jeudi 29 novembre 2018

Dispositifs médicaux

Mardi soir (le 26 novembre 2018), nouvelle émission "Cash Investigation" sur France 2. @EliseLucet présente les résultats d'une vaste enquête menée par des journalistes de multiples pays, sur les dispositifs médicaux. Pour faire court, il s'agit de démontrer que les états - et singulièrement l'État français - n'exercent qu'un contrôle minimum sur le marché des dispositifs médicaux, ces produits qui participent au maintien ou à l'amélioration de la santé.

Ce n'est pas une nouvelle ! Depuis des années, lorsque je parle de norme ISO 13485, celle qui permet aux fabricants de dispositifs médicaux de justifier de leur marquage CE, j'insiste sur le fait que tout le système, fondé sur une certification délivrée par un organisme privé, repose sur la bonne foi, ou l'éthique, de tous les acteurs. Et l'exemple le plus parlant, c'est celui de PIP, affaire dont j'ai déjà parlé, en 2013, et en 2017. Lorsque le patron d'une entreprise décide de tricher, l'auditeur n'a à peu près aucune possibilité rendre compte.

Pour réguler le marché des dispositifs médicaux, il faut redonner à la puissance publique les moyens d'inspecter, et de sanctionner. Bien entendu, cela passe par l'allocation de moyens. Et donc de la dépense publique.

Pas sûr que cela rejoigne les aspirations des citoyens d'aujourd'hui...


H

lundi 19 novembre 2018

Unité !

Notre vie quotidienne est immergée dans les unités. Sur la balance de la salle de bains, ce sont les kilogrammes; sur notre montre (ou notre téléphone portable, les secondes, les minutes, les heures; au volant de notre voiture (et sur les radars de la maréchaussée), les kilomètres par heure; quand nous passons à la pompe à essence, les litres; ...

Ces unités sont assez anciennes, elles ont été modifiées à de multiples reprises. Et on était habitués à les savoir communes à tout le monde, scientifique et économique. Seul le kilogramme, défini à partir d'un "prototype" en alliage de platine et d'iridium posait des problèmes, puisque ce prototype maigrissait doucement (quelques dizaines de microgrammes tout de même) depuis 150 ans. Mais comme c'était l'étalon, il ne pouvait - par définition - pas varier de masse. Ce sont toutes les autres masses qui devaient, en contrepartie, grossir.

Et puis, il y a d'autres unités, moins facile à visualiser : les décibels pour mesurer l'intensité sonore, ou les Watts par mètre qui mesurent le "débit d'absorption spécifique" de nos téléphones portables.

La semaine dernière, du 13 au 16 novembre 2018, des scientifiques de tous les pays se sont réunis en conférence, et ont adopté de nouvelles définitions pour les 7 unités de mesure fondamentales. On a notamment :
  • Le kilogramme, symbole kg, est défini en prenant la valeur numérique fixée de la constante de Planck, h, égale à 6,626 070 15 × 10–34 lorsqu’elle est exprimée en J s, unité égale à kg m2 s–1, le mètre et la seconde étant définis en fonction de c et ∆νCs.
  • L’ampère, symbole A, est l’unité de courant électrique du SI. Il est défini en prenant la valeur numérique fixée de la charge élémentaire, e, égale à 1,602 176 634 × 10–19 lorsqu’elle est exprimée en C, unité égale à A s, la seconde étant définie en fonction de ∆νCs.

Les unités sont donc (seront donc à compter du 20 mai 2019)
  1. dépendantes les unes des autres : pour définir le kg, on a besoin de la vitesse de la lumière et de la seconde, pour définir l'ampère on a besoin de la seconde, etc.
  2. quantiques... Elles nécessitent de connaître les constantes d'Avogadro, de Planck, de Boltzmann et la charge élémentaire de l'électron.

Bon, ça ne rendra pas mon régime plus facile, mais je vais regarder ma balance d'un autre œil...

lundi 29 octobre 2018

La symphonie de l'EFQM

Pour les anglophones (mais on comprend le message même si on ne comprend pas les paroles), une intéressante présentation de ce que fait l'EFQM, la Fondation Européenne pour le Management de la Qualité. C'est à base d'orchestre, de chef d'orchestre, de compétences et d'unisson. Regardez ça en cliquant sur ce lien.

Dans mon livre "La Qualité du Management", je reprends aussi l'image de l'apprentissage de la musique.

