vendredi 31 juillet 2015

Le sucre, les pro-sucre, les anti-sucre...

Ce 28 juillet 2015, un "débat de midi" sur France Inter, intitulé : "Faut-il brûler le sucre ?". L'objectif est connu dès le titre énoncé: il va s'agir de dénoncer la consommation excessive de sucres rapides, et de dire que les produits industriels en contiennent beaucoup trop.

Autour du micro, les intervenants habituels : un animateur (Thomas Chauvineau), une journaliste (Danièle Gerkens), auteure de "Zéro sucre", un médecin nutritionniste (Réginald Allouche), un psychiatre addictologue (Amine Benyamina), un troisième médecin (Alain Frey), chef du service médical de l'Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance - l'INSEP qui accueille tous nos champions olympiques.

On entend des choses finalement assez attendues, sucre = obésité, sucre = décès précoces, sucre = plaisir, bref tout ce qu'on entend habituellement sur le sujet. Il manque peut-être un rappel de base : le sucre n'est pas une entité monolithique, et pendant des centaines de milliers d'années, le sucre a représenté l'essentiel des apports énergétiques de l'humanité : les graines, les céréales, d'abord, mais aussi les tubercules, les racines (le manioc), les bananes ! Ce sont les sources d'amidon qui couvrent nos besoins en calories. L'amidon, c'est du glucose, en longues chaines (les biochimistes parlent d'amylose et d'amylopectine). Et le glucose, c'est la molécule dont ont besoin nos muscles (le cœur, entre autres) et notre cerveau. Il n'est pas imaginable de vivre sans sucres. C'est aussi simple que cela. D'ailleurs Danièle Gerkens explique que si elle a vécu un an sans sucre, elle a continué à manger du pain et du riz. Elle a donc vécu un an sans sucre en mangeant du sucre...

Comme c'est un peu compliqué, ce genre d'émission doit caricaturer. Ce dont ils parlent, c'est des sucres simples : glucose, fructose, saccharose (qui n'est pas un sucre simple d'ailleurs, puisqu'il est composé de glucose et de fructose). Notre organisme ne fait pas beaucoup de différence, et le saccharose est rapidement transformé en glucose et en fructose, puis le fructose est utilisé pour produire de l'énergie.

À un moment (12 h 46), une question d'auditeur est posée : l'utilisation de miel, de sucre de canne ou du sirop d'agave, qui ont des index glycémiques plus bas, est-elle une bonne chose? Et là, un des invités (je crois que c'est le Dr Allouche, mais je n'en suis pas certain) nous fait un discours qui m'a fait bondir. J'ai édité ce qu'il dit pour ne conserver que les éléments pertinents, mais je n'invente rien.

"Le sirop d'agave, c'est du fructose pur. Le fructose est métabolisé uniquement par le foie. Ça lui demande beaucoup de travail, il a beaucoup d'enzymes à activer et quand il fait ça, il ne peut pas s'occuper des graisses."

Cette vision anthropomorphique du foie, représenté comme un individu qui a une volonté propre, ses priorités, et son petit train-train n'est pas digne d'un docteur. De plus, on sait que l'organisme sait prendre en charge le fructose, puisqu'il y a autant de molécules de fructose que de molécules de glucose dans un morceau de sucre raffiné... Mes cours de biochimie remontent à quelques 30 ans, mais à l''époque, on nous enseignait que le fructose était transformé au niveau du foie, coupé en deux par la fructokinase, donnant du dihydroacétone et du glycéraldhéyde qui rejoignent aussitôt la voie de la glycolyse, comme le glucose, pour donner de l'ATP et de l'énergie. Cette glycolyse fait en effet intervenir un grand nombre d'enzymes, mais en pratique, il n'y a qu'une enzyme spécifique pour métaboliser le fructose, ensuite, plus de différence avec le glucose. Je crois savoir que ce que j'ai appris est toujours valide aujourd'hui. Le docteur devrait le savoir.

"Je vous rappelle d'ailleurs que quand on veut faire du bon foie gras dans le Périgord, qu'est-ce qu'on fait ? On gave les oies avec quoi? Avec du maïs. Et c'est quoi le maïs ? C'est du fructose pur."

Là, c'est pire ! Le maïs serait du fructose pur ? Mais il faut qu'il dépose un brevet, le docteur. Il va faire fortune ! Soit il n'y connait rien, soit il n'y connait pas grand chose, soit il ment effrontément, mais il faut rectifier. Le maîs, c'est une plante et une graine. Comme toutes les graines, le maïs passe par des stades de maturation, l'amidon s'accumulant vers la fin du cycle. Donc il y a des différences de composition entre un maïs doux et un maïs sec. Regardons un peu...

