mardi 26 août 2014

L'agriculture d'aujourd'hui

Lorsque j'étais enfant, dans les années 1960, les agriculteurs cultivaient essentiellement des céréales : blé, orge, avoine. Les moissons se faisaient en août, le maïs était cantonné à l'Aquitaine et à Midi-Pyrénées, et le colza ne dépassait guère les 50 000 ha cultivés en France. Bien entendu, pour ce dernier, les études de Roine et. al. (1960), qui avait nourri des rats à l'huile de colza à hauteur de 70% de leurs apports énergétiques et avait ensuite décelé des myocardites, ont fait beaucoup pour générer la peur de l'acide érucique (ou acide dococénoïque, acide gras en C22, monoinsaturé) dont l'huile de colza contenait alors jusqu'à 10%, et donc le rejet de la plante. Depuis, on a trouvé des variété très pauvres en acide érucique, qui sont cultivées aujourd'hui.

En 2014, lorsqu'on traverse la France au printemps, les surfaces couvertes en colza sont partout. Le Cetiom (Centre Technique Interprofessionnel des oléagineux et du chanvre) en recensait 907 000 ha en 2008 et 1 500 000 ha en 2014. Les surfaces ont été multipliées par 30 en 50 ans ! Quand on sait que de surcroît les rendements ont été multipliés par 1,5 entre 1976 et 2011 (et de combien depuis 1960 ?), on a du mal à imaginer que nous consommons toute cette huile.

En fait, nous la consommons, mais pas dans notre assiette ! L'huile produite en France va, pour 75 %, dans des applications industrielles, dont le biodiesel. Et c'est une tendance lourde de nos sociétés auto-proclamées "développées" : nos agriculteurs travaillent pour l'industrie (ou pour nos éleveurs : le bétail ne mange plus d'herbe, ce serait trop facile !), et nous importons notre nourriture d'Afrique ou d'Asie.

La carte ci-dessus est extraite du site du National Geographic (que je prie de bien vouloir m'excuser pour cet emprunt). Elle présente en dégradé du violet au vert la répartition de la production agricole dans le monde. En violet, c'est pour l'industrie (feed : alimentation animale, et aussi chimie, essence...) et en vert pour l'être humain (food).

Ce genre de situation ne peut pas durer tranquillement pendant longtemps. Un jour ou l'autre, cela se terminera mal...

H

Et un grand merci à Jean-Pierre Henri Moreau pour son alerte.

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