mercredi 20 mai 2015

knowledge management

Tout ministre de l'éducation (nationale ou pas, cela dépend des époques) qui se respecte doit laisser son nom à une réforme. C'est comme ça.

  • En 1975, la réforme HABY supprime la différence entre Collèges d'Enseignement Général et Collèges d'Enseignement Secondaire : il ne reste que des "collèges" (pour mémoire, le CES était celui qui garantissait la meilleure culture générale, le CEG étant plus "professionnel"). Ce collège "unique" ne fonctionne pas très bien, puisque tous les élèves ne sont pas destinés à suivre, après 16 ans, le même genre de parcours.
  • En 1982, c'est la réforme SAVARY, qui doit lutter contre l'échec scolaire, au travers notamment du travail des professeur en véritables équipes pédagogiques. Mais seuls les établissements volontaires s'y engagent... "L'école libre" est vent debout contre la réforme, la manifestation du 24 juin 2014 rassemble au moins 850 000 personnes (chiffres de la Préfecture de Police). La réforme est supprimée, le ministre démissionne (le 1er ministre d'alors aussi.)
  • 1984, c'est Jean-Pierre CHEVÈNEMENT qui, tout en insistant sur l'apprentissage des fondamentaux (la lecture !), redonne un peu de lustre à l'enseignement technique.
  • 1986, son successeur René MONORY modifie le recrutement des professeurs d'enseignement général de collège (PEGC), issus des CEG - disparus 11 ans plus tôt
  • 1989, la loi JOSPIN bouleverse en profondeur le système, chaque école, collège, lycée devant élaborer (et mettre en oeuvre) un "projet d'établissement", qui adapte au contexte local les objectifs nationaux (c'est le premier pas vers un système de management de la qualité !). C'est aussi la création des IUFM.
  • 1993, la Loi BAYROU vise à apporter de la justice, en cassant l'uniformité du collège ("le problème, ce n'est pas que le collège soit unique, c'est qu'il soit uniforme, donc injuste."). Les parcours des élèves sont individualisés, les élèves en difficulté seront aidés, les classes seront dédoublées, et les élèves qui le souhaitent pourront commencer l'initiation au latin dès la cinquième.
  • Je vais faire l'impasse sur les réformes ALLÈGRE, ROYAL, LANG, FERRY, FILLON, DARCOS, CHATEL, PEILLON... Chacune d'entre elle est supposée mettre un terme aux difficultés observées, à l'absence de résultats, à la dégringolade des résultats de la France dans les enquêtes internationales.
À chaque fois, tout le monde râle : enseignants, élèves, parents, opposition politique. Les grèves sont fréquentes, les manifestations aussi. Les journalistes nous expliquent doctement les pourquoi et les comment de chaque réforme. Puis on oublie, on accepte, et on attend la prochaine fois.

Les commentateurs ont d'ailleurs le jeu facile lorsque les concepteurs des programmes utilisent - probablement avec quelque raison - une novlangue jargonnante (le ballon qui devient "référentiel bondissant") qui, une fois diffusée largement devient imbécile, ridicule, prétentieuse. Reprise, déformée, elle alimentera le discours des opposants. A tort ou à raison. [Lorsque je donne un cours sur la métrologie, j'interdis d'utiliser le mot "précision", puisqu'il n'est pas défini dans le Vocabulaire International de la Métrologie. Je sais pourtant ce que le terme signifie, et je n'aimerais pas qu'on me caricature en censeur psycho-rigide interdisant au plus grand nombre d'utiliser des mots simples et connus !]

Mais jamais personne ne prend le temps (ou n'a l'idée ?) de nous expliquer comment font les autres pays francophones. Quand y commence-t-on l’apprentissage du grec, du latin, des langues vivantes ? Quelle est l'autonomie des chefs d'établissement ? Les apprentissages se font-ils de manière disciplinaire, ou pluri-disciplinaire ? Leurs résultats sont-ils meilleurs que les nôtres ? Si oui, a-t-on étudié leurs méthodes ? Que pourrions-nous en retirer ? Quand-est-ce qu'on s'y met ?

Je suis certain que ces analyses, ces comparaisons sont faites, que les cabinets ministériels en connaissent les conclusions.

Alors, pourquoi cela n'intéresse personne ? Serions nous plus versés dans la querelle que dans la recherche de solutions ?

H

mardi 14 avril 2015

HACCP

Ainsi donc, c'était hier (13 avril 2015) la finale de "Top Chef 2015". J'adresse toutes mes félicitations à Xavier, le talentueux - et jeune - et talentueux (!) alsacien qui a gagné, malgré un gibier jugé trop cuit par les chefs (en ce qui me concerne, j'apprécie la viande bien cuite). J'adresse par la même occasion au talentueux - et à peine moins jeune - et talentueux Kevin, toute ma sympathie. Échouer à presque rien, mais c'est le jeu, ce sont les bénévoles qui ont voté. Tout ça tout ça. Ah oui, j'oubliais Olivier et ses yeux au khôl : total respect aussi, félicitations et bravo.