Amusant...

H

samedi 20 octobre 2018

Pour un réveil écologique

À l'attention des étudiantes et étudiants qui parcourent ces pages : allez lire, et pourquoi pas signer, le manifeste étudiant pour un réveil écologique.

Il suffit de suivre ce lien.

Je ne suis plus étudiant, sinon j'aurais signé des deux mains.

H

jeudi 18 octobre 2018

Une information tout à fait glucose...

Sur France Inter ce matin, on annonce le début de la campagne de vaccination antigrippale. Et un professeur de médecine est invité. Il explique que le sang des diabétiques étant plus riche en sucre que le sang des autres personnes, les diabétiques sont plus sujets que les autres aux infections. Cela parce que les micro-organismes ont besoin de sucre pour se développer. Il cite ainsi les problèmes aux extrémités des membres (les pieds), les infections urinaires, les affections pulmonaires. Et il cite la grippe.

Monsieur le professeur, je ne remets pas en cause vos compétences en matière de diabétologie. Mais si les diabétiques sont plus sensibles que les autres à la grippe, ce n'est probablement pas à cause de l'excès de glucose dans leur sang. Parce que la grippe est due à un virus. Et que les virus ne possèdent pas de métabolisme propre. En d'autre termes, les virus ne sont pas des bactéries. Même si les deux sont responsables d'infections.

Ah là là, ce n'est pas facile d'être omniscient...

H

jeudi 27 septembre 2018

La sécurité au travail

Il y a 17 ans, une explosion ravageait le site toulousains des Azotes de France, une usine plus connue sous le signe AZF. Une enquête parlementaire avait suivi, qui avait interviewé nombre de chefs d'entreprises, de représentants syndicaux, de membres des CHSCT, sur tous les sites chimiques français (Le Havre-Port Jérôme, Carling, Fos-sur-Mer, la vallée de la chimie au sud de Lyon, etc.

Parmi les recommandations de cette commission d'enquête, il y avait celle consistant à ne plus attribuer les moyens du CHSCT (en clair : les heures de délégation) en fonction du nombre de salariés, mais en fonction de la dangerosité du travail. Cela semble une telle évidence qu'on se demande comment ne pas y avoir pensé plus tôt : 500 salariés dans une fac de lettres ne sont pas exposés au même risques que 3 soudeurs intervenant sur une plate-forme de vapocracking d'hydrocarbures.

Le 28 août dernier, il y a donc tout juste un mois, Mme Charlotte LECOCQ, députée, a remis au Premier Ministre un rapport sur la santé au travail (vous pouvez le télécharger en cliquant ici).

Ce travail volumineux est très instructif, je vous recommande de passer du temps à le lire. Mais je ne peux pas résister à la tentation de vous recopier la Recommandation n°14 : Proportionner les obligations et les moyens à déployer dans les entreprises en fonction de leur spécificité et des risques effectivement rencontrés par les salariés.

D'où me vient cette impression de déjà vu ?

H

lundi 10 septembre 2018

Cherchez l'erreur...



La photographie n'est pas parfaite certes et on ne lit pas tout. Mais faites-moi confiance, le produit dont il s'agit est du "saumon fumé des Highlands".

Dans les souvenirs de géographie qui me restent, les Highlands se situent au nord-ouest du fameux Loch Ness, en Écosse, à au moins 500 kilomètres au nord du nord de l’Île de France.

Alors, quelle est la légitimité de ma marque "mangeons local en Ile de France" qui est bien visible sur l'emballage?

Cette marque est la propriété du Centre Régionale (sic!) d’Innovation Agricole et Alimentaire (CERVIA) Paris Ile-de-France, organisme associé à la Région Ile-de-France. Son site Internet regorge de considérations toutes plus écologiques les unes que les autres :

Une démarche en mouvement
Il est cinq heures, Paris s’éveille… Ici et dans tous les terroirs d’Ile-de-France, on travaille déjà. On cultive, on élève, on sème, on transforme, on cuisine, on sélectionne. Agriculteurs, artisans, PME, restaurateurs, commerçants, tous regroupés au sein de la grande famille Mangeons Local en Ile-de-France s’attachent à vous proposer du bon, du frais, et du local.

Repérez-les en un clin d’œil !

Une marque pour les produits
Comment distinguer une pomme francilienne, un jambon de Paris, un yaourt d'Ile-de-France ? Ils arborent fièrement la marque Mangeons Local en Ile-de-France. Gage d'origine, cette marque identifie les producteurs qui s’engagent à cultiver le savoir-faire local et à protéger l’environnement régional.

Manger local, un engagement citoyen
Ultra frais et savoureux, les produits locaux sont fiers de leurs qualités nutritionnelles.
Vous connaissez l’origine des aliments consommés, vous participez à la réduction des gaz à effet de serre et soutenez l’économie locale.


Faire faire plusieurs centaines de km en avion à des poissons ne me semble pas répondre à ce que je viens de lire. Alors quoi ? Si seule la dernière étape de transformation suffit à conférer le statut de "local", est-on bien dans la philosophie du "locavorisme" ? Je suis loin d'en être sûr.

Mais bon, le saumon était excellent...

H


mercredi 5 septembre 2018

Mon livre est disponible !

Samedi dernier, l'émission de France Inter "La librairie francophone" invitait Daniel Picouly. À un moment, celui-ci a déclaré que, pour juger d'un livre, il lisait la page 19. Cela lui donnait un bon aperçu du contenu de l'ouvrage. Je suis donc allé regarder "ma" page 19. Et il a raison, M'sieu Picouly. La page 19 de mon livre, c'est ça :



Le management des entreprises (ici un laboratoire de biologie) n'a pas compris ce qu'était la fonction "qualité". Et c'est l'essence même du problème. Et c'est ce que je tente de clarifier, en 250 pages.

Il faut toujours soigner sa page 19...

H

jeudi 23 août 2018

Glossaire Qualité

L'American Society for Quality, ou ASQ, publie aujourd'hui une mise à jour de son glossaire sur la qualité. Un peu plus de 600 termes définis, dont cerains sont très anecdotiques, comme "Quincunx" : un outil pour générer des distributions aléatoires : on fait tomber des billes sur un grand nombre de clous qui les dévient de la trajectoire verticale; il en résulte une distribution. Cet outil, inventé par l'anglais Francis Galton à la fin du XIXème siècle est utilisé dans les écoles.

Vous pouvez le télécharger ici. Il faut devenir membre, mais c'est gratuit.

Bon, c'est loin des 19 000 pages de Qualitionnaire, "le" dictionnaire des qualiticiens, mais c'est un début...

H

mercredi 22 août 2018

processus

L'approche processus est un des 7 principes fondamentaux de la qualité. Comme c'est aussi un outil assez mal compris, j'ai écrit un dossier sur le sujet que vous lirez en suivant ce lien.

N'hésitez pas à me dire si vous le trouvez clair...

H

mardi 17 juillet 2018

le bœuf et le cheval

Ce soir 17 juillet, belle soirée Thema sur Arte (je vous recommande de regarder le reportage en replay). On y parle du scandale de la viande de cheval vendue comme étant du bœuf.

On y parle des "chargements de couverture", quelques palettes de bœuf chargées à l'arrière du camion pour "protéger" le reste de la cargaison; on y parle des restrictions de budget dans les administrations publiques qui fait que l'on envoie des étudiants réaliser des contrôles normalement faits par des personnes compétentes (il semblerait même que des étudiants aient vu des carcasses de chevaux pendues à des crochets, et qu'ils ont accepté l'idée que ce n'était qu'une race un peu particulière de vache...

On y dit aussi que des tonnes de viande de cheval sont probablement stockées en entrepôt congelé, et qu'elles ressortiront un jour.

Et le reportage ne s'intéresse pas à la viande d'âne ou de chèvre. Or, une chèvre de réforme ou un âne de réforme ne vaut rien, il n'y a pas de marché. Mais il y a de la viande. Donc il y a une opportunité de fraude équivalente à ce qui s'est passé pour le cheval.

Alors, si on ne recherche pas, c'est qu'on ne veut pas savoir ?

H

jeudi 12 juillet 2018

Qualitionnaire










J'ai l'immense plaisir de vous annoncer que le site Qualitionnaire est en train de sortir de convalescence. Il n'est ni amaigri, ni affaibli. Mais il a besoin de vous pour réapprendre à marcher...


H

samedi 30 juin 2018

Mode opératoire

Les procédures et modes opératoires sont des outils classiques du management de la qualité.

Le mode opératoire ci-dessous, trouvé dans une université, n'est pas répertorié par la cellule qualité. Il n'en est pas moins efficace !


Comme quoi, humour et efficacité ne sont pas incompatibles.

H

lundi 25 juin 2018

La gestion des déchets

Un court reportage sur France Inter ce matin, dans lequel on entend une infirmière de bloc opératoire expliquant, que pour acheter des doudous à distribuer à des enfants devant être opérés, elle récupérait, avec ses collègues, des pièces en cuivre et en inox qui auraient normalement été jetées, pour les valoriser.

C'est une excellente démarche.

Question : pourquoi cette valorisation des déchets n'est-elle pas organisée, dans tous les établissements de santé français, depuis des années ?

H

dimanche 24 juin 2018

La qualité du management (ça continue)

C'est aujourd'hui Le Figaro qui parle de mon livre - qui n'est toujours pas paru.

Bon, c'est toujours un copié-collé de ce que l'éditeur a envoyé, mais ça ne fait rien : je commence à prendre la grosse tête !

Et quand vous aurez vu que même les japonais en parlent, alors vous comprendrez pourquoi !

H

jeudi 14 juin 2018

La qualité du management (suite)

Et 2 nouveaux sites, pour la précommande du livre dont je vous parlais hier : Amazon, et chez système U

Un peu d'autopromotion ne peut pas nuire !

H

mardi 12 juin 2018

La Qualité du Management

Je milite depuis longtemps pour que l'on cesse de parler de "management de la qualité", et qu'on se préoccupe de la qualité du management. D'ici 3 petits mois, vous pourrez trouver les arguments que je développe dans un livre publié aux éditions Afnor.




Vous pouvez même le précommander : chez Decitre, ou à la Fnac.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez...

H

mercredi 2 mai 2018

Vertige des dollars

En 2017, Alphabet, Inc - la maison-mère de Google, a réalisé un chiffre d'affaires de 117 Miliards de dollars US.

Ce montant est colossal, seuls des États brassent des montants de cet ordre-là. Si Google était un État, il se placerait au 62ème rang mondial. C'est à dire que Google brasse plus d'argent que 130 pays dans le monde. Le PIB du Maroc, celui du Luxembourg, ceux de la Tunisie, de l'Éthiopie, du Kenya sont inférieurs à 117 Milliards d'Euros. En fait, Google se placerait immédiatement après le Koweit, cet État pétrolier du Golfe, qui dispose de tant de ressources...

Et les bénéfices ont été de 26 Mds de dollars (soit 22% du CA, qui qui est une magnifique performance). Les seuls bénéfices de Google sont supérieurs au PIB de l'Islande (24.85 Mds), à celui du Sénégal (16.06), de Malte (12.01) ou de la Macédoine (11,42).

C'est à dire que sur ses seuls bénéfices (semble-t-il assez peu soumis à l'impôt), Google pourrait assurer le train de vie d'un de ces pays.

Qu'en penser, à part que le vertige ne se soigne pas facilement ? Qu'une telle manne se construit sur les revenus publicitaires (pourquoi pas ?) mais aussi sur la revente des données que nous fournissons quotidiennement ? Qu'on pourrait probablement trouver une utilisation sociétalement performante de ce trésor ?

Que tant de richesse accumulée au nez et à la barbe de millions d'humains pauvres ne pourra, à terme qu'apporter de la violence ?

H

dimanche 15 avril 2018

Date Limite de Consommation

À l'heure où la poussière retombe sur les salmonelles Lactalis, sans que l'on en sache beaucoup sur la manière dont certains acteurs de la grande distribution ont pu gérer les demandes de retrait, voilà que je découvre une pratique ... douteuse d'un de ces derniers. Samedi 14 avril, voici ce que je trouve : une barquette avec 2 étiquettes :


Le nouveau numéro de lot est ... plus qu'étrange : "042018DINDE" alors qu'à l'évidence, il s'agit de veau. Ne croyez pas qu'il s'agisse d'une erreur, c'est simplement parce que ce jour-là, ils ont emballé aussi des escalopes de dinde. Et que leur balance pourra ainsi ressortir des statistiques "propres", ce que le ré-étiquetage d'une ou 2 barquettes isolées n'aurait pas permis.

