre propre satisfaction ? Si tel est le cas, c'est une étrange vision de l'éthique.

H

dimanche 18 octobre 2015

On reparle du diesel

J'ai entendu récemment un commentateur, à la radio, dire "le diesel est nocif, c'est pour cela qu'il doit être supprimé" (je ne garantis pas le mot-à-mot, mais c'était l'idée).

La technologie Diesel génère en effet des imbrûlés, que l'on va retrouver sous forme de microparticules dans l'atmosphère. C'est un fait avéré. Et même si de nombreuses voitures sont aujourd'hui équipées de filtres à particules, leur efficacité ne sera jamais de 100,0%.

Ceci dit, l'essence sans plomb est nocive elle aussi. Lorsqu'on a retiré le plomb téhraéthyle du "super" et de "l'ordinaire" de ma jeunesse, on l'a remplacé par du benzène. Or, le benzène est toxique. C'est un cancérogène reconnu. Et c'est tellement vrai qu'il est interdit de proposer à la vente au public des produits qui en contiennent plus de 0,1%. Seule exception, mais de taille : les carburants automobiles, qui en contiennent jusqu'à 1%...

L'Union Française des Industries Pétrolières nous apprend que sur le seul mois de Septembre 2015, 4,33 millions de mètres cubes de carburants routiers ont été vendus en France, dont 80,1% de gazole. L'essence sans plomb représente donc 19,9% de ces 4,33 millions de mètres cubes. Soit 861 670 mètres cubes. A 1% de benzène, cela fait tout de même 8 617 mètres cubes de produit cancérogène. Les carburants routiers ne sont pas les seuls à générer du benzène, mais c'est tout de même une source non négligeable. Si on la multiplie par 5 en supprimant le gazole, que va-t-il se passer ?

Anecdote : un de mes clients doit remplacer un véhicule de fonction, et le conducteur a souhaité avoir un véhicule essence. "Impossible, je crois que c'est interdit, qu'on ne peut avoir, à titre professionnel, que des véhicules diesel" a répondu le patron. Erreur ! Il est possible d'acheter un véhicule essence. Mais dans ce cas, adieu à la récupération de la TVA. De manière surprenante, en France, la TVA n'est récupérable que sur le gazole, pas sur l'essence.

On rend les choses plus claires quand ?

H

mardi 6 octobre 2015

Le triomphe du Made in France (?)

Ce matin, au cours du journal de France Inter, le journaliste est enthousiaste. Il parle du Bougainville, le "navire amiral" de la flotte marchande française (ou au moins de l'armateur CMA-CGM), inauguré ce jour par le Président de la République. Et la presse écrite parle de la même chose, et la télévision, ce soir aussi. Chacun se félicite de la présence sur le quai du Havre de ce mastodonte de 398 mètres de long, transportant 17720 "équivalent - conteneurs de 20 pieds", ou EVP (en pratique, la majorité des conteneurs fait 40 pieds de long, mais cela permet de comparer les bateaux entre eux). J'ai même cru entendre "le triomphe du Made in France". France Info dit "le plus grand porte-conteneur du monde". Rien de moins.

Triomphe, peut-être. Mais Made in France, pour un bateau construit au chantier naval de Samsung, à Geodje en Corée du Sud, c'est peut-être un petit peu exagéré.

D'ailleurs, à bien y regarder, même 398 m de long, ce n'est pas totalement exceptionnel. Les CSCL Globe, CSCL Atlantik Ocean et CSCL Pacific Ocean mesurent 400 m de long... Le Mathilde Maersk mesure 399 m de long. Et même chez CMA-CGM, le Vasco de Gama est plus long (399 m). D'ailleurs, le CMA-CGM Georg Forster et le CMA-CGM Kerguelen font aussi 398 m.

Au niveau de la contenance, chez CSCL, on transporte 18980 EVP, L'UASC Barzan transporte 18800 EVP. Et chez CMA-CGM, le Vasco de Gama transporte 18000 EVP.

Donc, je m'interroge : pour quelle raison un tel emballement ? C'est un beau bateau. C'est un gros bateau. C'est un bateau moderne. Mais rien ne justifie qu'on oublie les bateaux plus longs et plus gros qui existent déjà.

Ou alors, serait-ce uniquement parce que, pour une fois, ce bateau battra pavillon français ? Dans ce cas, en effet, c'est le plus long, plus gros, plus moderne des porte-conteneurs.

battant pavillon français.

H

mercredi 23 septembre 2015

Lorem Ipsum

Connaissez-vous le "Lorem Ipsum", ou faux-texte ? Il s'agit de suite de mots en latin qui n'ont comme seule vocation que de remplir l'espace. C'est utilisé en imprimerie, par ceux qui font de la mise en page de journaux: il ne faut pas distraire le lecteur par du texte signifiant, il faut simplement montrer si les paragraphes seront harmonieux, si les mots seront coupés ou si de trop grands espaces vont les séparer. C'est aussi largement utilisé pour la création de sites internet, on créée automatiquement des pages qui ne sont pas totalement vides. Bref : tout sauf du sens.

Mais bien entendu, celui qui fait la mise en page ne fait qu'une partie du travail. Il s'occupe de la forme et laisse le fond à d'autres. En théorie, comme c'est le fond qui prime sur la forme (!), ceux qui doivent écrire le contenu ne devraient jamais - JA - MAIS ! - laisser subsister des paragraphes vides de sens. Alors, lorsque je tombe sur ceci:


je ne peux qu'être navré!


Madame la directrice, ou monsieur le directeur : pensez à l'image que vous donnez de vous !


H

lundi 21 septembre 2015

Les couts d'obtention de la qualité

Pour les pères fondateurs des principes du management de la qualité, et spécifiquement pour Philip CROSBY (l'auteur de Quality is Free), les couts de non-qualité, ou les couts d'obtention de la qualité (concept un peu plus large) sont un bon indicateur, sinon le meilleur, pour mesurer la maturité du système de management. Bien que peu d'études soient disponibles, il semble qu'une entreprise gérée "à l'ancienne" jette entre 20 et 30% de son chiffre d'affaires à la poubelle (rebuts, travail à refaire), dans les contrôles multiples du travail réalisé (y compris la vérification des feuilles de pointage horaire) et dans les mauvaises décisions prises un peu partout. Les très bonnes entreprises dépensent de 3 à 5% de leur CA.


Ce qui vient d'arriver à Volkswagen, menacée de 16, ou 18 milliards d'euros d'amende par le gouvernement étatsunien pour avoir installé un logiciel qui permettait de repérer les phases de test moteur, et de limiter les émissions polluantes est exemplaire en la matière. Le groupe fait environ 200 milliards d'euros de CA annuel. Même si l'amende ne se monte qu'à 10 milliards, cela représente 5% du CA. En une seule fois! Je ne parle pas des dégâts annexes (une capitalisation boursière qui s'effondre par exemple - le cours des actions, ça va ça vient, et d'autres vont profiter de la baisse pour acheter à bon compte, ou bien entendu des ventes qui risquent de chuter). Sans compter les éventuelles amendes dans d'autres pays.


Il y a donc eu un dirigeant au moins avec une éthique des affaires assez défaillante pour autoriser cet artifice. Et comme si ça ne suffisait pas, il a également pensé pouvoir cacher ça ad vitam æternam. Quel manque de lucidité! Une tricherie pareille ça finit toujours par remonter. Un seul salarié malheureux ou en colère, et c'est fini. Ce dirigeant (ou ces dirigeants) réunissait donc une éthique pitoyable et une incroyable naïveté.

Et ce sont ces personnes qui sont désignées comme les élites de nos sociétés. Pauvres de nous!


H

jeudi 17 septembre 2015

Simplifions le code du travail

Un chef d'entreprise me disait il y a quelques mois : "regardez le code du travail : il fait 3000 pages. 1 000 chômeurs par page [*], vous avez 3 millions de chômeurs."