C'est sympathique, toutes des émissions de cuisine. On aimerait bien sentir les odeurs, goûter aussi, et puis surtout comprendre les tours de main. Mais ce serait trop compliqué, et le téléspectateur n'a droit qu'au minimum. Je le regrette, mais comme l'émission se regarde, ça ne doit pas être si grave. Et puis, c'est une bonne chose que la télévision fasse la publicité aux légumes, au poisson et surtout pas à ces "émulsions", ces mousses baveuses que je ne trouve pas appétissantes (je les trouve même plutôt répugnantes - mais ce n'est que mon opinion). Non, pour une fois que la télévision joue les gagnants et pas l'élimination par les pairs (quelle horreur, l'idée d'être éliminé parce que les autres vous trouvent dangereux pour l'étape suivante), pour une fois que l'on peut découvrir de réels talents, j'applaudis des deux mains.

Et bien entendu, au-delà de l'anecdotique, je ne peux que me féliciter de voir de grands professionnels dispenser leurs savoirs cumulés aux béotiens que nous sommes. Ils sont là pour rappeler l'importance de l'assaisonnement, les risques encourus lorsque l'on cuit la viande sur l'os, ou l'importance de retourner le poisson avant d'ôter la peau. Des professionnels montrant leur trucs de professionnels. Rien à dire.

Quoi que...

J'ai cru voir Kevin touiller énergiquement sa mousse avec l'index, pour faire un puits dans lequel déposer son cube de glace au pop-corn. Je ne suis pas certain, mais j'ai bien l'impression qu'il y a eu du montage d'images. À 1:30:13 dans le "replay" de M6, Kevin nous montre. Il a une poche à douille, il est mains nues. Il prépare un geste et à 1:30:15, on voit, en gros plan, une main gantée qui fait le puits, qui rajoute les autres ingrédients, et à 1:30:30, Kevin est de nouveau en plan plus large, et il n'a pas de gants. Le premier dessert qu'il a dressé , il l'a fait en mettant des doigts dans la nourriture. Pas très râgoutant, mais comme la production s'en est aperçue, on a bricolé pour que ça ne se voit pas trop.

Mais c'est Vanessa, qui nous explique (0:58:57) qu'elle a dû souffler, souffler sur 100 tuiles au chocolat pour les faire durcir, et qu'elle aient une belle forme ondulée "je n'en pouvais plus de souffler, je me disais 'je vais tomber dans les pommes', c'était juste horrible" Et ça fait de belles images, cette jeune femme sympathique qui se mime, soufflant sur ses tuiles, à quelques millimètres de ses lèvres. Mais là, étrangement, personne ne trouve rien à redire.



Hygiène, vous avez dit hygiène ? Mais qu'est-ce que vous entendez par là ?

J'ai parcouru le Guide de bonnes pratiques hygiéniques "Restaurateurs", je n'ai rien trouvé sur cette pratique. Mais je n'ai peut-être pas tout vu.

H

samedi 11 avril 2015

Respect

Je suis consultant, et je donne des cours. Parmi les choses que je n'aime pas faire, c'est corriger des copies. Mais je les corrige tout de même. Et je fais un effort pour expliquer la note que j'attribue.

Le scan ci-dessous provient d'une copie corrigée en avril 2015 par un professeur de l'université de Lyon 3. Non seulement la note est de 3/5 (pas facile à lire !), non seulement il n'y a pas une seule indication que la copie a été lue (pas un mot, une marque en marge), mais les commentaires sont ... comment dire ... illisibles ? indéchiffrables ? incompréhensibles ?



C'est en revanche et à coup sûr un manque de respect absolu. Comment peut-on demander à des étudiants de faire des efforts lorsqu'on est soi-même aussi méprisant envers son propre travail ?

Cela restera un mystère.

H

PS : notre meilleure approximation : "Les ... globalement bien restituées. Revoir la problématique" Toute contribution sera accueillie avec gratitude.

jeudi 26 mars 2015

Un virus, oui ! Mais intelligent?

Étrange publicité entendue à la radio hier. Le virus du SIDA, le HIV serait ... intelligent ? Et pour lutter contre cette "intelligence", la solution passe par la recherche. D'où la conclusion : "aidez la recherche !".