Mais c'est surtout la date limite de consommation qui pose problème. Du 16 avril, on passe au 18. Et ceci me semble hors des clous. Examinons le Règlement Européen 1169/2011 : Article 24 - Date de durabilité minimale, date limite de consommation et date de congélation
1. Dans le cas de denrées alimentaires microbiologiquement très périssables et qui, de ce fait, sont susceptibles, après une courte période, de présenter un danger immédiat pour la santé humaine, la date de durabilité minimale est remplacée par la date limite de consommation. Au-delà de la date limite de consommation, une denrée alimentaire est dite dangereuse conformément à l’article 14, paragraphes 2 à 5, du règlement (CE) no 178/2002.


Modifier la DLC rend-elle la denrée moins dangereuse ? Je ne le pense pas... J'aimerais savoir ce que les agents de la DDPP du Rhône en pensent. J'aimerais aussi savoir ce que le fournisseur en pense, puisque c'est sa marque qui est en cause.

Ah ! l'éthique ....

H

vendredi 16 mars 2018

Une mémoire à éclipses


Dans le quotidien "La Voix du Nord" de mercredi dernier (14 mars 2018), un long article sur la pollution des eaux du robinet par les ions perchlorates, dans lequel un responsable explique notamment comment il arrive à diminuer la concentration au robinet en mélangeant des captages très contaminés avec des captages moins contaminés.

L'article commence en expliquant que la pollution provient des munitions tombées pendant la Première Guerre Mondiale, et indique "une découverte qui date de 2011". J'ai peur que la journaliste ne soit pas tout à fait à la page... J'en avais parlé il y a 4 ans. Je vais recommencer.

Les ions perchlorate sont en effet utilisés dans les mélanges explosifs. Mais les munitions tombées entre 1914 et 1918, on les connait depuis ... 100 ans ! Et leur contribution à la pollution depuis ... la même époque. Une carte a même été publiée en 1921 (voir la page Wikipedia consacrée à ce que l'on appelle la "Zone Rouge"). Les ions perchlorate ne sont que la partie émergée de l'iceberg. La pollution est bien pire que ça.

Les obus ont lourdement contaminé les sols par du plomb, bien sur, et aussi par du mercure, les amorces étant régulièrement constituées de fulminate de mercure. Pire, pendant des dizaines d'années, les munitions non explosées (on en retrouve toujours aujourd'hui) ont été détruites dans des "fourreaux", empilement d'obus et de bombes recouverts de terre que l'on faisait exploser. Ensuite, au même endroit, on recommençait à empiler d'autres obus et d'autres bombes. Je me souviens avoir lu quelque part que dans certaines zones, le sol était aussi riche que du minerai de bonne qualité.

Conserver la mémoire des événements passés est une tâche importante mais difficile. Comment garantira-t-on que les informations de sécurité nécessaires seront convenablement transmises aux générations futures, pendant quelques milliers d'années, à proximité de nos sites d'enfouissement de déchets radioactifs ?

Mais bon, en ce qui concerne la journaliste, elle est trop jeune pour avoir une mémoire pratique de la "grande" guerre. Heureusement pour elle.

H

lundi 19 février 2018

Si c'est vrai ...

On lit aujourd'hui sur Marianne.net, qui reprend une information de Europe1.fr, que Lactalis aurait obtenu des résultats "de complaisance" de la part d'un laboratoire d'analyses. Ouest France prend le risque de citer Eurofins, un géant mondial de l'analyse, notamment biologique. Les analyses porteraient sur la présence de traces d'allergènes, et pas de micro-organismes...

Lactalis dément l'information.

Peu importe le nom du laboratoire. Il est de toutes façons accrédité ISO 17025 par le Cofrac. La norme insiste sur le fait que le personnel du laboratoire doit être protégé, par sa hiérarchie, de toute pression ne nature à mettre en cause la confiance que l'on peut accorder au résultat.

Le problème avec les normes comme l'ISO 9001, l'ISO 13485 ou l'ISO 17025, c'est que l'auditeur (ou l'évaluateur dans le cas de l'accréditation), n'a absolument pas les moyens de déceler les mensonges. Souvenez-vous de l'affaire PIP, entreprise certifiée ISO 13485 et pourtant fabricant délibérément des produits non conformes...

Tout le système de certification, et même d'accréditation, repose sur l'idée que les différents acteurs sont de bonne foi. L'auditeur n'est pas un inspecteur assermenté, il ne dispose que de peu de pouvoir réel - au pire la certification ou l'accréditation seront refusées.

Aux États-Unis, les contrôles sont faits par une Agence Fédérale. La seule FDA s'occupe aussi bien de l'alimentation, des médicaments que des dispositifs médicaux. Des agents fédéraux disposent d'un réel pouvoir. Un employé pris à mentir risquerait de passer du temps dans un pénitencier. C'est évidemment plus sérieux.

Honnêtement, j'ai beaucoup de mal à croire qu'un labo comme Eurofins prenne le risque d'un comportement aussi déviant. Quand on perd sa crédibilité, on perd ses clients. Et je ne suis pas le seul à faire confiance au labo, puisque la bourse n'a pas vu chuter le cours de l'action aujourd'hui (-1.3% sur la journée, mais +16% sur un an, et même +1600% (oui, le cours a été multiplié par plus de 160) depuis février 2010).

Mais si les faits sont avérés, je pense que cela remettra en cause l'approche européenne de la surveillance des marchés par des acteurs privés (les organismes de certification) dont la compétence, si étendue soit-elle, ne permettra jamais remplacer le manque d'autorité.

H

lundi 12 février 2018

Le statut des fonctionnaires

Ainsi donc le gouvernement souhaite modifier le statut des fonctionnaires. Pour le rapprocher de celui des salariés du privé. Pourquoi pas ? Tous les gouvernements de la Vème république ont, un jour ou l'autre, annoncé qu'il n'existait pas de tabou sur tel ou tel sujet.

Et l'on entend sur les radios (enfin, sur les radios que j'écoute) des échanges vigoureux pour savoir si l'administration a des "usagers" ou des "clients". Les "clients" renverraient nécessairement à une vision mercantile de la société, et les "usagers" à une vision désintéressée. Il est amusant de constater que ce même discours se retrouve dans les structures médico-sociales ou médicales. "Nous, nous travaillons avec l'humain" est la réponse universelle à toutes les propositions. Travailler avec l'humain, certes, mais en échange d'un salaire, n'est-ce pas ? Il n'est donc pas totalement absurde de faire entrer un peu d'argent dans le tableau ? Alors, client ou usager, peu importe : il faut que l'activité du professionnel puisse générer de la valeur.

Et cette valeur peut fort bien être un service. Ou toute autre prestation immatérielle. Il suffit que quelqu'un considère que cette prestation a de la valeur pour que ça marche. Lorsqu'un citoyen se rend dans sa mairie pour obtenir un extrait de naissance, ou une carte d'identité, il reconnait que l'administration municipale va l'aider dans sa démarche, ne serait-ce qu'en la traitant.

Cette personne, c'est ce qu'on appelle un client. Acceptons cette définition et ne lançons pas de polémique sur le vocabulaire, ça n'apporte pas de valeur au débat ! La reconnaissance de valeur dans l'activité rend ipso facto le citoyen client. Donc l'administration devient fournisseur.

Les organisations sont au service de leurs clients. Et le client n'est pas nécessairement le client externe, celui qui paye, ni celui ou celle qui bénéficie du service. Le client peut aussi être un client interne. Et même dans l'administration, il y a des clients internes et des fournisseurs internes. Un professeur des écoles, un professeur de collège ou de lycée, sont autant de fournisseurs de service. Mais le rectorat est également un prestataire, au service de ses clients que sont (que devraient être) les enseignants.

C'est probablement là que les choses vont coincer. L'Administration publique dépense une énergie non négligeable à s'auto-surveiller, dans des procédures qui n'identifient pas toujours les véritables clients. Alors, on tombe dans la bureaucratie, avec des personnes dont la seule activité est de vérifier que le travail des contrôleurs est bien fait. Ces personnes travaillent, mais quelle valeur ajoutent-elles au système ? Quelle valeur ont-elles à proposer à celles et ceux qui sont au contact direct des clients finaux ? Et si elles sont au service de la direction (du ministre), peuvent-elles être exclusivement au service du ministère ?

Avant de s'écharper sur les distinctions envisageables entre "client" et "usager", il serait bon de se poser la question du but : quelle est la valeur que tel ou tel pan de l'administration doit apporter à la Société.

Ensuite on construira.

H

lundi 29 janvier 2018

Les EHPAD insoumises

Sur France Inter ce matin, Caroline Fiat, aide soignante et députée La France Insoumise, co-rapporteur d'une mission d'information sur les Établissements d'Hébergement de Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) est au micro. Elle vient nous parler de la détresse du personnel de ces maisons de retraite, et de la mobilisation prévue ce jour.