Son approche est caricaturale, et je ne vais pas m'y attarder. Mais on entend depuis des mois ce refrain : il faut faire maigrir le code du travail. Et depuis quelques jours, le débat s'accélère : la refonte devient urgente. Pourtant, notre code du travail est assez récent. Il a fait l'objet d'une ré-écriture totale en 2008. Le fond n'a pas changé, c'est simplement la structure, les chapitres qui ont été ré-écrits. Comble de l'ironie (ou de la provocation ?), ce nouveau code a été publié ... le 1er mai 2008, jour du travail, le jour le plus férié-chômé qui soit.

L'épais code du travail qui nous est présenté à la télévision est l'édition qu'en fait un éditeur privé. Il comporte les articles, plus de nombreux commentaires et extraits de la jurisprudence. La police de caractère est petite, et le code lui-même représente probablement moins de la moitié du total (je n'ai pas vérifié). Si vous demandez à Legifrance de vous imprimer un fichier pdf du code du travail, vous obtiendrez un document de 2979 pages, en police Times New Roman corps 12, avec un espace de 30 points entre le n° de l'article et son contenu. Au format Dalloz (l'éditeur des livres à couverture rouge), on descendra sous les 1000 pages. Mais cela constitue tout de même, je le reconnais, un document imposant. Le simplifier doit être possible... Prenons ça comme un chantier d'amélioration continue !

Avant de commencer, le qualiticien que je suis doit se demander "Qui est le client ? Quelles sont ses exigences ?" La réponse est assez simple : la loi protégeant le faible, on peut faire l'hypothèse qu'elle protège le salarié, puisque le salarié est a priori en position de subordination vis à vis de son employeur (cette subordination est même une composante essentielle du contrat de travail). Les complications de la version actuelle du code proviennent donc probablement de négociations longues, ou de corrections de textes rendues nécessaires par l'utilisation de failles logiques par certains employeurs.

Pourquoi, par exemple, trouve-t-on dans le code du travail, les articles suivants ?:
  • Article R4412-20 L'employeur, pour toutes les activités comportant un risque d'exposition à des agents chimiques dangereux, prévoit des mesures d'hygiène appropriées afin que les travailleurs ne mangent pas, ne boivent pas et ne fument pas dans les zones de travail concernées.
  • Article R4412-21 L'accès aux locaux de travail où sont utilisés des agents chimiques dangereux est limité aux personnes dont la mission l'exige.
    Ces locaux font l'objet d'une signalisation appropriée rappelant notamment l'interdiction d'y pénétrer sans motif de service et l'existence d'un risque d'émissions dangereuses pour la santé, y compris accidentelles.
  • Article R4412-22 Lors de travaux susceptibles d'exposer à des gaz délétères dans des espaces confinés tels que les puits, conduites de gaz, canaux de fumée, fosses d'aisances, cuves ou appareils quelconques, les travailleurs sont attachés ou protégés par un autre dispositif de sécurité.

Ces articles sont totalement superflus. On peut les enlever sans réfléchir, les barrer d'un trait de plume. Et voilà une demi-page traitée. On poursuit avec quoi ?

On peut jeter ces 3 articles aux oubliettes parce qu'on est là en présence de telles banalités, de telles évidences, qu'il n'est pas besoin de les rappeler. Aucun employeur doté d'une éthique minimum ne peut imaginer soumettre sciemment son personnel à des risques mortels. Bien entendu, si un ouvrier descend dans une cheminée, il doit être attaché ! Personne ne ferait le contraire. Pourquoi rappeler cette évidence, quand l'Article L4121-1 prévoit déjà que "l'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs" ?

Redescendons sur terre ! Si le code du travail prévoit toutes les circonstances où un travailleur doit être protégé, c'est qu'il existe des employeurs qui n'ont pas un curseur suffisamment bien réglé pour identifier les situations à risque. Ou d'autres qui n'ont pas l'éthique suffisante pour cela.

Simplifier le code du travail ? Facile ! Que ceux qui fixent les conditions de travail fassent preuve d'éthique, et les règles pourront être minimales; le simple bon sens suffira à trancher les cas non prévus.


Je crains que ce ne soit pas pour demain !


H


[*] : 1 000 et pas 10 000 comme je l'ai publié d'abord. Cette personne était brutale dans son approche, mais moi je ne me suis pas relu. Merci à Erwann de l'avoir fait pour moi !

samedi 12 septembre 2015

Créativité débridée

J'ai reçu un courriel amusant.

L'objet, écrit en majuscules en est : VOTRE RESERVATION PRIVILEGE "VENTES PRIVEES". Ça sent la vente de chaussures, ou peut-être la foire aux vins. Mais en lisant le message, j'en suis resté sans voix. Cela donne : "Nous tenons à vous faire bénéficier d'une OFFRE EXCEPTIONNELLE limitée. [nom de la banque] organise une vente privée d'offre de crédit au TAUX ATTRACTIF DE 2.4% (avec ouverture de compte).

Une vente privée d'offre de crédit ! Que voilà une manière créative de mettre les choses à l'envers. Je dois commencer à me faire vieux, parce que j'en étais resté au quidam qui, ayant besoin d'argent, poussait la porte d'une agence bancaire pour tenter d'obtenir un prêt. Et le banquier regardait le quidam sous toutes les coutures, vérifiait que l'argent ne serait pas gaspillé (qu'il pourrait si besoin récupérer le bien pour se payer en cas de difficultés). Puis il accordait, ou pas, le prêt en question.

Mais là, chapeau. Je vais pouvoir acheter une offre de crédit. Sans justificatif. Je n'ai pas à justifier d'un besoin quelconque. Je suis intéressé ? Ils me prêtent de 5 à 15 000 €, sur 12 à 48 mois.

Que veulent-ils donc que j'en fasse de cette "offre de crédit" ? Que je la revende ? Mais non, la vérité est plus prosaïque que ça. Pour bénéficier de cette vente privée, une seule formalité : remplir un formulaire, dans lequel je vais leur expliquer qui je suis, comment s'appelle mon employeur, si j'ai un CCD ou un CDI, combien j'ai d'enfants, mes revenus, le montant de mon impôt, mes crédits, le montant des allocations familiales... Au total, 58 cases à remplir. Autant d'informations qui valent une fortune.

En empruntant 5000€ sur 12 mois à 2.4%, le montant des intérêts est de 65€. Et on pense que je vais PAYER 65 euros pour DONNER des informations ?

Ça me rappelle ma jeunesse !
Rien que pour cela, j'ai le sourire !

H.

mercredi 26 août 2015

Les économies d'échelle

Le 2 juillet 2015 (ce n'est pas vieux), les géants américains Kraft et Heinz onf fusionné et sont devenus KraftHeinz, la 5 ème plus grosse entreprise agroalimentaire du monde, et la 3ème aux USA (derrière devinez qui ? les géants du cola, bien entendu!) Le 12 août, ils annoncent 2500 suppressions de postes, aux USA et au Canada. Ils espèrent en retirer 1.5 milliards de $ d'ici 2017. Avec un montant pareil, la compétitivité ne peut qu'en ressortir en meilleur état.

Aujourd'hui, on apprend que le nouveau-né (une entreprise qui n'a pas deux mois d'âge reste un nouveau-né) rappelle 938 tonnes de jambon de dinde, qui se daube avant la date de consommation optimale ("best used before" chez les Étatsuniens). Ce sont les premiers malades qui se sont plaints... Il y a quelques mois déjà, en avril, Kraft avait rappelé 43 tonnes de saucisses au fromage étiquetés "sans produits laitiers"), ce qui lui avait coûté 380 000 $. Cette fois-ci, l'addition va approcher les 10 millions de dollars.

C'est comme cela que ça fonctionnent les économies d'échelle : on est plus gros, on en fait plus d'un seul coup, ça coute moins cher. Mais dans le même temps, on augmente le risque. Comme on en a fait plus d'un seul coup, si ce qu'on a fait est mauvais, alors on a fait plus de dégâts. Je n'aimerais pas être leur assureur...

Je n'aimerais pas non plus être celui qui n'a pas fait les analyses de risque. Ni celui qui a licencié les contrôleurs. Mais c'est une autre histoire.

H

mardi 18 août 2015

Compétitivité, croissance et qualité.

