mercredi 22 juillet 2015

Je n'aime pas les voleurs

Et si je suis la personne lésée, je les aime encore moins.

Internet est la meilleure et la pire des inventions du 20ème siècle. L'abondance de biens à disposition d'une part, l'anonymat d'autre part font que les tentations sont nombreuses. L'aisance avec laquelle, d'un simple clic de souris, on peut enregistrer facilite le passage à l'acte. Mais ce qui rend le système d'une immense perversité, c'est l'existence des "plate-formes", ces cours des miracles modernes où s'échangent des biens d'origine incontrôlée, et où les loueurs d'emplacement sont les seuls à gagner de l'argent.

Oh, bien sur, ils ont des juristes, qui écrivent de belles pages, bien denses, en anglais, pour exiger de leurs membres qu'ils ne fassent entrer que des choses qui leur appartiennent. Ensuite, ils ferment les yeux. Un de leurs "membres" contrevient aux règles ? How shocking ! Mais comment aurions-nous pu le savoir ? Oh là là, ce n'est pas bien, nous allons effacer ça. C'est à la victime de faire l'effort, et ceux qui ne s'en rendent pas compte (c'est du boulot, de surveiller l'Internet) sont les cocus magnifiques de l'histoire.

Un des pires (à mes yeux) est scribd.com. Les "membres" mettent en vente des choses qu'ils ont récupéré ici ou là - des normes ISO par exemple, ou des pdf réalisés avec une imprimante virtuelle, lorsqu'on visite un site internet - comme le mien, au hasard.

J'ai découvert aujourd'hui une autre variété : Pinterest. Un réseau social, nous dit-on. Si on veut. Mais moi, je ne veux pas. Une image extraite de mon site internet (une représentation d'indicateur en forme de feux tricolores) apparaît sous le titre "Coloriage Feus (sic) Tricolores Page 2" Oublions la monstruosité orthographique, oublions que l'image est en couleurs, et que ce n'est donc pas un coloriage, il faut cliquer dessus pour voir apparaître "credit:bazin-conseil.fr"

C'est un peu facile. bazin-conseil.fr est un site internet. Mais les droits de propriété intellectuelle sont à mon nom personnel. Le fait que je sois aussi le propriétaire du site n'a rien à voir. Les droits appartiennent à l'auteur, les lois internationales sont sans ambiguïté. Et je n'ai autorisé personne à recopier mes images, pas plus qu'à les "épingler". Je l'interdit même de manière claire.

Là où les choses passent à un niveau supérieur, c'est quand on lit la page "http://pinstake.com/dmca", qui traite du copyright infringement (de la contrefaçon). Non seulement c'est en anglais (comme si le monde entier devait parler la langue de son voleur pour se faire entendre) mais encore on exige de celui qui se plaint d'envoyer par courrier, à un "Agent Désigné" en Espagne (qui a une adresse courriel chez gmail.com, ce qui ne fait pas très professionnel) tout un tas de documents, faute de quoi ils ne feront rien. Et s'ils font quelque chose, c'est dans les 10 jours, et si celui qui avait épinglé l'image n'est pas d'accord, ils peuvent la remettre en ligne, à leur simple bon vouloir.

Allez faire un tour à la foire aux voleurs : http://pinstake.com. Vous y verrez des photos de presse par dizaine (et les droits du photographe ou de son agence ?), des copies de bandes dessinées (et l'auteur, et l'éditeur ?), des photos publicitaires, de films, d'acteurs... Bref, rien de réellement créatif.

J'ai envoyé un e-mail à l'Agent Désigné, un autre au site. On verra bien.

H

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire