jeudi 28 décembre 2017

Le bonheur au travail

Dans l'introduction de l'excellent reportage passé sur Arte en février 2015 et intitulé "Le bonheur au travail", Isaac Getz expliquait qu'en France et en Allemagne, seuls 10 % environ des salariés étaient engagés au travail, 60 % étaient désengagés et 30 % activement désengagés. C'est ce qui ressortait d'une étude menée par Gallup en Europe et en 2014.

La même étude, sur l'engagement des travailleurs, mais aux États-Unis cette fois, donne pour 2017 des chiffres nettement différents : 33 % d'engagés, 51 % de désengagés et 16 % seulement d'activement désengagés.

Amis dirigeants : lisez cette étude, et inspirez-vous des principes de management que l'on trouve, par exemple dans le modèle du Malcolm Baldrige National Quality Award. Il en va de la compétitivité de vos (de nos) entreprises.

H

mercredi 27 décembre 2017

La salmonelle et le juge

Ainsi, la justice a ouvert une enquête préliminaire sur la contamination des laits en poudre Lactalis. On savait déjà que tous les lots produits depuis février avaient été rappelés - ce qui représente des milliers de tonnes, dont une partie non négligeable doit avoir été consommée. On apprend aujourd'hui que l'enquête porte sur « blessures involontaires », « mise en danger de la vie d'autrui », « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine » et « inexécution d'une procédure de retrait ou de rappel d'un produit » préjudiciable à la santé.

À la télévision, le journaliste parlait de "scandale". On lit ici ou là que des parents recherchent des manquements, veulent savoir comment la salmonelle a pu entrer dans l'usine...

Je crains que les choses ne soient plus simples. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, Salmonella est une bactérie commune. Elle est probablement entrée dans l'usine avec le lait, tout simplement.

Ensuite, les tours d'atomisation ne sont pas prévues pour être stérilisées. Je ne connais pas les installations de cette usine, mais j'ai vu quelques-unes de ces machines. Et si l'on peut nettoyer assez facilement la tour elle-même, c'est beaucoup moins vrai pour le cyclone qui récupère les fines. Il va falloir démonter, voire découper de l'inox ! Bien sûr, l'industrie pharmaceutique utilise des installations de tailles nettement plus réduites, que l'on peut stériliser. Mais je pense que c'est exceptionnel dans l'industrie agro-alimentaire. Et un lait maternisé n'est pas une substance active pharmaceutique.

Alors, bien entendu, les lots produits sont contrôlés. On réalise des prélèvements, que l'on analyse. Et l'on prend des décisions pour les lots à partir des résultats obtenus sur des échantillons. En oubliant ce que signifie le risque associé à la statistique. "Absence de salmonelle dans 10 grammes", ou "dans 125 grammes", ou même "dans 750 grammes" ne signifie pas "absence de salmonelle dans un millier de tonnes". Les seuls coupables sont ceux qui prétendent oublier cela. Les autorités comptent pour l'instant 35 victimes, en 6 mois. Même si le chiffre est très sous-estimé, disons d'un facteur 100, cela ne fait "que" 3500 infections à Salmonella. Si la production considérée est seulement de 3500 tonnes (ce qui ne fait que 810 kg / h dans un site qui tournerait en 5x8, nuit et jour. On est loin des norias de camions décrites par les journalistes) , et si les emballages contiennent 1 kg de lait, on est sur une contamination de 3 500 emballages / 3 500 000. Un emballage contaminé pour mille, peut-être avec une seule bactérie. Un niveau très difficile à détecter. Pour maîtriser le risque, il faut alors passer à d'autre méthodes, comme par exemple la stérilisation de la poudre à la lumière pulsée. Mais ça coûte cher.

Par ailleurs, et toujours selon l'Organisation Mondiale de la Santé, pour éviter la salmonellose il faut " Éviter le lait cru et les produits à base de lait cru. Ne boire que du lait pasteurisé ou bouilli. Faites bouillir le lait. Même (surtout !) celui de vos nourrissons. Et s'il y avait des salmonelles, elles disparaîtront. Et les enfants ne seront pas malades. Et il n'y aura pas de coupables à rechercher.

Bref : les conseils de grand-mère restent valables. C'est rassurant.

H