Il faut aider l'industrie française. Ce n'est pas une supplique, ce n'est pas une idée, c'est un fait. Si l'on veut que le PIB français augmente (la trop fameuse "croissance" sans laquelle aucun espoir n'est permis au plus grand nombre), il faut que l'industrie fonctionne. Jusque là, j'enfonce une prote ouverte.

Comme j'essaie de mettre en œuvre les idées que je défends, et comme j'avais besoin d'un réfrigérateur neuf, j'ai fait l'emplette en février 2012 d'un réfrigérateur-congélateur fabriqué par une marque française. Je ne suis pas certain qu'il ait été assemblé en France, mais au moins une partie du montant de mon achat est arrivé en France. Et comme on a vu, ces dernières années, des manifestations, des pneus brûlés devant des usines de ce groupe (il y en a une à moins de 10 km de chez moi), pour éviter les délocalisations, j'ai le sentiment de faire une bonne action, civique. J'ai aussi pris un modèle plus performant au niveau énergétique : tout pour être fier de son achat militant. Bon, à l'usage, le frigo est plus volumineux à l'extérieur, mais moins à l'intérieur. Ben oui, pour avoir de meilleures performances énergétiques, il est tout simplement mieux isolé, c'est à dire avec un isolant plus épais. Je m'en souviendrai.

En mai 2013, plus de froid dans le congélateur. la régulation ne se fait plus, ou se fait très mal. L'appareil est sous garantie, et un technicien intervient. Il a beaucoup de mal à diagnostiquer une panne et, au bout de 3 heures, change le module de régulation.

Comme la régulation ne se fait toujours pas, il revient le lendemain. Passe de nouveau plusieurs heures, remet l'ancienne carte électronique de régulation (et me laisse l'ancienne, puisqu'elle a déjà été sortie du stock et affectée à une intervention), puis change la sonde de température. C'était la bonne action, le frigo refonctionne.

Aujourd'hui (18 août 2015), la porte du frigo me reste entre les mains quand je l'ouvre. Je réussis à ne rien casser dans la cuisine (une bonne étoile veillait sur moi), et je regarde. Les charnières supérieure et inférieure de la porte sont cassées. C'est un alliage léger, genre zamac, et les deux axes sont cassés. Jamais je n'aurais pensé que ce genre de chose pouvait arriver. Il ne s'agit que de deux axes métalliques. Ils ne subissent en théorie que de petits efforts, jamais ils ne devraient casser ! Et bien si, ils cassent !

J'ai passé l'après-midi à chercher sur internet, à appeler des revendeurs, à rencontrer le SAV de l'enseigne qui m'a vendu le truc... Verdict : "nous ne pouvons pas obtenir les pièces demandées. Motif : épuisé définitivement chez le constructeur; il n'existe pas de pièce compatible."

J'ai même appelé la ligne SAV du constructeur. Après avoir tapé "étoile-ceci" et "étoile-cela", le répondeur m'a renvoyé sur un site internet qui ne vend ... aucune pièce détachée, mais des accessoires et des produits d'entretien. Pas mal pour un SAV !

Je résume :
  • le frigo a moins de 4 ans
  • une pièce non stratégique (a priori : pas une pièce d'usure classique) casse
  • sa petite sœur casse également
  • le fabricant est passé à autre chose
  • le client est tout seul face à son problème.

Pour l'instant, la porte du frigo est maintenue en place par du ruban adhésif de déménageur. Ce n'est pas une situation durable. Je vais devoir essayer de bricoler une réparation de fortune (au mastic époxy, probablement). Puis viendra le moment où je devrais me résoudre à faire l'emplette d'un autre réfrigérateur.

À votre avis, aurais-je l'inconscience de commander chez le même constructeur ? Si j'étais vous, je ne parierai pas là-dessus.

Désolé, cher constructeur français. Vous avez voulu économiser quelques centimes en sous-dimensionnant vos charnières. Mon équipement, que je pensais amortir, va partir au recyclage. Et vous avez perdu un client. Et vous en perdrez d'autres. Et vos dirigeants demanderont au bureau d’études de sous-dimensionner d'autres pièces, pour vendre des produits un peu plus mauvais encore, mais aussi un peu moins chers. Belle spirale de l'échec.

Pensez à vos clients, et pensez à vos employés, auxquels vous faites faire des choses dont ils ont honte. Peut-être n'est-il pas trop tard ?

H

lundi 10 août 2015

Incroyables Kiwis

Je viens de tomber sur l'information suivante : les Néo-Zélandais trouvent que leur drapeau ressemble trop à celui de l'Australie, et vont en changer. C'est une initiative du gouvernement.

Il reste pour l'instant 40 dessins, les citoyens vont voter.



Je trouve l'initiative excellente. Pourquoi serions-nous tenus par le passé, obligés de conserver les symboles que nos ancêtres ont choisis, dans des conditions différentes? Chiche de faire la même chose en France, avec notre hymne national ? La Marseillaise contient des paroles agressives, un appel au meurtre, en réponse à une peur permanente d'un agresseur générique. "L'étendard sanglant de la tyrannie est levé contre nous". Nous devons donc nous armer, former des bataillons et faire couler un sang (forcément) impur dans les sillons de nos champs...

Et on voudrait qu'en même temps, on assure la promotion du vivre ensemble. Vous trouvez ça crédible ?

Pour en revenir aux Néo-Zélandais, on ne sait pas ce qu'en pense la reine-mère...

H

vendredi 31 juillet 2015

Le sucre, les pro-sucre, les anti-sucre...

Ce 28 juillet 2015, un "débat de midi" sur France Inter, intitulé : "Faut-il brûler le sucre ?". L'objectif est connu dès le titre énoncé: il va s'agir de dénoncer la consommation excessive de sucres rapides, et de dire que les produits industriels en contiennent beaucoup trop.

Autour du micro, les intervenants habituels : un animateur (Thomas Chauvineau), une journaliste (Danièle Gerkens), auteure de "Zéro sucre", un médecin nutritionniste (Réginald Allouche), un psychiatre addictologue (Amine Benyamina), un troisième médecin (Alain Frey), chef du service médical de l'Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance - l'INSEP qui accueille tous nos champions olympiques.

On entend des choses finalement assez attendues, sucre = obésité, sucre = décès précoces, sucre = plaisir, bref tout ce qu'on entend habituellement sur le sujet. Il manque peut-être un rappel de base : le sucre n'est pas une entité monolithique, et pendant des centaines de milliers d'années, le sucre a représenté l'essentiel des apports énergétiques de l'humanité : les graines, les céréales, d'abord, mais aussi les tubercules, les racines (le manioc), les bananes ! Ce sont les sources d'amidon qui couvrent nos besoins en calories. L'amidon, c'est du glucose, en longues chaines (les biochimistes parlent d'amylose et d'amylopectine). Et le glucose, c'est la molécule dont ont besoin nos muscles (le cœur, entre autres) et notre cerveau. Il n'est pas imaginable de vivre sans sucres. C'est aussi simple que cela. D'ailleurs Danièle Gerkens explique que si elle a vécu un an sans sucre, elle a continué à manger du pain et du riz. Elle a donc vécu un an sans sucre en mangeant du sucre...

Comme c'est un peu compliqué, ce genre d'émission doit caricaturer. Ce dont ils parlent, c'est des sucres simples : glucose, fructose, saccharose (qui n'est pas un sucre simple d'ailleurs, puisqu'il est composé de glucose et de fructose). Notre organisme ne fait pas beaucoup de différence, et le saccharose est rapidement transformé en glucose et en fructose, puis le fructose est utilisé pour produire de l'énergie.

À un moment (12 h 46), une question d'auditeur est posée : l'utilisation de miel, de sucre de canne ou du sirop d'agave, qui ont des index glycémiques plus bas, est-elle une bonne chose? Et là, un des invités (je crois que c'est le Dr Allouche, mais je n'en suis pas certain) nous fait un discours qui m'a fait bondir. J'ai édité ce qu'il dit pour ne conserver que les éléments pertinents, mais je n'invente rien.

"Le sirop d'agave, c'est du fructose pur. Le fructose est métabolisé uniquement par le foie. Ça lui demande beaucoup de travail, il a beaucoup d'enzymes à activer et quand il fait ça, il ne peut pas s'occuper des graisses."

