mercredi 23 septembre 2015

Lorem Ipsum

Connaissez-vous le "Lorem Ipsum", ou faux-texte ? Il s'agit de suite de mots en latin qui n'ont comme seule vocation que de remplir l'espace. C'est utilisé en imprimerie, par ceux qui font de la mise en page de journaux: il ne faut pas distraire le lecteur par du texte signifiant, il faut simplement montrer si les paragraphes seront harmonieux, si les mots seront coupés ou si de trop grands espaces vont les séparer. C'est aussi largement utilisé pour la création de sites internet, on créée automatiquement des pages qui ne sont pas totalement vides. Bref : tout sauf du sens.

Mais bien entendu, celui qui fait la mise en page ne fait qu'une partie du travail. Il s'occupe de la forme et laisse le fond à d'autres. En théorie, comme c'est le fond qui prime sur la forme (!), ceux qui doivent écrire le contenu ne devraient jamais - JA - MAIS ! - laisser subsister des paragraphes vides de sens. Alors, lorsque je tombe sur ceci:


je ne peux qu'être navré!


Madame la directrice, ou monsieur le directeur : pensez à l'image que vous donnez de vous !


H

lundi 21 septembre 2015

Les couts d'obtention de la qualité

Pour les pères fondateurs des principes du management de la qualité, et spécifiquement pour Philip CROSBY (l'auteur de Quality is Free), les couts de non-qualité, ou les couts d'obtention de la qualité (concept un peu plus large) sont un bon indicateur, sinon le meilleur, pour mesurer la maturité du système de management. Bien que peu d'études soient disponibles, il semble qu'une entreprise gérée "à l'ancienne" jette entre 20 et 30% de son chiffre d'affaires à la poubelle (rebuts, travail à refaire), dans les contrôles multiples du travail réalisé (y compris la vérification des feuilles de pointage horaire) et dans les mauvaises décisions prises un peu partout. Les très bonnes entreprises dépensent de 3 à 5% de leur CA.


Ce qui vient d'arriver à Volkswagen, menacée de 16, ou 18 milliards d'euros d'amende par le gouvernement étatsunien pour avoir installé un logiciel qui permettait de repérer les phases de test moteur, et de limiter les émissions polluantes est exemplaire en la matière. Le groupe fait environ 200 milliards d'euros de CA annuel. Même si l'amende ne se monte qu'à 10 milliards, cela représente 5% du CA. En une seule fois! Je ne parle pas des dégâts annexes (une capitalisation boursière qui s'effondre par exemple - le cours des actions, ça va ça vient, et d'autres vont profiter de la baisse pour acheter à bon compte, ou bien entendu des ventes qui risquent de chuter). Sans compter les éventuelles amendes dans d'autres pays.


Il y a donc eu un dirigeant au moins avec une éthique des affaires assez défaillante pour autoriser cet artifice. Et comme si ça ne suffisait pas, il a également pensé pouvoir cacher ça ad vitam æternam. Quel manque de lucidité! Une tricherie pareille ça finit toujours par remonter. Un seul salarié malheureux ou en colère, et c'est fini. Ce dirigeant (ou ces dirigeants) réunissait donc une éthique pitoyable et une incroyable naïveté.

Et ce sont ces personnes qui sont désignées comme les élites de nos sociétés. Pauvres de nous!


H

jeudi 17 septembre 2015

Simplifions le code du travail

Un chef d'entreprise me disait il y a quelques mois : "regardez le code du travail : il fait 3000 pages. 1 000 chômeurs par page [*], vous avez 3 millions de chômeurs."

Son approche est caricaturale, et je ne vais pas m'y attarder. Mais on entend depuis des mois ce refrain : il faut faire maigrir le code du travail. Et depuis quelques jours, le débat s'accélère : la refonte devient urgente. Pourtant, notre code du travail est assez récent. Il a fait l'objet d'une ré-écriture totale en 2008. Le fond n'a pas changé, c'est simplement la structure, les chapitres qui ont été ré-écrits. Comble de l'ironie (ou de la provocation ?), ce nouveau code a été publié ... le 1er mai 2008, jour du travail, le jour le plus férié-chômé qui soit.

L'épais code du travail qui nous est présenté à la télévision est l'édition qu'en fait un éditeur privé. Il comporte les articles, plus de nombreux commentaires et extraits de la jurisprudence. La police de caractère est petite, et le code lui-même représente probablement moins de la moitié du total (je n'ai pas vérifié). Si vous demandez à Legifrance de vous imprimer un fichier pdf du code du travail, vous obtiendrez un document de 2979 pages, en police Times New Roman corps 12, avec un espace de 30 points entre le n° de l'article et son contenu. Au format Dalloz (l'éditeur des livres à couverture rouge), on descendra sous les 1000 pages. Mais cela constitue tout de même, je le reconnais, un document imposant. Le simplifier doit être possible... Prenons ça comme un chantier d'amélioration continue !