Je veux bien aider la recherche, mais je n'aime pas qu'on me raconte des sottises. Surtout pas venant de personnes présentées comme plus intelligentes. Donc, cette campagne de publicité, en ce qui me concerne, est contre-productive. Je ne sais pas combien l'agence de publicité a été rémunérée, mais l'argent aurait été mieux utilisé dans un laboratoire.

Quant à moi, j'aide la recherche au moyen de l'application de calcul partagé World Community Grid. Rejoignez-nous !

H

mercredi 18 mars 2015

Bon appétit !

Les halls de gare voient fleurir les distributeurs de friandises et de boisson, et aussi les vendeur de sandwiches. Certains sont même bien installés avec un comptoir, quelques sièges, une table étroite. Sur cette table, nous posons nos sandwiches, nos muffins, nous mangeons... Et si quelques miettes tombent, nous n'hésitons pas à les récupérer et les avaler (à plus de 5 euros les 150 grammes de pain-beurre-saucisson, nous sommes presque dans le produit de luxe, au-delà de 30 €/kg).

Lui non plus n'hésitera pas !

Bon appétit !

H

mardi 17 mars 2015

Op-ti-mistes !

Les français sont optimistes !

À tout le moins, j'en ai rencontré un ce matin. Je vous raconte :

Le TGV de 5 h 51 approche de Paris (il est donc déjà 8 h 10, ou peu s'en faut). Comme beaucoup de voyageurs qui n'ont pas beaucoup de temps pour être à l'heure à leur rendez-vous parisien, je vais tenter de grappiller quelques minutes, et attraper le métro d'avant. Je suis donc au bout du wagon, prêt à sortir, avec 4 ou 5 autres personnes. Dont un jeune homme, je lui donne une trentaine d'années, cheveu coupé court, petite barbe bien taillée, "propre sur lui". Il est au téléphone et se soucie fort peu d'être entendu. Il s'exprime à voix forte. "oui, le devis ? Et bien 110, dont 56 à distribuer au black ... oui, il faut qu'on en parle ... Oui, demain à 10 heures, avec des croissants et un café. Ton chantier est où ? Rue xxx [tout le monde a entendu] Et bien d'accord. Demain 10 heures... Oui, tout à fait, c'est de gens comme toi dont j'ai besoin, tu fais bien ton travail, moi je suis dans le respect, ... oui, à demain, 10 heures". Je ne prétends pas citer avec exactitude, mais le sens est là.

Ce jeune homme est dans l'erreur, car il ne respecte pas tout. Pas la tranquillité des autres voyageurs, pour commencer. Pas la réglementation non plus, pour continuer. Et pas son propre futur non plus, les impôts et cotisations qui ne rentrent pas ne pourront jamais aider son secteur d'activité, ni sa famille, ni ses amis. Il a tout faux, du début à la fin.

Mais en revanche, il fait preuve d'un optimisme, d'une confiance dans sa bonne étoile, absolument époustouflants. Se préoccupe-t-il le moins du monde de l'image qu'il donne, ou qu'il pourrait donner ? Non. Imagine-t-il que parmi les passagers pourrait se trouver au choix, un fonctionnaire de police, un fonctionnaire des impôts, un inspecteur du travail ? Visiblement non. Craint-il un dénonciateur, un citoyen outré par ce qu'il entend ? Pas plus. Et pourtant, plus de 50% du devis en liquide, ça fait beaucoup. Et je n'imagine pas que ce soit un devis à 110 euros. 110 000 € semble plus probable. Et donc 56 000 € en liquide, ça commence à représenter une somme conséquente.

Je ne vais pas dénoncer ce citoyen, ce n'est pas ainsi que je vois la marche des choses (bien que "non-dénonciation de malfaiteur..." pourrait s'appliquer à mon cas. Mais je suis choqué par ce que j'ai entendu, autant que par le naturel avec lequel les propos ont été tenus.

La République est malade, cela me désole.

H

jeudi 12 mars 2015

François Dupuy

Je viens de lire deux livres de François Dupuy. J'ai commencé par le deuxième, puis j'ai lu le premier. Ce n'est pas orthodoxe, mais c'est très bien !



François Dupuy est sociologue, il analyse les organisations et les réactions des individus à l'intérieur de systèmes que sont les entreprises. Je ne sais pas ce qu'il connait des principes du management de la qualité, je ne suis pas en accord avec tout ce qu'il écrit sur les processus ou les procédures. Je pense qu'il n'en connait que les pires aspects, que les exemples mal mis en place. Mais ce qu'il écrit des procédures et pourquoi elles sont écrites, ce qu'il écrit du mal-être des managers de proximité, pilotes sans réelle autorité pour piloter, m'ouvre des horizons extrêmement prometteurs.

Lisez François Dupuy, celui qui me fait redécouvrir mon métier !

H