Cette vision anthropomorphique du foie, représenté comme un individu qui a une volonté propre, ses priorités, et son petit train-train n'est pas digne d'un docteur. De plus, on sait que l'organisme sait prendre en charge le fructose, puisqu'il y a autant de molécules de fructose que de molécules de glucose dans un morceau de sucre raffiné... Mes cours de biochimie remontent à quelques 30 ans, mais à l''époque, on nous enseignait que le fructose était transformé au niveau du foie, coupé en deux par la fructokinase, donnant du dihydroacétone et du glycéraldhéyde qui rejoignent aussitôt la voie de la glycolyse, comme le glucose, pour donner de l'ATP et de l'énergie. Cette glycolyse fait en effet intervenir un grand nombre d'enzymes, mais en pratique, il n'y a qu'une enzyme spécifique pour métaboliser le fructose, ensuite, plus de différence avec le glucose. Je crois savoir que ce que j'ai appris est toujours valide aujourd'hui. Le docteur devrait le savoir.

"Je vous rappelle d'ailleurs que quand on veut faire du bon foie gras dans le Périgord, qu'est-ce qu'on fait ? On gave les oies avec quoi? Avec du maïs. Et c'est quoi le maïs ? C'est du fructose pur."

Là, c'est pire ! Le maïs serait du fructose pur ? Mais il faut qu'il dépose un brevet, le docteur. Il va faire fortune ! Soit il n'y connait rien, soit il n'y connait pas grand chose, soit il ment effrontément, mais il faut rectifier. Le maîs, c'est une plante et une graine. Comme toutes les graines, le maïs passe par des stades de maturation, l'amidon s'accumulant vers la fin du cycle. Donc il y a des différences de composition entre un maïs doux et un maïs sec. Regardons un peu...

L'Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail publie des données intéressantes, en particulier les tables du CIQUAL, sur la composition des aliments. En cherchant un peu, on trouve deux produits: le maïs doux d'une part, et la polenta cuite d'autre part. Voici les données :
  • Mais doux en épi
    • Glucides (g/100g) : 16,4
    • Lipides (g/100g) : 1,5
    • Sucres (g/100g) : 4,77
    • Amidon (g/100g) : 7,17
    • Fibres (g/100g) : 3,56
  • Polenta cuite
    • Glucides (g/100g) : 13,2
    • Lipides (g/100g) : 0,31
    • Sucres (g/100g) : 0
    • Amidon (g/100g) : 10,8
    • Fibres (g/100g) : 0,29
Les oies sont nourries avec du maïs en grain concassé. Sa composition va être intermédiaire entre celle du maïs doux (qui contient une enveloppe, donc des fibres) et celle de la polenta, produit enrichi en eau à la cuisson, débarrassé de son enveloppe donc de ses fibres. Si l'on en croit la page de Wikipedia consacrée au maïs, 100 g de maïs contiennent 64.2 g de glucides, dont 61.5 g d'amidon, soit moins de 5% des glucides qui ne sont pas de l'amidon. Affirmer que le maïs est du fructose pur est ... une grosse connerie.

Mais pourquoi aucun des autres invités (3 médecins, une journaliste) n'a-t-il relevé ?

H

ISO 9001 Certified

L'annonce de l'exécution de Yakub Memon, pour sa participation (qu'il a toujours niée) aux attentats de Bombay du 12 mars 1993 (pour mémoire : 13 bombes, 257 morts, 700 blessés) s'est accompagnée d'images de la prison de Nagpur, au centre de l'Inde.


C'est la première fois que je vois une prison afficher sa certification. Nous allons oublier la version un peu ancienne (l'ISO 2001:2000 a été remplacée par l'ISO 9001:2008, et sera très prochainement remplacée par l'ISO 9001:2015), pour nous interroger sur la certification elle-même.

L'ISO 9001 définit les exigences pour un système de management de la qualité. Je ne connais pas le fonctionnement de l'Administration Pénitentiaire en Inde, pas plus que dans l'État du Maharashtra d'ailleurs. Mais j'imagine qu'il existe une administration centrale, qui laisse assez peu de liberté d'organisation, de recrutement, de financement... au directeur d'un établissement. Le système de management de la qualité de l'établissement peut-il alors être réellement piloté par le directeur ?

Ceci dit, j'applaudis sans réserve à la volonté de mettre de la qualité dans les services publics. Que ne généralise-t-on, cette approche !

Il n'empêche... comment organiser un audit ? Et comment mesurer la performance de processus (aussi peu utilisés soient-ils) tels que l'exécution par pendaison ? Comment positionner ce processus dans la "performance durable" ?

H

jeudi 23 juillet 2015

Je n'aime (toujours) pas les voleurs...

Mais je reconnais qu'envoyer un courriel aux sites abritant les marchés aux voleurs est efficace. L'image que je souhaitais voir supprimée l'a été en quelques heures.

Cela renforce ma conviction que le système est vicié...

H

mercredi 22 juillet 2015

Je n'aime pas les voleurs

Et si je suis la personne lésée, je les aime encore moins.

Internet est la meilleure et la pire des inventions du 20ème siècle. L'abondance de biens à disposition d'une part, l'anonymat d'autre part font que les tentations sont nombreuses. L'aisance avec laquelle, d'un simple clic de souris, on peut enregistrer facilite le passage à l'acte. Mais ce qui rend le système d'une immense perversité, c'est l'existence des "plate-formes", ces cours des miracles modernes où s'échangent des biens d'origine incontrôlée, et où les loueurs d'emplacement sont les seuls à gagner de l'argent.

Oh, bien sur, ils ont des juristes, qui écrivent de belles pages, bien denses, en anglais, pour exiger de leurs membres qu'ils ne fassent entrer que des choses qui leur appartiennent. Ensuite, ils ferment les yeux. Un de leurs "membres" contrevient aux règles ? How shocking ! Mais comment aurions-nous pu le savoir ? Oh là là, ce n'est pas bien, nous allons effacer ça. C'est à la victime de faire l'effort, et ceux qui ne s'en rendent pas compte (c'est du boulot, de surveiller l'Internet) sont les cocus magnifiques de l'histoire.

Un des pires (à mes yeux) est scribd.com. Les "membres" mettent en vente des choses qu'ils ont récupéré ici ou là - des normes ISO par exemple, ou des pdf réalisés avec une imprimante virtuelle, lorsqu'on visite un site internet - comme le mien, au hasard.

J'ai découvert aujourd'hui une autre variété : Pinterest. Un réseau social, nous dit-on. Si on veut. Mais moi, je ne veux pas. Une image extraite de mon site internet (une représentation d'indicateur en forme de feux tricolores) apparaît sous le titre "Coloriage Feus (sic) Tricolores Page 2" Oublions la monstruosité orthographique, oublions que l'image est en couleurs, et que ce n'est donc pas un coloriage, il faut cliquer dessus pour voir apparaître "credit:bazin-conseil.fr"

C'est un peu facile. bazin-conseil.fr est un site internet. Mais les droits de propriété intellectuelle sont à mon nom personnel. Le fait que je sois aussi le propriétaire du site n'a rien à voir. Les droits appartiennent à l'auteur, les lois internationales sont sans ambiguïté. Et je n'ai autorisé personne à recopier mes images, pas plus qu'à les "épingler". Je l'interdit même de manière claire.

Là où les choses passent à un niveau supérieur, c'est quand on lit la page "http://pinstake.com/dmca", qui traite du copyright infringement (de la contrefaçon). Non seulement c'est en anglais (comme si le monde entier devait parler la langue de son voleur pour se faire entendre) mais encore on exige de celui qui se plaint d'envoyer par courrier, à un "Agent Désigné" en Espagne (qui a une adresse courriel chez gmail.com, ce qui ne fait pas très professionnel) tout un tas de documents, faute de quoi ils ne feront rien. Et s'ils font quelque chose, c'est dans les 10 jours, et si celui qui avait épinglé l'image n'est pas d'accord, ils peuvent la remettre en ligne, à leur simple bon vouloir.

Allez faire un tour à la foire aux voleurs : http://pinstake.com. Vous y verrez des photos de presse par dizaine (et les droits du photographe ou de son agence ?), des copies de bandes dessinées (et l'auteur, et l'éditeur ?), des photos publicitaires, de films, d'acteurs... Bref, rien de réellement créatif.