Avant de commencer, le qualiticien que je suis doit se demander "Qui est le client ? Quelles sont ses exigences ?" La réponse est assez simple : la loi protégeant le faible, on peut faire l'hypothèse qu'elle protège le salarié, puisque le salarié est a priori en position de subordination vis à vis de son employeur (cette subordination est même une composante essentielle du contrat de travail). Les complications de la version actuelle du code proviennent donc probablement de négociations longues, ou de corrections de textes rendues nécessaires par l'utilisation de failles logiques par certains employeurs.

Pourquoi, par exemple, trouve-t-on dans le code du travail, les articles suivants ?:
  • Article R4412-20 L'employeur, pour toutes les activités comportant un risque d'exposition à des agents chimiques dangereux, prévoit des mesures d'hygiène appropriées afin que les travailleurs ne mangent pas, ne boivent pas et ne fument pas dans les zones de travail concernées.
  • Article R4412-21 L'accès aux locaux de travail où sont utilisés des agents chimiques dangereux est limité aux personnes dont la mission l'exige.
    Ces locaux font l'objet d'une signalisation appropriée rappelant notamment l'interdiction d'y pénétrer sans motif de service et l'existence d'un risque d'émissions dangereuses pour la santé, y compris accidentelles.
  • Article R4412-22 Lors de travaux susceptibles d'exposer à des gaz délétères dans des espaces confinés tels que les puits, conduites de gaz, canaux de fumée, fosses d'aisances, cuves ou appareils quelconques, les travailleurs sont attachés ou protégés par un autre dispositif de sécurité.

Ces articles sont totalement superflus. On peut les enlever sans réfléchir, les barrer d'un trait de plume. Et voilà une demi-page traitée. On poursuit avec quoi ?

On peut jeter ces 3 articles aux oubliettes parce qu'on est là en présence de telles banalités, de telles évidences, qu'il n'est pas besoin de les rappeler. Aucun employeur doté d'une éthique minimum ne peut imaginer soumettre sciemment son personnel à des risques mortels. Bien entendu, si un ouvrier descend dans une cheminée, il doit être attaché ! Personne ne ferait le contraire. Pourquoi rappeler cette évidence, quand l'Article L4121-1 prévoit déjà que "l'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs" ?

Redescendons sur terre ! Si le code du travail prévoit toutes les circonstances où un travailleur doit être protégé, c'est qu'il existe des employeurs qui n'ont pas un curseur suffisamment bien réglé pour identifier les situations à risque. Ou d'autres qui n'ont pas l'éthique suffisante pour cela.

Simplifier le code du travail ? Facile ! Que ceux qui fixent les conditions de travail fassent preuve d'éthique, et les règles pourront être minimales; le simple bon sens suffira à trancher les cas non prévus.


Je crains que ce ne soit pas pour demain !


H


[*] : 1 000 et pas 10 000 comme je l'ai publié d'abord. Cette personne était brutale dans son approche, mais moi je ne me suis pas relu. Merci à Erwann de l'avoir fait pour moi !

samedi 12 septembre 2015

Créativité débridée

J'ai reçu un courriel amusant.

L'objet, écrit en majuscules en est : VOTRE RESERVATION PRIVILEGE "VENTES PRIVEES". Ça sent la vente de chaussures, ou peut-être la foire aux vins. Mais en lisant le message, j'en suis resté sans voix. Cela donne : "Nous tenons à vous faire bénéficier d'une OFFRE EXCEPTIONNELLE limitée. [nom de la banque] organise une vente privée d'offre de crédit au TAUX ATTRACTIF DE 2.4% (avec ouverture de compte).

Une vente privée d'offre de crédit ! Que voilà une manière créative de mettre les choses à l'envers. Je dois commencer à me faire vieux, parce que j'en étais resté au quidam qui, ayant besoin d'argent, poussait la porte d'une agence bancaire pour tenter d'obtenir un prêt. Et le banquier regardait le quidam sous toutes les coutures, vérifiait que l'argent ne serait pas gaspillé (qu'il pourrait si besoin récupérer le bien pour se payer en cas de difficultés). Puis il accordait, ou pas, le prêt en question.

Mais là, chapeau. Je vais pouvoir acheter une offre de crédit. Sans justificatif. Je n'ai pas à justifier d'un besoin quelconque. Je suis intéressé ? Ils me prêtent de 5 à 15 000 €, sur 12 à 48 mois.

Que veulent-ils donc que j'en fasse de cette "offre de crédit" ? Que je la revende ? Mais non, la vérité est plus prosaïque que ça. Pour bénéficier de cette vente privée, une seule formalité : remplir un formulaire, dans lequel je vais leur expliquer qui je suis, comment s'appelle mon employeur, si j'ai un CCD ou un CDI, combien j'ai d'enfants, mes revenus, le montant de mon impôt, mes crédits, le montant des allocations familiales... Au total, 58 cases à remplir. Autant d'informations qui valent une fortune.

En empruntant 5000€ sur 12 mois à 2.4%, le montant des intérêts est de 65€. Et on pense que je vais PAYER 65 euros pour DONNER des informations ?

Ça me rappelle ma jeunesse !
Rien que pour cela, j'ai le sourire !

H.