jeudi 21 février 2019

W. Edwards DEMING et Laurent WAUQIUEZ sont dans un bateau...

La Région Auvergne-Rhône-Alpes serait, selon son président, "la mieux gérée de France". Pour preuve, les 300 millions d'euros de crédits de fonctionnement qui n'ont pas été dépensés depuis la création de cette nouvelle entité, en 2017. 300 millions d'euros, c'est une sacré somme. On devrait pouvoir s'en réjouir.

Oui, si les missions restent assurées. Et c'est là que le bât blesse. Le budget de fonctionnement est un terme vague que l'on a tendance à traduire comme étant les dépenses sur les salaires, l'éclairage, les frais de restauration, l'entretien des locaux... C'est vrai, il y a tout ça. Mais la comptabilité publique fait entrer les dépenses liées à la formation professionnelle dans le budget de fonctionnement. La moitié des 300 millions d'euros économisés l'ont été sur les dépenses en formation professionnelle continue, y compris celles liées aux formations des demandeurs d'emploi. Or il semble que l'inadéquation entre les compétences des chômeurs et les postes à pourvoir soit un frein réel au retour à l'emploi.

Les économies sont donc réalisées au détriment d'une mission d'intérêt public. Entre 2017 et 2018, le nombre d'entrées en formation en région AURA a diminué de 56%, et même de 64% pour les publics les plus en difficultés. C'est une rupture brutale par rapport à ce qui se passait sur le territoire depuis de nombreuses années.

Les conséquences sont triples :
  • les comptes de la Région se portent mieux
  • les publics en difficultés sont toujours en difficultés
  • les centres de formation ayant une trésorerie insuffisante vont disparaître (voir par exemple le cas du CNAM de Saint-Etienne)

Le dernier point est un vrai souci : si on attend que les structures à même d'assurer les formations disparaissent, sur qui pourra-t-on s'appuyer le jour où la politique changera ? Sur quel fournisseur s'appuyer quand on a laissé mourir le dernier ?

Edwards DEMING citait comme maladie mortelle pour les entreprises, la focalisation sur les profits à court terme. Il semble que ce soit valable aussi pour les collectivités.

Edwards DEMING citait aussi les 14 points essentiels pour le succès des entreprises. Parmi ceux-ci, on trouve :
  • gardez le cap
  • formez en permanence
  • instituez un programme de développement personnel

Il semble qu'une collectivité puisse aller à l'encontre de la performance de ses administrés. C'est navrant.

La question n'est pas de savoir si les formations étaient inadaptées, de mauvaise qualité ou trop couteuses : les remplacer par de meilleures formations aurait été un acte de saine gestion. Le problème ici est que les formations sont supprimées.

La question est : quel sera le cout à moyen terme de ces économies à court terme ?

Comme souvent, on ne le mesurera pas...

H

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