mercredi 25 octobre 2017

La chanteuse et la journaliste

J'ai entendu hier, sur France Inter, une interview de Line Renaud. L'actrice-chanteuse descendait parait-il d'un avion la ramenant en direct de Las Vegas. J'ai compris qu'elle avait assisté à l'inauguration d'une rue qui porte son nom. J'ai dû mal comprendre (et pourtant, j'ai bien ré-écouté le passage), puisque cette Line Renaud Road a en fait été inaugurée il y a un mois, le 29 septembre 2017. Léa Salamé, qui l'interviewait, fait remarquer qu'elle est la seule française à avoir une rue à Las Vegas. "En Amérique !" corrige l'artiste. "Oui, dans toute l'Amérique, vous êtes la seule française." reprend la journaliste. Écoutez le replay, c'est à 2 minutes 40.

Moi, personnellement, ça me surprend beaucoup. Tout d'abord, on va faire l'hypothèse que "l'Amérique", ce sont les seuls États-Unis. Parce qu'au Canada, des noms de français et de françaises, on doit pouvoir en trouver dans bon nombre de villes au Québec, et même dans l'Ontario. Mais tout de même : whaoo ! Dans tous les États-Unis, pas une seule petite Française qui aurait une impasse à son nom ? Voyons voir.

Bon, des hommes français qui ont leur nom, il y en a. À commencer par Lafayette street à La Nouvelle-Orléans. Mais des françaises ? Et bien, il y en a aussi. Par exemple on trouve une Curie Road à Cornwall on Hudson, dans le Conté d'Orange, État de New-York. Et une Curie Avenue à Wellington, New Jersey, et une autre à Warren dans le Missouri, et une autre encore à Santa-Ana en Californie. Mais il n'y a pas de prénom. Peut-être ces voies sont-elles toutes dédiées à Pierre Curie ? Et puis, Marie Curie était née polonaise... Alors cherchons encore...

J'ai trouvé : Pompadour Drive, à Ashland dans l'Oregon : ça le fait comme personnalité française ?

Ou même, tiens, Joan of Arc street, à Henderson dans le Nevada. Dans le Nevada ? L'État dont la capitale est Las Vegas ? Oui, là-même. En fait, Henderson est la banlieue sud-est de Las Vegas. Il n'y a pas 15 miles (22 km) entre les 2 rues-avec-le-nom-d'une-française.

Alors, je ne sais pas, mais quand une affirmation paraît irréaliste, on la relève, gentiment. Du genre "Ah bon ? Attention, les internautes vont vérifier !".

Avec bienveillance, on va mettre tout ça sur le dos de la coquetterie...

H

mardi 17 octobre 2017

Heureux comme un pharmacien en France ...

Mon dentiste m'a donné une ordonnance pour prendre des antibiotiques :


La posologie est de 2 sachets par jour pendant 8 jours, soit 16 sachets. Une boîte contient 12 sachets. Il faut donc en acheter 2, soit 24 sachets. Une fois le traitement fini, il restera 8 sachets, à rapporter à la pharmacie.

La sécurité sociale va donc rembourser 24 unités, dont 8, le tiers, sera détruit. Le tiers qui part à la poubelle. 33,3% de gaspillage. Enfin, pas gaspillage pour tout le monde. Visiblement, les industriels doivent s'y retrouver.

Et dire que l'on trouve des personnes pour considérer que le lean management ne peut pas s'appliquer au monde de la santé !

H

jeudi 12 octobre 2017

La relativité très très très généralisée



SagaWeb est un service proposé par l'Afnor, qui permet, moyennant une juste rémunération, d'accéder facilement à tout ou partie des normes françaises, européennes ou internationales. C'est assez pratique. Mais aujourd'hui, 12 octobre 2017, j'ai la surprise d'y trouver un document daté du ... 25 octobre 2017. 13 jours d'avance ! Ce n'est plus du dopage, c'est de la relativité très généralisée.

Ou alors, je ne sais plus lire ?

H

lundi 9 octobre 2017

"C'est une ânerie" (le Ministre)

Ce matin, alors que j'arrive chez un client, j'écoute France Inter, qui a un invité de marque : Bruno Le Maire, ministre de l'économie. Il est interrogé sur la politique fiscale française, et déclare "Je ne crois pas un instant à la théorie du ruissellement de l'argent, du ruissellement de la fortune, du ruissellement des riches. C'est une ânerie." Cette affirmation me fait plaisir, car de mon côté, je n'y crois pas non plus. Les très très riches vont faire ruisseler leur argent dans des paradis fiscaux, ou vont s'entre-échanger leurs jets privés, leurs appartements ou leurs hôtels, leurs œuvres d'art et leurs montres extravagantes. L'ouvrier local ne verra jamais la couleur de quoi que ce soit. L'état, un peu, puisque les voitures de grosse cylindrée vont consommer du carburant et générer de la TIPP, et les producteurs de champagne aussi.