J'ai envoyé un e-mail à l'Agent Désigné, un autre au site. On verra bien.

H

samedi 4 juillet 2015

Une communication efficace !

Comme vous tous - du moins je le suppose - je reçois des messages électroniques non sollicités, des "spams", des "pourriels". Je les détruis bien entendu, sauf quand l'envie me prend de les utiliser pour illustrer mes propos. Je me souviens d'un "certifiés-vous" assez désopilant...

Aujourd'hui, c'est du même tonneau. Une "infolettre" me promet de doper mon développement commercial avec une communication efficace. Cela pourrait m'intéresser si la personne qui m'interpelle communiquait elle-même de manière efficace. Je vous laisse juger :


Mes critiques ? Elles sont nombreuses :
  1. Sa police de caractère ne s'affiche pas convenablement dans mon client de messagerie. Je sais que c'est le résultat d'un conflit entre le jeu (c'est un réglage html, on ne parle pas de la police, mais de la manière dont elle va être reconnue) de caractère qu'elle a choisi et les réglages que j'ai sélectionnés dans mon client de messagerie. Si je faisais une modification, l'affichage serait parfait. Mais je n'ai pas invité cette dame, c'est elle qui s'impose; elle doit donc s'adapter à mon environnement, et pas l'inverse;
  2. La première phrase (je cite : "Inscription au salon des RIDY qui aura lieu le 8 octobre prochain à Auxerrexpo.") est bancale, je ne comprends pas si cette dame nous annonce qu'elle vient de s'inscrire, ou que les inscriptions sont ouvertes, ou qu'elle m'encourage à m'inscrire...
  3. Il m'a fallu faire un effort pour comprendre ce qu'était le salon des RIDY (les Rencontres Industrielles De l'Yonne, tout simplement). Comme je n'habite pas à Auxerre, ni dans l'Yonne, ni même en Bourgogne, ce sigle ne m'a pas parlé instantanément. Or, quand le lecteur ne comprend pas le titre, il y a de fortes chances qu'il décroche aussitôt;
  4. Je ne vois pas ce qu'on entend par la "qualification de fichiers". Même en lisant, je me dis qu'il s'agit de qualifier le contenu du fichier, pas le fichier lui-même...
  5. Le logo qu'elle a choisi (une feuille d'érable) et l'image (une forêt du Nord-Est américain à l'automne) renvoient immédiatement au Canada. Il y a une grosse incohérence entre le message envoyé ("je suis Canadienne", ou "j'aime bien le Canada", ou encore "je travaille avec le Canada") et la population ciblée (les industriels du Nord-Ouest de la Bourgogne);
  6. Un logo écrit en noir sur fond gris soutenu, ce n'est pas lisible. Or un logo devrait, à mon Sens être un vecteur de communication efficace et pour cela, il doit être vu;
  7. Un texte en noir sur un arrière-plan de lac sombre : ce n'est pas lisible non plus;
Bref, je ne pense pas que cette dame soit une grande professionnelle de la communication, et donc je vais la laisser à ses courriels.

Mais alors, pourquoi en faire un billet ? Si j'oublie l'irritation ressentie face à cette intrusion grossière ? Pour illustrer, une fois encore, les dégâts que peuvent faire l'incompétence et l'outrecuidance. Les entreprises françaises (et pas seulement elles) sont, nous dit-on, à la recherche de compétitivité. Mais comment la trouver si les acteurs ne sont pas professionnels, s'ils font "de leur mieux", quand le résultat est insuffisant ?

Pas réjouissant, avant les vacances !

H

jeudi 25 juin 2015

La fraîcheur des aliments

J'étais hier 24 juin 2015 en banlieue parisienne, et je suis entré dans un supermarché. Une affiche au rayon frais (yaourts, fromages) a retenu mon attention :


Que voilà une belle profession de foi! Le consommateur veut consommer des produits frais, le distributeur l'a compris et promet de le faire. Logique, pertinent - rien à redire.

Enfin... cela fonctionne si on ne confond pas les différentes notions engagées dans l'histoire. Le produit est réputé frais lorsqu'il a été fabriqué depuis peu, ce que l'on mesure en jours. Mais comme on ne connait le plus souvent pas la date de fabrication, on compte à rebours, en partant de la date de durabilité minimum (ou Date Limite d'Utilisation Optimale) ou de la Date Limite de Consommation, pour les produits les plus à risque (pour faire simple, les produits d'origine animale). On compte le nombre de jours qui nous séparent de cette date. Ici, le distributeur annonce qu'il va en rester "plusieurs".

Mais pour que le produit soit frais, il faut aussi qu'il ait été conservé à une température basse, dans un réfrigérateur (on parle de "respect de la chaîne du froid"). Si le produit a été stocké à température trop élevée, il aura "consommé" sa DLUO bien avant la date inscrite. Les quelques jours affichés sur l'emballage ne seront qu'un leurre, si l'on se place du point de vue sécurité du consommateur.

Le supermarché l'a bien compris, et les bacs réfrigérés sont suivis, leur température est contrôlée, comme le montre l'enregistrement rangé dans une pochette sur chacun d'entre eux :

Si l'on oublie les fautes d'orthographe, le support d'enregistrement est plutôt bien conçu : il y est rappelé la fréquence de contrôle (2 fois par jour), les limites critiques, le fait que les non-conformités doivent être signalées immédiatement, et une zone est même prévue pour noter l'action corrective éventuelle. C'est une situation bien meilleure que celle que j'avais rencontré à côté de chez moi en 2014.

La pratique est en revanche moins reluisante, et les écarts sont aussi nombreux qu'inadmissibles :
  • la "tolérance" fixée à 4±0.9°C n'est pas acceptable. L'ancienne réglementation prévoyait la conservation à 3°C. De nombreuses négociations plus tard, on a accepté que le "3-virgule-quelque-chose" devienne "<4°C". Il semble que cette tolérance ne suffise pas, et que ce point de vente (si ce n'est pas l'enseigne) vienne de s'offrir un degré Celsius supplémentaire. Je rappelle ici que les Guides de Bonnes Pratiques d'Hygiène exigent un maximum de 4°C, sans tolérance du tout.
  • La tolérance à 4-0.9°C; soit 3.1°C n'en n'est pas une. Il est normal d'avoir 3.1°C ! Dans le même ordre d'idées, la limite est à -18°C maxi, et non pas mini. -20°C est acceptable, bien qu'inférieur à -18°C!
  • Les contrôles ne sont pas faits 2 fois par jour, mais une seule.
  • Les contrôles ne sont même pas faits tous les jours. Bien entendu, il est possible que les bacs ne soient pas utilisés tous les jours. Mais ce qui est certain, c'est qu'à la date du 24 juin, aucun contrôle n'a été réalisé (et j'étais dans le magasin après 16 heures).
  • Certaines températures très élevées (6°C, 7°C, et même 10°C) n'ont, semble-t-il, donné lieu à aucune action corrective. Or, 3 non-conformités sur 7 contrôles, c'est plus de 40% de situations non-conformes.

Pour compléter le tableau, le bac à -18°C dans lequel étaient stockées les glaces affichait "-17°C" (mais comme je ne connais pas la justesse de cet afficheur, je ne peux rien dire). Les sorbets à la framboise que j'ai observés étaient liquides, on pouvait voir par transparence le contenu couler lorsque l'on inclinait l'emballage. Un liquide visqueux, certes, mais un liquide. Je doute fort de la réalité du -17°C dans le sorbet.

Moralité : il y a loin du vouloir au pouvoir!

H

mardi 23 juin 2015

le choeur des vierges (bis repetita)

Il y a 18 mois, j'écrivais un billet sur nos politiques qui découvraient que les USA espionnaient nos dirigeants.

Rien de neuf !

H

mardi 16 juin 2015

Sushis - que de soucis !

Dimanche soir (14 juin 2015), reportage sur France 5 sur l'industrie du Sushi. J'ai eu la chance d'en manger au Japon, en France aussi. Je regarde. Le reportage est bien amené, tout n'est pas totalement nouveau, on se doute un peu que pour diminuer les couts, l'industrie va probablement utiliser des moyens assez classiques, du genre mettre plus de riz et moins de poisson, ou utiliser des poissons moins chers, ou des morceaux moins nobles. Mais ça se regarde bien.

Après 30 minutes, nous assistons à l'inspection d'un restaurant. L'inspectrice de la DDPP fait des remarques sur le lavabo (cassé depuis 5 jours), sur la poubelle, ouverte, sur les joints du frigo, pas propres, sur les rideaux, pas nettoyés, sur l'utilisation de plaques de polystyrène récupérées sur des caissettes de transport. Elle est dans son rôle, il n'y a rien à dire. Certes, elle pourrait avoir une charlotte, ça ne nuirait pas. Mais bon. "Ici plus qu'ailleurs, l'hygiène doit être irréprochable, car le poisson cru est sensible aux parasites et aux bactéries" nous dit la voix off. En plan moyen, l'inspectrice, qui va poser un thermomètre dans un poisson. "Dans le saumon. Puisque là, ça va être servi cru ?" demande-t-elle. Et là, stupeur : elle a manipulé du matériel souillé, elle ne porte pas de gants, elle manipule un thermomètre dont je vais supposer qu'il était stérile et transporté dans des conditions irréprochables, mais qu'elle vient à l'évidence de contaminer. Et elle l'enfonce entre deux morceaux de poisson, avant de refermer la vitrine, le temps que la température soit prise.


Mais comment peut-on donc ne pas se prémunir contre ce genre de dérapage. La caméra ne la filmait pas à son insu ? Sommes-nous là en présence d'une inspectrice désinvolte, ou d'une inspectrice dont les réflexes sont émoussés ? Le propriétaire du restaurant n'était pas irréprochable, loin de là. Mais s'il avait réagi de manière véhémente, il aurait été dans son rôle.

Que recommander au directeur de son service ? Des formations plus régulières ?

H

jeudi 11 juin 2015

La nécessaire maîtrise des langues étrangères

J'étais ce jeudi dans une institution française, réputée et accueillant de nombreux visiteurs chaque jour. Il y avait notamment un certain nombre de Japonais dans les couloirs.

À l'entrée du restaurant, une affiche annonçait "One furnished flat". J'ai mis du temps à comprendre. Il s'agit d'un plat garni (flat = l'adjectif plat, et furnished : livré avec des trucs dedans) ! Mais pour un anglophone, je pense que la meilleure approximation sera "un appartement meublé". Et pour un non-anglophone et non-francophone (pour un Japonais par exemple), je n'en ai pas la moindre idée...

Ce qui me surprend, ce n'est pas que l'affiche ait pu être écrite ainsi. Après tout, il n'est pas exigé de chacun de maîtriser l'anglais. Ce qui me surprend plus, c'est que personne n'ait remarqué cette approximation incompréhensible, et/ou que personne n'ait pris la moindre action pour la corriger.

Et le respect dû au client et aux partenaires, on en fait quoi ?

HB

PS : sur les outils en accès libre sur Internet, "plat garni", ça se traduit comment ? J'ai testé :
  • Sur Reverso.net : main course
  • Sur Google translation : main dish
  • sur Linguee : garnished dish
  • Bing traducteur : dish garnished
  • Linguatec : dish garnished
  • Voilà traduction : furnished dish
  • Systranet : furnished dish
  • online-translator : flat bedsit (en sachant que bedsit signifie "chambre meublée", et que flat peut se traduire par "appartement")
Pas terrible !

lundi 8 juin 2015

Caramba ! Encore raté !

Le pauvre garçon ! (enfin, j'imagine : les statistiques me laissent penser que je prends moins de risque en attribuant à un homme la responsabilité de cet accident).

Pour les non-anglophones, je traduis. Sur le côté il est écrit "sur la route du succès, il n'y a pas de raccourci". En effet ! Et sur la porte arrière : "notre ressource la plus précieuse se trouve ("est assis") à 63 pieds d'ici" - soit la longueur de la remorque. Sur ce coup-là, pas sûr ! J'imagine qu'elle a dû se faire remonter les bretelles, la "ressource précieuse"!

Ce n'est pas la première fois que je me moque d'une personne sans défense, et qui sait faire des choses dont je suis absolument incapable (conduire un 40 tonnes, comprendre les titres des journaux américains, utiliser les pieds, les yards, les Farenheits). Ce n'est pas bien, je le sais, et donc je culpabilise, ce qui équilibre un peu. Et c'est peut-être même une responsabilité à partager avec le GPS du camion...

Mais je ne pouvais pas passer à côté de l'ironie de la situation (ce n'est pas le chauffeur qui a choisi d'écrire ces slogans sur le véhicule qu'il conduit !)

H

mardi 26 mai 2015

Empouvoirement

... ou empouvoirment (sans le "e"). Le mot m'épouvante. Je sais que c'est la traduction de l'anglais "empowerment", mais là, je bloque. C'est inélégant, laid, lourd (et un brin prétentieux.)

Le mot a fait son apparition dans les années 2000, pour traduire l'ensemble des actions qui permettent à un individu de prendre le pouvoir, dans la Société, dans son entreprise, dans son équipe. Il ne s'agit pas de coups de force ni de manipulation; mais de construire avec la personne les conditions de son évolution vers des niveaux de décision - de pouvoir - plus élevés que ceux qu'il ou elle fréquente.

Il est de la responsabilité des employeurs d'organiser cette évolution au sein des entreprises. Cela ne peut pas se faire sans que le responsable hiérarchique soit "dans la boucle". Et cela conduira nécessairement la personne "empouvoirée" (à barbarisme, barbarisme et demi !) à prendre une partie de l'autorité de ce supérieur. Sinon, à quoi bon la former ?

Alors, si en fait on ne faisait que parler de délégation bien comprise ? Pas la délégation-poubelle ("je n'ai ni envie ni le temps de faire ça, tu t'en occupes"), mais la véritable délégation, la transmission de l'autorité, de la responsabilité et des outils de pilotage qui vont avec. Et cela nécessite les compétences indispensables pour ne pas courir à l'échec.

Alors, un créatif pour trouver un mot moins hideux, ou on garde "délégation" ?

H

mercredi 20 mai 2015

knowledge management

Tout ministre de l'éducation (nationale ou pas, cela dépend des époques) qui se respecte doit laisser son nom à une réforme. C'est comme ça.

  • En 1975, la réforme HABY supprime la différence entre Collèges d'Enseignement Général et Collèges d'Enseignement Secondaire : il ne reste que des "collèges" (pour mémoire, le CES était celui qui garantissait la meilleure culture générale, le CEG étant plus "professionnel"). Ce collège "unique" ne fonctionne pas très bien, puisque tous les élèves ne sont pas destinés à suivre, après 16 ans, le même genre de parcours.
  • En 1982, c'est la réforme SAVARY, qui doit lutter contre l'échec scolaire, au travers notamment du travail des professeur en véritables équipes pédagogiques. Mais seuls les établissements volontaires s'y engagent... "L'école libre" est vent debout contre la réforme, la manifestation du 24 juin 2014 rassemble au moins 850 000 personnes (chiffres de la Préfecture de Police). La réforme est supprimée, le ministre démissionne (le 1er ministre d'alors aussi.)
  • 1984, c'est Jean-Pierre CHEVÈNEMENT qui, tout en insistant sur l'apprentissage des fondamentaux (la lecture !), redonne un peu de lustre à l'enseignement technique.
  • 1986, son successeur René MONORY modifie le recrutement des professeurs d'enseignement général de collège (PEGC), issus des CEG - disparus 11 ans plus tôt
  • 1989, la loi JOSPIN bouleverse en profondeur le système, chaque école, collège, lycée devant élaborer (et mettre en oeuvre) un "projet d'établissement", qui adapte au contexte local les objectifs nationaux (c'est le premier pas vers un système de management de la qualité !). C'est aussi la création des IUFM.
  • 1993, la Loi BAYROU vise à apporter de la justice, en cassant l'uniformité du collège ("le problème, ce n'est pas que le collège soit unique, c'est qu'il soit uniforme, donc injuste."). Les parcours des élèves sont individualisés, les élèves en difficulté seront aidés, les classes seront dédoublées, et les élèves qui le souhaitent pourront commencer l'initiation au latin dès la cinquième.
  • Je vais faire l'impasse sur les réformes ALLÈGRE, ROYAL, LANG, FERRY, FILLON, DARCOS, CHATEL, PEILLON... Chacune d'entre elle est supposée mettre un terme aux difficultés observées, à l'absence de résultats, à la dégringolade des résultats de la France dans les enquêtes internationales.
À chaque fois, tout le monde râle : enseignants, élèves, parents, opposition politique. Les grèves sont fréquentes, les manifestations aussi. Les journalistes nous expliquent doctement les pourquoi et les comment de chaque réforme. Puis on oublie, on accepte, et on attend la prochaine fois.

Les commentateurs ont d'ailleurs le jeu facile lorsque les concepteurs des programmes utilisent - probablement avec quelque raison - une novlangue jargonnante (le ballon qui devient "référentiel bondissant") qui, une fois diffusée largement devient imbécile, ridicule, prétentieuse. Reprise, déformée, elle alimentera le discours des opposants. A tort ou à raison. [Lorsque je donne un cours sur la métrologie, j'interdis d'utiliser le mot "précision", puisqu'il n'est pas défini dans le Vocabulaire International de la Métrologie. Je sais pourtant ce que le terme signifie, et je n'aimerais pas qu'on me caricature en censeur psycho-rigide interdisant au plus grand nombre d'utiliser des mots simples et connus !]

Mais jamais personne ne prend le temps (ou n'a l'idée ?) de nous expliquer comment font les autres pays francophones. Quand y commence-t-on l’apprentissage du grec, du latin, des langues vivantes ? Quelle est l'autonomie des chefs d'établissement ? Les apprentissages se font-ils de manière disciplinaire, ou pluri-disciplinaire ? Leurs résultats sont-ils meilleurs que les nôtres ? Si oui, a-t-on étudié leurs méthodes ? Que pourrions-nous en retirer ? Quand-est-ce qu'on s'y met ?

Je suis certain que ces analyses, ces comparaisons sont faites, que les cabinets ministériels en connaissent les conclusions.

Alors, pourquoi cela n'intéresse personne ? Serions nous plus versés dans la querelle que dans la recherche de solutions ?

H

mardi 14 avril 2015

HACCP

Ainsi donc, c'était hier (13 avril 2015) la finale de "Top Chef 2015". J'adresse toutes mes félicitations à Xavier, le talentueux - et jeune - et talentueux (!) alsacien qui a gagné, malgré un gibier jugé trop cuit par les chefs (en ce qui me concerne, j'apprécie la viande bien cuite). J'adresse par la même occasion au talentueux - et à peine moins jeune - et talentueux Kevin, toute ma sympathie. Échouer à presque rien, mais c'est le jeu, ce sont les bénévoles qui ont voté. Tout ça tout ça. Ah oui, j'oubliais Olivier et ses yeux au khôl : total respect aussi, félicitations et bravo.

C'est sympathique, toutes des émissions de cuisine. On aimerait bien sentir les odeurs, goûter aussi, et puis surtout comprendre les tours de main. Mais ce serait trop compliqué, et le téléspectateur n'a droit qu'au minimum. Je le regrette, mais comme l'émission se regarde, ça ne doit pas être si grave. Et puis, c'est une bonne chose que la télévision fasse la publicité aux légumes, au poisson et surtout pas à ces "émulsions", ces mousses baveuses que je ne trouve pas appétissantes (je les trouve même plutôt répugnantes - mais ce n'est que mon opinion). Non, pour une fois que la télévision joue les gagnants et pas l'élimination par les pairs (quelle horreur, l'idée d'être éliminé parce que les autres vous trouvent dangereux pour l'étape suivante), pour une fois que l'on peut découvrir de réels talents, j'applaudis des deux mains.

Et bien entendu, au-delà de l'anecdotique, je ne peux que me féliciter de voir de grands professionnels dispenser leurs savoirs cumulés aux béotiens que nous sommes. Ils sont là pour rappeler l'importance de l'assaisonnement, les risques encourus lorsque l'on cuit la viande sur l'os, ou l'importance de retourner le poisson avant d'ôter la peau. Des professionnels montrant leur trucs de professionnels. Rien à dire.

Quoi que...

J'ai cru voir Kevin touiller énergiquement sa mousse avec l'index, pour faire un puits dans lequel déposer son cube de glace au pop-corn. Je ne suis pas certain, mais j'ai bien l'impression qu'il y a eu du montage d'images. À 1:30:13 dans le "replay" de M6, Kevin nous montre. Il a une poche à douille, il est mains nues. Il prépare un geste et à 1:30:15, on voit, en gros plan, une main gantée qui fait le puits, qui rajoute les autres ingrédients, et à 1:30:30, Kevin est de nouveau en plan plus large, et il n'a pas de gants. Le premier dessert qu'il a dressé , il l'a fait en mettant des doigts dans la nourriture. Pas très râgoutant, mais comme la production s'en est aperçue, on a bricolé pour que ça ne se voit pas trop.

Mais c'est Vanessa, qui nous explique (0:58:57) qu'elle a dû souffler, souffler sur 100 tuiles au chocolat pour les faire durcir, et qu'elle aient une belle forme ondulée "je n'en pouvais plus de souffler, je me disais 'je vais tomber dans les pommes', c'était juste horrible" Et ça fait de belles images, cette jeune femme sympathique qui se mime, soufflant sur ses tuiles, à quelques millimètres de ses lèvres. Mais là, étrangement, personne ne trouve rien à redire.



Hygiène, vous avez dit hygiène ? Mais qu'est-ce que vous entendez par là ?

J'ai parcouru le Guide de bonnes pratiques hygiéniques "Restaurateurs", je n'ai rien trouvé sur cette pratique. Mais je n'ai peut-être pas tout vu.

H

samedi 11 avril 2015

Respect

Je suis consultant, et je donne des cours. Parmi les choses que je n'aime pas faire, c'est corriger des copies. Mais je les corrige tout de même. Et je fais un effort pour expliquer la note que j'attribue.

Le scan ci-dessous provient d'une copie corrigée en avril 2015 par un professeur de l'université de Lyon 3. Non seulement la note est de 3/5 (pas facile à lire !), non seulement il n'y a pas une seule indication que la copie a été lue (pas un mot, une marque en marge), mais les commentaires sont ... comment dire ... illisibles ? indéchiffrables ? incompréhensibles ?



C'est en revanche et à coup sûr un manque de respect absolu. Comment peut-on demander à des étudiants de faire des efforts lorsqu'on est soi-même aussi méprisant envers son propre travail ?

Cela restera un mystère.

H

PS : notre meilleure approximation : "Les ... globalement bien restituées. Revoir la problématique" Toute contribution sera accueillie avec gratitude.

jeudi 26 mars 2015

Un virus, oui ! Mais intelligent?

Étrange publicité entendue à la radio hier. Le virus du SIDA, le HIV serait ... intelligent ? Et pour lutter contre cette "intelligence", la solution passe par la recherche. D'où la conclusion : "aidez la recherche !".

Je veux bien aider la recherche, mais je n'aime pas qu'on me raconte des sottises. Surtout pas venant de personnes présentées comme plus intelligentes. Donc, cette campagne de publicité, en ce qui me concerne, est contre-productive. Je ne sais pas combien l'agence de publicité a été rémunérée, mais l'argent aurait été mieux utilisé dans un laboratoire.

Quant à moi, j'aide la recherche au moyen de l'application de calcul partagé World Community Grid. Rejoignez-nous !

H

mercredi 18 mars 2015

Bon appétit !

Les halls de gare voient fleurir les distributeurs de friandises et de boisson, et aussi les vendeur de sandwiches. Certains sont même bien installés avec un comptoir, quelques sièges, une table étroite. Sur cette table, nous posons nos sandwiches, nos muffins, nous mangeons... Et si quelques miettes tombent, nous n'hésitons pas à les récupérer et les avaler (à plus de 5 euros les 150 grammes de pain-beurre-saucisson, nous sommes presque dans le produit de luxe, au-delà de 30 €/kg).