L'Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail publie des données intéressantes, en particulier les tables du CIQUAL, sur la composition des aliments. En cherchant un peu, on trouve deux produits: le maïs doux d'une part, et la polenta cuite d'autre part. Voici les données :
  • Mais doux en épi
    • Glucides (g/100g) : 16,4
    • Lipides (g/100g) : 1,5
    • Sucres (g/100g) : 4,77
    • Amidon (g/100g) : 7,17
    • Fibres (g/100g) : 3,56
  • Polenta cuite
    • Glucides (g/100g) : 13,2
    • Lipides (g/100g) : 0,31
    • Sucres (g/100g) : 0
    • Amidon (g/100g) : 10,8
    • Fibres (g/100g) : 0,29
Les oies sont nourries avec du maïs en grain concassé. Sa composition va être intermédiaire entre celle du maïs doux (qui contient une enveloppe, donc des fibres) et celle de la polenta, produit enrichi en eau à la cuisson, débarrassé de son enveloppe donc de ses fibres. Si l'on en croit la page de Wikipedia consacrée au maïs, 100 g de maïs contiennent 64.2 g de glucides, dont 61.5 g d'amidon, soit moins de 5% des glucides qui ne sont pas de l'amidon. Affirmer que le maïs est du fructose pur est ... une grosse connerie.

Mais pourquoi aucun des autres invités (3 médecins, une journaliste) n'a-t-il relevé ?

H

ISO 9001 Certified

L'annonce de l'exécution de Yakub Memon, pour sa participation (qu'il a toujours niée) aux attentats de Bombay du 12 mars 1993 (pour mémoire : 13 bombes, 257 morts, 700 blessés) s'est accompagnée d'images de la prison de Nagpur, au centre de l'Inde.


C'est la première fois que je vois une prison afficher sa certification. Nous allons oublier la version un peu ancienne (l'ISO 2001:2000 a été remplacée par l'ISO 9001:2008, et sera très prochainement remplacée par l'ISO 9001:2015), pour nous interroger sur la certification elle-même.

L'ISO 9001 définit les exigences pour un système de management de la qualité. Je ne connais pas le fonctionnement de l'Administration Pénitentiaire en Inde, pas plus que dans l'État du Maharashtra d'ailleurs. Mais j'imagine qu'il existe une administration centrale, qui laisse assez peu de liberté d'organisation, de recrutement, de financement... au directeur d'un établissement. Le système de management de la qualité de l'établissement peut-il alors être réellement piloté par le directeur ?

Ceci dit, j'applaudis sans réserve à la volonté de mettre de la qualité dans les services publics. Que ne généralise-t-on, cette approche !

Il n'empêche... comment organiser un audit ? Et comment mesurer la performance de processus (aussi peu utilisés soient-ils) tels que l'exécution par pendaison ? Comment positionner ce processus dans la "performance durable" ?

H

jeudi 23 juillet 2015

Je n'aime (toujours) pas les voleurs...

Mais je reconnais qu'envoyer un courriel aux sites abritant les marchés aux voleurs est efficace. L'image que je souhaitais voir supprimée l'a été en quelques heures.

Cela renforce ma conviction que le système est vicié...

H

mercredi 22 juillet 2015

Je n'aime pas les voleurs

Et si je suis la personne lésée, je les aime encore moins.

Internet est la meilleure et la pire des inventions du 20ème siècle. L'abondance de biens à disposition d'une part, l'anonymat d'autre part font que les tentations sont nombreuses. L'aisance avec laquelle, d'un simple clic de souris, on peut enregistrer facilite le passage à l'acte. Mais ce qui rend le système d'une immense perversité, c'est l'existence des "plate-formes", ces cours des miracles modernes où s'échangent des biens d'origine incontrôlée, et où les loueurs d'emplacement sont les seuls à gagner de l'argent.

Oh, bien sur, ils ont des juristes, qui écrivent de belles pages, bien denses, en anglais, pour exiger de leurs membres qu'ils ne fassent entrer que des choses qui leur appartiennent. Ensuite, ils ferment les yeux. Un de leurs "membres" contrevient aux règles ? How shocking ! Mais comment aurions-nous pu le savoir ? Oh là là, ce n'est pas bien, nous allons effacer ça. C'est à la victime de faire l'effort, et ceux qui ne s'en rendent pas compte (c'est du boulot, de surveiller l'Internet) sont les cocus magnifiques de l'histoire.

Un des pires (à mes yeux) est scribd.com. Les "membres" mettent en vente des choses qu'ils ont récupéré ici ou là - des normes ISO par exemple, ou des pdf réalisés avec une imprimante virtuelle, lorsqu'on visite un site internet - comme le mien, au hasard.

J'ai découvert aujourd'hui une autre variété : Pinterest. Un réseau social, nous dit-on. Si on veut. Mais moi, je ne veux pas. Une image extraite de mon site internet (une représentation d'indicateur en forme de feux tricolores) apparaît sous le titre "Coloriage Feus (sic) Tricolores Page 2" Oublions la monstruosité orthographique, oublions que l'image est en couleurs, et que ce n'est donc pas un coloriage, il faut cliquer dessus pour voir apparaître "credit:bazin-conseil.fr"

C'est un peu facile. bazin-conseil.fr est un site internet. Mais les droits de propriété intellectuelle sont à mon nom personnel. Le fait que je sois aussi le propriétaire du site n'a rien à voir. Les droits appartiennent à l'auteur, les lois internationales sont sans ambiguïté. Et je n'ai autorisé personne à recopier mes images, pas plus qu'à les "épingler". Je l'interdit même de manière claire.

Là où les choses passent à un niveau supérieur, c'est quand on lit la page "http://pinstake.com/dmca", qui traite du copyright infringement (de la contrefaçon). Non seulement c'est en anglais (comme si le monde entier devait parler la langue de son voleur pour se faire entendre) mais encore on exige de celui qui se plaint d'envoyer par courrier, à un "Agent Désigné" en Espagne (qui a une adresse courriel chez gmail.com, ce qui ne fait pas très professionnel) tout un tas de documents, faute de quoi ils ne feront rien. Et s'ils font quelque chose, c'est dans les 10 jours, et si celui qui avait épinglé l'image n'est pas d'accord, ils peuvent la remettre en ligne, à leur simple bon vouloir.

Allez faire un tour à la foire aux voleurs : http://pinstake.com. Vous y verrez des photos de presse par dizaine (et les droits du photographe ou de son agence ?), des copies de bandes dessinées (et l'auteur, et l'éditeur ?), des photos publicitaires, de films, d'acteurs... Bref, rien de réellement créatif.

J'ai envoyé un e-mail à l'Agent Désigné, un autre au site. On verra bien.

H

samedi 4 juillet 2015

Une communication efficace !

Comme vous tous - du moins je le suppose - je reçois des messages électroniques non sollicités, des "spams", des "pourriels". Je les détruis bien entendu, sauf quand l'envie me prend de les utiliser pour illustrer mes propos. Je me souviens d'un "certifiés-vous" assez désopilant...

Aujourd'hui, c'est du même tonneau. Une "infolettre" me promet de doper mon développement commercial avec une communication efficace. Cela pourrait m'intéresser si la personne qui m'interpelle communiquait elle-même de manière efficace. Je vous laisse juger :


Mes critiques ? Elles sont nombreuses :
  1. Sa police de caractère ne s'affiche pas convenablement dans mon client de messagerie. Je sais que c'est le résultat d'un conflit entre le jeu (c'est un réglage html, on ne parle pas de la police, mais de la manière dont elle va être reconnue) de caractère qu'elle a choisi et les réglages que j'ai sélectionnés dans mon client de messagerie. Si je faisais une modification, l'affichage serait parfait. Mais je n'ai pas invité cette dame, c'est elle qui s'impose; elle doit donc s'adapter à mon environnement, et pas l'inverse;
  2. La première phrase (je cite : "Inscription au salon des RIDY qui aura lieu le 8 octobre prochain à Auxerrexpo.") est bancale, je ne comprends pas si cette dame nous annonce qu'elle vient de s'inscrire, ou que les inscriptions sont ouvertes, ou qu'elle m'encourage à m'inscrire...
  3. Il m'a fallu faire un effort pour comprendre ce qu'était le salon des RIDY (les Rencontres Industrielles De l'Yonne, tout simplement). Comme je n'habite pas à Auxerre, ni dans l'Yonne, ni même en Bourgogne, ce sigle ne m'a pas parlé instantanément. Or, quand le lecteur ne comprend pas le titre, il y a de fortes chances qu'il décroche aussitôt;
  4. Je ne vois pas ce qu'on entend par la "qualification de fichiers". Même en lisant, je me dis qu'il s'agit de qualifier le contenu du fichier, pas le fichier lui-même...
  5. Le logo qu'elle a choisi (une feuille d'érable) et l'image (une forêt du Nord-Est américain à l'automne) renvoient immédiatement au Canada. Il y a une grosse incohérence entre le message envoyé ("je suis Canadienne", ou "j'aime bien le Canada", ou encore "je travaille avec le Canada") et la population ciblée (les industriels du Nord-Ouest de la Bourgogne);
  6. Un logo écrit en noir sur fond gris soutenu, ce n'est pas lisible. Or un logo devrait, à mon Sens être un vecteur de communication efficace et pour cela, il doit être vu;
  7. Un texte en noir sur un arrière-plan de lac sombre : ce n'est pas lisible non plus;
Bref, je ne pense pas que cette dame soit une grande professionnelle de la communication, et donc je vais la laisser à ses courriels.

Mais alors, pourquoi en faire un billet ? Si j'oublie l'irritation ressentie face à cette intrusion grossière ? Pour illustrer, une fois encore, les dégâts que peuvent faire l'incompétence et l'outrecuidance. Les entreprises françaises (et pas seulement elles) sont, nous dit-on, à la recherche de compétitivité. Mais comment la trouver si les acteurs ne sont pas professionnels, s'ils font "de leur mieux", quand le résultat est insuffisant ?

Pas réjouissant, avant les vacances !

H