Mais plus tard, ça se gâte. Je vous recommande d'écouter le replay, entre 03:06 et 03:37. Vous y entendrez ceci : "Le choix que nous faisons, c'est de réinjecter plus de capital dans l'économie française qui a besoin de mieux se financer. Quand vous regardez la situation économique française, c'est très simple : nous avons des entreprises qui ont du mal à se financer. Qui ne sont pas assez profitables. Et comme elles ne sont pas assez profitables, au lieu d'investir, d'innover, elles ne peuvent pas. Elles n'ont pas l'argent pour acheter un robot, pour se digitaliser, pour se moderniser, pour améliorer la qualité de leurs produits. On le sait tous, que nous avons un problème d'offre, que nos produits ne sont pas forcément aux meilleurs standards, et ne tiennent pas compte suffisamment des exigences de compétitivité."

Et bien, Monsieur le Ministre, et avec tout le respect que je vous dois, vous venez de proférer une autre ânerie (voire deux, puisque je ne vois pas le rapport entre ne pas pouvoir se financer et ne pas être profitable : les deux choses me semblent indépendantes, mais bon, je vous fais confiance)

Que certaines entreprises n'aient pas assez de réserves pour investir dans un nouvel outil de production qui leur permettrait une diversification, pour changer de technologie ou pour augmenter considérablement leurs capacités de production, je l'admets volontiers. Que la réponse à ce problème soit une plus grande disponibilité de capitaux que des propriétaires pourraient investir, je veux bien le croire aussi.

Mais lier les problèmes qualité des entreprises au manque de capitaux, ou à une taxation trop importante des revenus du capital, c'est n'importe quoi. Vraiment. La qualité des produits n'est que rarement liée à l'investissement. Le plus souvent, elle est due à de mauvaises décisions. À l'emploi de personnes non formées. À la recherche du profit à court terme. À un management par objectifs qui oublie la cohérence du système pour insister sur de optimums locaux (l'acheteur par exemple va diminuer son budget achats et sera récompensé pour cela, quelles que puissent être les conséquences sur ses collègues de production).

Le problème de l'économie française, Monsieur le Ministre, c'est que tous les décideurs - dont vous faites partie depuis de nombreuses années - parlent de qualité sans avoir la moindre idée de ce que ce concept recouvre.

Et plus ça va, moins ça me fait rire.

H

dimanche 1 octobre 2017

Encore un livre

Encore un livre dont il faut que je vous parle ! J'ai entendu il y a quelques jours une interview de l'auteur, et j'ai acheté le livre le midi même. Il faut reconnaitre que l'objectif est ambitieux : en finir avec la pauvreté. Je dois reconnaître que j'ai aussi été piqué par une remarque sur les emplois les mieux rémunérés et les moins utiles, parmi lesquels l'auteur range les consultants. Je crois qu'il a tort - du moins en ce qui me concerne. Je n'ai pas de costumes sur mesure, ni de voiture italienne, et mes interventions apportent quelque chose à mes clients. De la vraie valeur. Mais, comme le titre de "consultant" n'est pas protégé, il existe de très nombreuses variantes de l'activité. Et nul doute que dans quelques mois, le jeune Franck Ribéry sera recruté comme consultant par une chaine de télévision, rejoignant le consultant Candeloro et la consultante Marie-José Perec. Je ne remets pas en cause l'époustouflant palmarès sportif de ces personnes, mais nous ne faisons pas le même métier.

Rutger Bregman est un journaliste néerlandais, et il a écrit un livre salutaire, en rappelant, références à l'appui, les multiples expériences tournant autour du revenu universel, et de sa grande efficacité économique. Il est plus efficace de donner directement de l'argent aux pauvres, sans leur poser de questions, que de leur demander de venir remplir de lourds formulaires que de multiples agents publics et associatifs vont relire, analyser, classer, avant de se réunir et de décider qui aura droit à laquelle des innombrables aides possibles. 1 € donné directement à un SDF rapporte 3 € à la société, en économies sur la santé, la police, la justice. Sans même parler du cout de traitement de la demande. Après tout, les individus concernés pourront alors faire leur "vrai" métier, et accompagner ceux qui le souhaitent...

C'est en droite ligne avec ce que je défends depuis longtemps : faisons simple et efficace !

Au-delà du revenu universel, le livre (très documenté) aborde des points connexes, comme l'ouverture des frontières, l'inutilité du PIB en tant qu'indicateur, ou la réduction du temps de travail. C'est Keynes, l'économiste libéral, qui, en 1930, pronostiquait que les salariés de 2030 ne travailleraient plus que 15 heures par semaine, et que le plus grand défi de l'humanité serait de savoir que faire de ses loisirs ! L'écriture est claire, concise, le livre agréable à lire.

Et l'épilogue vaut à lui seul que l'on achète le livre. Il nous y présente le "socialiste perdant", personnage généreux, mais résigné. Avant de nous recommander de croire que les solutions sont possibles et que la normalité d'aujourd'hui était hier une utopie irréaliste (le non-travail des enfants, l'abolition de l'esclavage, le droit de vote des femmes, etc.), il cite Rebecca Solnit (journaliste américaine, écrivaine sur des sujets de société)  "Il y a un genre de militantisme qui a plus à voir avec le renforcement de l'identité qu'avec le fait d'obtenir des résultats"

Cette phrase n'a pas fini de me faire réfléchir.

H