Oui, si les missions restent assurées. Et c'est là que le bât blesse. Le budget de fonctionnement est un terme vague que l'on a tendance à traduire comme étant les dépenses sur les salaires, l'éclairage, les frais de restauration, l'entretien des locaux... C'est vrai, il y a tout ça. Mais la comptabilité publique fait entrer les dépenses liées à la formation professionnelle dans le budget de fonctionnement. La moitié des 300 millions d'euros économisés l'ont été sur les dépenses en formation professionnelle continue, y compris celles liées aux formations des demandeurs d'emploi. Or il semble que l'inadéquation entre les compétences des chômeurs et les postes à pourvoir soit un frein réel au retour à l'emploi.
Les économies sont donc réalisées au détriment d'une mission d'intérêt public. Entre 2017 et 2018, le nombre d'entrées en formation en région AURA a diminué de 56%, et même de 64% pour les publics les plus en difficultés. C'est une rupture brutale par rapport à ce qui se passait sur le territoire depuis de nombreuses années.
Les conséquences sont triples :
- les comptes de la Région se portent mieux
- les publics en difficultés sont toujours en difficultés
- les centres de formation ayant une trésorerie insuffisante vont disparaître (voir par exemple le cas du CNAM de Saint-Etienne)
Le dernier point est un vrai souci : si on attend que les structures à même d'assurer les formations disparaissent, sur qui pourra-t-on s'appuyer le jour où la politique changera ? Sur quel fournisseur s'appuyer quand on a laissé mourir le dernier ?
Edwards DEMING citait comme maladie mortelle pour les entreprises, la focalisation sur les profits à court terme. Il semble que ce soit valable aussi pour les collectivités.
Edwards DEMING citait aussi les 14 points essentiels pour le succès des entreprises. Parmi ceux-ci, on trouve :
- gardez le cap
- formez en permanence
- instituez un programme de développement personnel
Il semble qu'une collectivité puisse aller à l'encontre de la performance de ses administrés. C'est navrant.
La question n'est pas de savoir si les formations étaient inadaptées, de mauvaise qualité ou trop couteuses : les remplacer par de meilleures formations aurait été un acte de saine gestion. Le problème ici est que les formations sont supprimées.
La question est : quel sera le cout à moyen terme de ces économies à court terme ?
Comme souvent, on ne le mesurera pas...
H
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