Comme souvent - comme toujours - le discours est immédiatement orienté sur les moyens. "Il faut un ratio d'un salarié pour 6 résidents", et là, comme par miracle, tout ira mieux, les résidents seront mieux traités, le personnel sera heureux au travail, les arrêts maladie diminueront.

Pourquoi pas ? J'admets volontiers qu'avec plus de moyens on fait souvent mieux. Mais pourquoi ne parle-t-on pas des objectifs d'abord ? Parlez moyens avec n'importe qui, il ou elle vous répondra qu'il en faut plus. Toujours. Mais les moyens ne peuvent s'apprécier qu'en regard des missions à assurer. Quel dommage que l'on oublie cet élément essentiel à une discussion calme...

Et vers la fin de l'entretien, Mme Fiat parle des EHPAD à but lucratif. "Comment peut-on faire de l'argent ? On parle d'humain ici !" Passons sur le fait que le salaire des personnels doit bien venir de quelque part, et aussi sur celui que, dans le secteur d'activités des loisirs, on trouve des entreprises qui s'occupent fort bien d'humains tout en faisant de l'argent. Il ne faut pas tout mélanger : il n'y a pas de honte à gagner de l'argent - même s'il y en a parfois dans la manière d'utiliser l'argent gagné.

Mme Fiat termine son intervention en disant "tapez EHPAD dans une barre de recherches, et le premier résultat que vous obtiendrez sera 'investissez dans un EHPAD' ". J'ai immédiatement fait l'expérience. Et voilà ce que j'ai obtenu :
Comme souvent, ça commence par des résultats sponsorisés - les entreprises qui payent Google pour arriver tout en haut des résultats de recherches. Surprise, ces 2 résultats payants ne proposent pas d'investir dans des EHPAD :

Deux sites qui proposent de vous trouver une place d'hébergement. Bon. Voyons à présent les résultats non sponsorisés :



Toujours pas ! Dans l'ordre : le site du gouvernement, une association, wikipedia.

En fait, sur toute la première page, aucune proposition d'investissement. Et on sait (je sais) que lorsque votre site n'apparaît pas dans la première page des résultats de Google, les internautes n'iront pas, le plus souvent, le chercher en page 2.

Attention ! la limite de ma démonstration vient du fait que Google personnalise les résultats de recherches. En fait, 2 internautes différents obtiendront de Google 2 listes de résultats différents lorsqu'il feront la même recherche. Tout vient de nos habitudes de recherches. Et je ne peux donc pas dire ce qui arrive en tête sur l'ordinateur d'un internaute qui a l'habitude de faire des recherches sur les placements financiers...

Mme Fiat a-t-elle un avis sur la question ?

H

vendredi 19 janvier 2018

Mon classement Lactalis : le palmarès bouge !

Bienvenue à M. Mélanchon, grâce à cette fine analyse de l' "affaire Lactalis" : "Ça se paye de détruire l'Etat, ça se paye cher", ajoutant "C'est [Bruno Le Maire], quand il était ministre d'autre chose dans un autre gouvernement qui a supprimé des centaines de postes de contrôleurs". "Si vous ne contrôlez pas, ne vous étonnez pas qu'il y ait des problèmes".

Monsieur le député, ex-sénateur, ex-ministre, j'ai bien peur que vous n'ayez dépassé les limites de vos compétences - qui sont probablement très étendues. Mais elle restent insuffisante en matière de maîtrise de l'hygiène alimentaire.

Les contrôleurs, à eux seuls, auraient donc plus de pouvoir que les statistiques ? Malheureusement, uUn niveau de contamination aussi faible, les contrôleurs, publics ou privés, ne peuvent pas le voir avec les méthodes traditionnelles.

Mais ce qui me choque le plus, monsieur le député, c'est le parti pris que vous avez, consistant à considérer que, si l'on est riche, alors nécessairement on n'a pas de morale. Le patron du groupe Lactalis est riche (plus que vous, plus que moi), et sa richesse s'appuie (au moins en partie) sur la répartition très inégale des profits avec les éleveurs laitiers. Pour cela, d'accord, on peut suspecter une morale défaillante. Mais je pense qu'aujourd'hui rien ne permet d'affirmer que les fabricants avaient connaissance de la contamination des lots commercialisés. Encore une fois, parce que le niveau de contamination semble très faible.

Et je ne pense pas que la décision de commercialiser sciemment un ou plusieurs lots reconnus comme contaminés serait remontée jusqu'à lui. C'est en tout cas ce que je connais du fonctionnement des grands groupes. Il y aurait au moins eu un directeur sur le parcours menant du labo découvrant la contamination jusqu'au sommet de l'organigramme du groupe pour bloquer l'information. Car ce genre d'information fait courir un risque trop important de passer pour un incompétent.

En résumé, ce n'est pas parce que tout le monde est appelé à donner son avis qu'il faut en rajouter.

Ou alors, il faut amener une véritable information.

H

lundi 15 janvier 2018

Nouvelle entrée au palmarès : Philippe MARTINEZ

Sur France Inter, le secrétaire générale de la CGT est invité à donner son avis sur un certain nombre de sujets, parmi lesquels ... la crise de la Salmonelle chez Lactalis. Je résume son intervention "c'est la faute à la course aux profits, les patrons empêchent les salariés de bien faire leur travail." Un auditeur faisant remarquer que l'affirmation ne repose sur aucune preuve, M. MARTINEZ nous dit qu'il "se repose sur son expérience professionnelle, dans [son] entreprise".

Il se trouve que M. MARTINEZ vient du secteur de ... la métallurgie. Il a passé toute sa carrière chez Renault. Sa compétence en moteurs à combustion interne est certainement très supérieure à la mienne, mais j'ai des doutes sérieux sur sa compétence en matière de maîtrise de l'hygiène et en matière de conception de tours d'atomisation. C'est le piège des médias : l'invité est là, on lui pose toutes les questions d'actualité. Et l'invité considère qu'il doit absolument s'exprimer. Il serait bon d'arrêter cette mascarade.

Je ne connais pas les installations du site de Craon. Je ne sais pas si elles sont facilement nettoyables, je ne sais pas s'il est possible de les désinfecter. Je ne sais pas non plus si les pratiques sont défaillantes ou pas. Ce que mon expérience professionnelle m'a apporté c'est :
    • Que le lait en poudre n'est pas un médicament,
    • que ce n'est pas un produit stérile,
    • que si l'on veut transformer le lait en poudre en produit stérile, cela va couter cher au consommateur,
    • Que la surveillance de la contamination microbienne est une opération délicate
    • que les techniques d'échantillonnage sont inopérantes lorsque le caractère recherché est très rare,
    • que les décisions fondées sur des échantillons statistiques sont toujours accompagnées d'un niveau de risque, et que tous ou presque semblent l'avoir oublié,
    • qu'en conséquence les meilleures pratiques de nettoyage ont toutes les chances d'être, un jour ou l'autre, prises en défaut.
    • Qu'il arrive en effet que des dirigeants indélicats donnent des instructions pour diminuer les couts des contrôles ou des nettoyages,
    • mais qu'il arrive aussi que des salariés, y compris des syndiqués, y compris même au moins un délégué syndical CGT, ne réalisent pas les tâches de contrôle et/ou de nettoyage qui pourtant font partie de leurs tâches, pour lesquelles ils ont été formés. Je l'ai vécu (il y a plus de 15 ans il est vrai), et nous avions à l'époque rappelé une semaine de production en 2x8, une quantité très importante de moisissures s'étant développée dans un équipement de production, moisissures qui peuvent produire des mycotoxines dont certaines sont reconnues cancérogènes. Le salarié en question avait eu pour toute réponse "je ne vois pas pourquoi je devrais contrôler l'intérieur du tamis à farine".
    • Et que donc il convient de tourner un certain nombre de fois sa langue dans sa bouche avant de dire n'importe quoi.

Il pourrait aussi convenir de ne pas poser des questions pointues au premier qui passe devant le micro, mais il semble que la mode ne soit pas à cette tendance-là...

H

mardi 9 janvier 2018

Le management des processus et l'administration

J'ai découvert ce matin (par hasard) le site Internet de l'AFSCA, l'Agence Belge chargée de la sécurité des aliments.
Leur site propose une cartographie interactive de leurs processus :

C'est très bien fait, on retrouve tous les processus, mais aussi les éléments d'entrée et de sortie, ce qui permet de bien visualiser les missions de cet organisme.

Pourquoi donc ne trouve-t-on pas ce genre de réalisation dans les sites français ?

H