Lui non plus n'hésitera pas !

Bon appétit !

H

mardi 17 mars 2015

Op-ti-mistes !

Les français sont optimistes !

À tout le moins, j'en ai rencontré un ce matin. Je vous raconte :

Le TGV de 5 h 51 approche de Paris (il est donc déjà 8 h 10, ou peu s'en faut). Comme beaucoup de voyageurs qui n'ont pas beaucoup de temps pour être à l'heure à leur rendez-vous parisien, je vais tenter de grappiller quelques minutes, et attraper le métro d'avant. Je suis donc au bout du wagon, prêt à sortir, avec 4 ou 5 autres personnes. Dont un jeune homme, je lui donne une trentaine d'années, cheveu coupé court, petite barbe bien taillée, "propre sur lui". Il est au téléphone et se soucie fort peu d'être entendu. Il s'exprime à voix forte. "oui, le devis ? Et bien 110, dont 56 à distribuer au black ... oui, il faut qu'on en parle ... Oui, demain à 10 heures, avec des croissants et un café. Ton chantier est où ? Rue xxx [tout le monde a entendu] Et bien d'accord. Demain 10 heures... Oui, tout à fait, c'est de gens comme toi dont j'ai besoin, tu fais bien ton travail, moi je suis dans le respect, ... oui, à demain, 10 heures". Je ne prétends pas citer avec exactitude, mais le sens est là.

Ce jeune homme est dans l'erreur, car il ne respecte pas tout. Pas la tranquillité des autres voyageurs, pour commencer. Pas la réglementation non plus, pour continuer. Et pas son propre futur non plus, les impôts et cotisations qui ne rentrent pas ne pourront jamais aider son secteur d'activité, ni sa famille, ni ses amis. Il a tout faux, du début à la fin.

Mais en revanche, il fait preuve d'un optimisme, d'une confiance dans sa bonne étoile, absolument époustouflants. Se préoccupe-t-il le moins du monde de l'image qu'il donne, ou qu'il pourrait donner ? Non. Imagine-t-il que parmi les passagers pourrait se trouver au choix, un fonctionnaire de police, un fonctionnaire des impôts, un inspecteur du travail ? Visiblement non. Craint-il un dénonciateur, un citoyen outré par ce qu'il entend ? Pas plus. Et pourtant, plus de 50% du devis en liquide, ça fait beaucoup. Et je n'imagine pas que ce soit un devis à 110 euros. 110 000 € semble plus probable. Et donc 56 000 € en liquide, ça commence à représenter une somme conséquente.

Je ne vais pas dénoncer ce citoyen, ce n'est pas ainsi que je vois la marche des choses (bien que "non-dénonciation de malfaiteur..." pourrait s'appliquer à mon cas. Mais je suis choqué par ce que j'ai entendu, autant que par le naturel avec lequel les propos ont été tenus.

La République est malade, cela me désole.

H

jeudi 12 mars 2015

François Dupuy

Je viens de lire deux livres de François Dupuy. J'ai commencé par le deuxième, puis j'ai lu le premier. Ce n'est pas orthodoxe, mais c'est très bien !



François Dupuy est sociologue, il analyse les organisations et les réactions des individus à l'intérieur de systèmes que sont les entreprises. Je ne sais pas ce qu'il connait des principes du management de la qualité, je ne suis pas en accord avec tout ce qu'il écrit sur les processus ou les procédures. Je pense qu'il n'en connait que les pires aspects, que les exemples mal mis en place. Mais ce qu'il écrit des procédures et pourquoi elles sont écrites, ce qu'il écrit du mal-être des managers de proximité, pilotes sans réelle autorité pour piloter, m'ouvre des horizons extrêmement prometteurs.

Lisez François Dupuy, celui qui me fait redécouvrir mon métier !

H

jeudi 12 février 2015

Résistance au changement

J'ai été consulté par une étudiante en Mastère sur la thématique des projets de certification qualité des entreprises. Je connais un peu la question, j'ai donc accepté de lire son questionnaire de 3 pages 1/2.

J'ai été très surpris de constater qu'il traitait essentiellement de la "résistance au changement", de l'opportunité de faire, en préalable au projet lui-même, une "étude des comportements" et de l'intérêt d'internaliser les compétences en "accompagnement du changement". À la réflexion, je pense que le sujet est important, et je vais le commenter un peu.

Je crois en effet que la fameuse "résistance au changement" est quelque chose de naturelle et de salutaire. Tout ceux qui identifient dans le changement à venir une dégradation de leurs conditions de travail ou de vie ont raison de combattre le changement en question. De même ceux qui n'arrivent pas à décoder ce qu'on leur présente, et pour lesquels le futur n'est pas clair ont absolument raison de s'accrocher à ce qu'ils connaissent. Si le changement est à l'évidence bénéfique, il passera comme une lettre à la poste. Essayez de proposer à tout votre personnel de leur offrir une C6 de fonction, avec assurance payée et une carte de carburant. Je doute que, même chez les écologistes militants, vous trouverez beaucoup d'opposants! La résistance est donc une réaction normale de personnes intelligentes.

Il me semble qu'on invoque souvent cette "résistance" comme alibi pour expliquer l'échec d'un projet : "ils" ont "encore" résisté ! Mais c'est un alibi de très mauvaise qualité. En réalité, c'est la direction qui n'a pas su montrer les retombées positives aux bénéficiaires du projet. Et parfois, cela aurait été impossible, tant les changements sont objectivement négatifs. Supprimez la voiture de fonction à 50% de ceux qui en ont une, en utilisant une clé de répartition inéquitable (seuls les hommes conservent leur véhicule, ou seuls les plus de 50 ans, ou seuls les membres de la Division Commerciale), vous savez que cela ne passera pas auprès des "victimes". Si vous voulez un projet qui ne génère pas de résistance, choisissez un projet qui améliore la situation de tous (sauf peut-être celle des actionnaires).

Par ailleurs, on illustre très souvent cette résistance au changement avec la "courbe du deuil". Cette représentation est due à Elisabeth Kübler-Ross, une psychiatre du milieu du XXème siècle, qui a modélisé la réaction d'individus face à un deuil au sens propre. Une première phase de sidération, de refus est suivie par des phases de résignation et d'acceptation. C'est le principe de réalité qui est à l’œuvre. Le proche est décédé, il ne reviendra plus, et "la vie continue". Mais dans l'entreprise, la situation est différente. Non seulement on identifie un responsable, mais encore on peut vivre dans l'espoir de le faire revenir en arrière...

Quoi qu'il en soit, il m'est difficile d'imaginer que l'on puisse demander à des individus intelligents de se résigner à une dégradation de leurs conditions de travail, et encore plus que l'on puisse faire appel à des techniques manipulatoires pour leur faire oublier le passé heureux.

Si c'est ça, le management moderne, nos entreprises n'ont pas fini de stagner !

H.

dimanche 4 janvier 2015

Bonne année 2015

Bonne année !

Je vous ai déjà entretenus du site Qualitionnaire, création de mon ami Constant Depièreux.

Comme étrennes, le site a été "hacké". Ou peut-être "cracké" (parce qu'il paraît que les hackers sont des gens qui sont dans le positif, le constructif, le don aux autres). Celui-là n'a pour ambition que de saccager, il jouit de son seul pouvoir de nuisance, utilisant à l'aveuglette des outils qu'il n'a probablement pas créés, et se pensant invincible, dissimulé parmi les programmeurs traquant des secrets d'État. C'est un peu comme les graffeurs de rue et les tagueurs : pour un réel artiste, combien d'imbéciles égocentrés recopiant à l'infini leur laide signature ?

Mais bref, le site est sur les genoux. 8 ans de dons désintéressés et quotidiens (de la part de Constant, bien plus que de mon fait), 60 000 pages (ce n'est pas rien) menacés par un misérable crétin... Bonne année, vous dis-je.

Au nom de la liberté d'expression, peut-on tout accepter ? Au nom du refus de la propriété, doit-on laisser tout détruire ? Quand plus personne n'aura rien, l'égalité sera-t-elle encore un rêve ?

H