mercredi 31 décembre 2014

Nécrologie

Je découvre avec 6 semaines de retard le décès d'Armand Feigenbaum, à l'âge de 92 ans, et je souhaitais lui rendre hommage. Après Deming, Ishikawa, Juran, Crosby, Goldratt, c'est un des derniers grands noms de la qualité qui nous quitte.

Statisticien de formation (comme tant d'autres !), Feigenbaum fut le premier à utiliser l'expression "qualité totale", et a milité pour étendre le concept de management de la qualité au-delà de la phase de production. Il a aussi parlé de l'"usine invisible", qui génère des couts sans créer de valeur, parfois à hauteur de 30 ou 40% du chiffre d'affaires.

Nous manquons aujourd'hui de penseurs de ce niveau. Puisse 2015 (que je vous souhaite prospère) nous en apporter !

H

vendredi 26 décembre 2014

C'est Noël

C'est Noël, et je vous fais deux cadeaux. Plus exactement, je vous rappelle que W. Edwards Deming a fait ces 2 cadeaux à l'Humanité (je suis volontiers grandiloquent en fin d'année) lorsqu'il a publié son livre Out of the Crisis (hrs de la crise) en 1986.

J'ai fait deux dossiers sur mon site à ce sujet :

Ces deux dossiers donnent de très utiles conseils pour redonner de la compétitivité économique à nos entreprises (qui semble-t-il en ont bien besoin).

Je vous souhaite bonne lecture, et je vous souhaite également une excellente année 2015 !

H

lundi 22 décembre 2014

Le titre d'ingénieur

Je viens de tomber, presque par hasard, sur un arrêté amusant. Il s'agit de l'Arrêté du 19 novembre 2014 fixant le règlement, la nature et le programme des épreuves des concours externe et interne pour l'accès au corps des ingénieurs électroniciens des systèmes de la sécurité aérienne (NOR: DEVA1417931A ).

La "nature et le programme des épreuves" pour l'admission à un Corps de l'État, ça ne rigole pas. On se dit qu'il faut être ingénieur, et parmi les meilleurs. Le Corps des Mines, celui des Eaux et Forêts, c'est quelque chose. Regardons de plus près...

ANNEXE - PROGRAMME DES CONCOURS EXTERNE ET INTERNE DES INGÉNIEURS ÉLECTRONICIENS DES SYSTÈMES DE LA SÉCURITÉ AÉRIENNE; Admissibilité

  • 1. Épreuves écrites obligatoires

    1.1. Mathématiques (durée : 2 heures, coefficient 3) :

    L'épreuve se présente sous forme de questionnaires à choix multiple (QCM) portant sur les mathématiques. L'épreuve repose sur le programme pédagogique national en vigueur des DUT GEII (génie électrique et informatique industrielle) et R&T (réseaux et télécommunications) et plus précisément sur les parties communes entre les thèmes 2 (innovation par la technologie et les projets) et 3 (formation scientifique et humaine) du DUT GEII et les unités d'enseignement (UE12 - mise à niveau des compétences transversales et scientifiques, UE22 - développement des compétences transversales et scientifiques et UE32 - renforcement des compétences transversales et scientifiques) du DUT R&T..

    Bon, pour les maths, on est loin du niveau ingénieur...

  • 2. Epreuve technique écrite obligatoire à options (choix d'une seule épreuve)

    L'épreuve technique obligatoire à options (GEII ou R&T) repose sur les enseignements communs à tous les DUT dans les domaines de l'informatique, de l'électronique et des réseaux. Elle ne portera donc pas sur les modules complémentaires. Quelle que soit l'option, l'épreuve se présente sous forme de questionnaires à choix multiple (QCM).

    2.1. Génie électrique et informatique industrielle (GEII) (durée : 4 heures, coefficient 6) : L'épreuve repose sur le programme pédagogique national : PPN DUT GEII 2013 - thème 1 : composants, systèmes et applications.

    2.2. Réseaux et télécommunications (R&T) (durée : 4 heures, coefficient 6) : L'épreuve se base sur le programme pédagogique national : PPN DUT R&T 2013 - Unités d'enseignement UE11 - découverte métiers, UE21 - consolidation métiers, UE31 - approfondissement métiers, UE12 - mise à niveau des compétences transversales et scientifiques, UE22 - développement des compétences transversales et scientifiques et UE32 - renforcement des compétences transversales et scientifiques.

    Pour les épreuves d'informatique et d'électronique, on est loin aussi du niveau ingénieur
Je vous recommande d'aller consulter le texte, il est plus qu'instructif. On y parle de "notions" de navigation, de "notions élémentaires" sur les propulseurs et les instruments de bord.

En d'autres termes, pour intégrer le corps des ingénieurs électroniciens des systèmes de la sécurité aérienne, il suffit d'avoir le niveau DUT génie électrique, et des notions élémentaires en matière d'aéronefs...

Néanmoins, la sécurité reste une priorité des autorités. Ainsi, la morale est sauve !

H

jeudi 18 décembre 2014

Les journalistes

Je suis navré, chers amis, j'ai déjà confirmé ici combien je trouvais votre métier formidable, mais je me dois de vous rappeler que diffuser des informations en direct à des centaines de milliers ou des millions de personnes est une responsabilité importante. Les gens qui vous écoutent vous croient. Et donc si vous dites des choses inexactes, ils vont les répéter. Et quel est l'intérêt de propager des choses inexactes ?

France Inter, donc, avant 8 heures jeudi matin (18 décembre 2014). L'une d'entre vous répète à l'antenne que le CNC limite dorénavant les salaires des acteurs, et qu'il n'est plus possible de toucher 1 million d'euros par film. C'est tout simplement faux. F-a-u-x. Pas vrai. Inexact. Erroné.

Une fois encore, disons-le, ce sont les avances sur recette qui sont supprimées. Un producteur qui peut sortir des cachets de ce montant n'a pas besoin de l'avance sur recettes. C'est tout. Et ce n'est pas si mal !

H

samedi 13 décembre 2014

Les règles

J'ai déjà abordé le problème des normes, des règlements, des lois, et de la manière dont elles sont perçues par les acteurs économiques.

Deux exemples qui me semblent porter à réflexion :

J'entendais ce matin à la radio un acteur de cinéma, auquel il était posé la question des cachets des acteurs. La question était d'ailleurs étrangement posée, en passant par l'étrange biais des salaires des footballeurs. Pourquoi diable ne pas être direct ? Mais peu importe ici. "Bon, disait (en substance, je ne cite pas) l'acteur, dorénavant, on est limité à neuf cent quatre-vingt dix mille euros." Visiblement, il n'avait jamais touché autant, et donc il ne semblait pas très concerné. Mais visiblement aussi, il avait une vision très déformée de la réalité. De ce que j'ai pu entendre et lire sur la question, il n'est pas impossible à un acteur de toucher un salaire bien plus élevé que 990 000 € pour un film. Rien ni personne ne l'interdit. Ce qui ne sera plus possible c'est d'obtenir l'avance sur recettes et les autres subventions du CNC lorsque la production sera capable de sortir un aussi gros montant pour rémunérer un acteur. La nuance est de taille. Si les subventions sont faites pour aider la production française à passer les barrières (réelles ou supposées) de l'exception culturelle française, on peut imaginer qu'elles soient attribuées aux projets qui en ont réellement besoin. Et qu'à partir du moment où on arrive à isoler dans le budget un million d'euros, ou plus, pour rémunérer pendant quelques semaines ou quelques mois le travail, le talent et la marque qu'est le nom de l'acteur, alors les avances ne sont probablement pas indispensables...

Autre sujet actuel : le compte pénibilité. Une usine à gaz hurlent les employeurs, inapplicable, couteuse, inefficace, "mesure absurde et anxiogène"... "Je vais devoir embaucher 2 personnes à l'année pour remplir les feuilles" ai-je entendu. Et tout le monde de montrer les incohérences et les absurdités, la mesure de l'angle que doit faire la colonne vertébrale avec la verticale pour ouvrir le droit à l'enregistrement ou la présence du chronomètre pour vérifier si les 5 heures quotidiennes seront atteintes ou non...

Ma vision ici, c'est qu'à la base il y avait une idée noble. Et qu'elle a été transformée en usine à gaz parce que les différents acteurs (pas de cinéma, les acteurs sociaux) se sont affrontés sur le terrain de la mesure, essayant de créer un modèle parfait au lieu de s'en tenir à un modèle juste. D'où la mesure des angles (un critère parfait) et sa contrepartie : l'angle est impossible à mesurer, donc inapplicable.

Pourquoi-donc sommes nous collectivement incapables d'accepter l'idée que pour l'immense majorité des postes de travail, le suivi sera extrêmement facile ? Vous travaillez ici ou là : pas de pénibilité, les critères ne seront jamais atteints, ou si rarement que cela ne représente pas un facteur de risque. Vous travaillez ailleurs, les critères seront atteints tous les jours, ou presque. Donc par défaut, ils seront atteints. Et les points pénibilité tombent (ou ne tombent pas) de manière automatique. D'ailleurs, si le Document Unique est bien fait, si l'évaluation des risques au poste de travail a bien été faite (c'est une obligation, annuelle, depuis 2001, on pourrait parler de son application réelle), les postes à risque sont connus et archi-connus. Et l'employeur a tout fait pour les faire disparaitre... Au final, combien y aura-t-il de postes à suivre de manière réellement individuelle ? 10 %? 5 %? moins ? Tiens, d'ailleurs, est-il possible de suivre individuellement l'exposition des salariés aux radiations ionisantes ? Oui ? Chez tous les salariés du nucléaire ? Dans les cabinets de radiologie ? Chez tous les dentistes ? Oui ? Donc, si ce genre de choses est possible, ça pourrait être dupliqué? Sans que l'on ne s'entretue ? Bonne nouvelle !

Les règles sont ce qu'on veut en faire. En ce moment, elles sont visiblement des arguments pour ne pas bouger, pour opposer les uns aux autres, pour aller vers le conflit.

Messieurs et mesdames nos élites dirigeantes : pensez-vous réellement que le conflit va amener la compétitivité que vous attendez si ardemment ?

H

dimanche 23 novembre 2014

Encore un effort, Madame la ministre !

Ce dimanche midi, Madame Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation Nationale, était invitée du journal de la mi-journée de France 3.

Interrogée par Francis Letellier, journaliste à la limite de l'agressivité (coupant régulièrement la parole, se référant à la presse people, et cherchant visiblement à obtenir une petite phrase maladroite qui ferait entrer son interview dans "le buzz" médiatico-médiatique), elle a également répondu à une enseignante qui posait l'excellente question de l'envoi des professeur les moins expérimentés dans les zones les plus difficiles.

Madame la ministre a répondu deux choses. D'abord qu'il fallait en finir avec la date unique du concours pour devenir professeur, afin d'ouvrir une seconde session pour l'académie de Créteil, et ainsi offrir une seconde chance à des candidats de valeur. C'est me semble-t-il en effet une bonne chose, le résultat à un concours étant (j'en sais quelque chose, étant passé par là) autant affaire de chance que de niveau ou de connaissances (sans raconter ma vie, j'ai été reçu à l'école la plus prestigieuse, et recalé aux deux autres, moins prestigieuses, où je m'étais également présenté).

Ensuite, qu'il fallait rendre le territoire plus attractif... Là je ne pense pas qu'on soit sur la bonne voie.

Un des problèmes de l'Éducation Nationale, c'est que le système a perdu de vue qui était son client (ou qui étaient ses clients). Dès lors, il s'est organisé non pas autour des besoins de ses clients, mais autour de ses propres attentes. Ce n'est pas spécifique à l'EN, et on rencontre cela dans toutes les organisations dans lesquelles les processus ne sont pas bien planifiés. C'est ainsi que les prof les plus expérimentés, ayant acquis des points, échappent aux postes les plus difficiles, et que l'on met des enseignants en situation d'échec face à des jeunes eux aussi en situation d'échec. C'est homogène, me direz-vous, mais c'est délétère et on assiste à beaucoup trop de démissions précoces de ces enseignants.

Encore un effort, Madame la ministre. Posez sur le métier un ouvrage conséquent, mais en partant du fondamental : d'abord, répondre aux questions : "qui sont les clients?" et "quelles sont leurs exigences?". Ensuite seulement, on regarde "quelles sont les parties intéressées et quelles sont leurs attentes?". De le méthode, et vous verrez, on arrive à des résultats.

Je recommande même la lecture du référentiel du Malcolm Balridge National Quality Award, section éducation. Les questions posées secouent un peu, mais cela en vaut la peine!

H

mercredi 19 novembre 2014

Le World Community Grid

World Community Grid, c'est une communauté de volontaires qui font fonctionner leurs ordinateurs pour que des applications de recherche scientifique puissent y tourner.

Par exemple, Le projet "Fight AIDS @ home" (combattre le SIDA à la maison, lancé en 2005) a accumulé près de 322 000 années de temps processeur. 650 millions de résultats ont été accumulés. Il en est à 89% d'avancement. L'objectif est de trouver des produits chimiques qui pourront bloquer la protéase du VIH.

C'est aujourd'hui le dixième anniversaire du projet. Pourquoi n'iriez-vous pas visiter le projet?

Et pourquoi ne pas rejoindre ce généreux projet collaboratif ?

H

lundi 17 novembre 2014

Je ne suis pas charitable

Non, ce n'est pas beau de se moquer. Mais quand c'est aussi gros, j'avoue avoir de la difficulté à me réfréner. J'ai reçu un courriel contenant ceci :
Je ne suis pas un fanatique de la certification, mais là, c'est certain, je ne vais pas y aller. Même le modèle de leur visuel est horrifiée par tant d'inculture.

La dernière fois que j'ai découvert une chose innovante ? Je ne sais plus. Quand j'ai appris la conjugaison ?

Bon, j'ai honte, ça compense ? (inspiré de Woody Allen)

H

P.S. C'est amusant de voir comment le cerveau fonctionne. Ce qui m'a fait sursauter, c'est le "certifiés". Mais ça m'a fait passer à côté de la faute de frappe à "consultant". Alors qu'un de mes collègues, qui lit probablement de manière plus linéaire, s'est arrêté dès la première erreur.

Quoi qu'il en soit, c'est un produit très défectueux que nous avons là...

samedi 25 octobre 2014

économie : encore et toujours les mêmes visions stupides

Je lis ce matin un article sur le site orange.fr, qui reprend une information de l'AFP, et qui parle d'Amazon, le géant de la vente en ligne.

Chez Amazon, nous explique-t-on, rien ne va plus : une perte annoncée de 437 millions de dollars au 3ème trimestre; le cours de l'action a chuté de 30% depuis "le record historique de janvier" 2014; la croissance stagne à 7%, là où elle atteignait encore il y a peu les 20%. La faute, semble-t-il, à des investissements hors du cœur de métier, qui agacent les investisseurs.

Je vais citer ici le passage qui me fait sursauter : "La goutte d'eau qui semble avoir fait déborder le vase, c'est le Fire Phone. Lancé cet été, ce premier téléphone d'Amazon n'a pas trouvé son public et des stocks importants lui sont restés sur les bras, occasionnant une lourde charge trimestrielle."

Résumons :
  • Une entreprise a vu son cours de bourse atteindre un sommet, mais les analystes s'étonnent que le sommet ne soit pas dépassé encore et toujours. Ma vision du sommet, c'est qu'après, on descend. C'est d'ailleurs prévu par la théorie économique de base, vous savez bien : le marché qui s'auto-régule, la concurrence salvatrice qui fait descendre les prix, qui rogne les ailes du puissant dès lors que sa position éveille les appétits. Donc, la surprise est-elle de mise, chez les professionnels donneurs de leçon ?
  • Une entreprise a une croissance de 7%, telle une économie en voie de développement, là où les États peinent à dépasser les 2%, et on lui en tient rigueur? Comment ces analystes, ou ces investisseurs, feraient-ils, pour atteindre les objectifs qu'ils fixent?
  • Une entreprise lance un produit nouveau, qui implique des développements longs, une industrialisation, et on regarde le résultat au bout d'un trimestre? Un trimestre, c'est à peine le temps qu'il faut pour stabiliser une ligne de fabrication ! Je reconnais que la fabrication se fait sur des lignes en Asie, lesquelles fonctionnent depuis longtemps. Mais attendre un résultat au bout de 3 mois ! Sauf à posséder une boule de cristal en bon état, il est impossible de garantir qu'un lancement sera un succès en quelques semaines...
Bien entendu, chacun peut penser ce qu'il veut du modèle Amazon, de ses pratiques vis à vis du paiement de l’impôt, de l'impact de sa croissance sur le devenir des "petits".

À côté de cela, pas grand monde pour commenter les "stress tests" que les banques ont subi. Ceux réalisés en 2011 n'étaient pas sérieux, parait-il, ceux de 2014 sont forcément bien meilleurs. Vous êtes priés d'avoir confiance, et d'y croire! Pas grand monde pour s'interroger sur la structure du capital des banques : 3% vient des actionnaires (des propriétaires) et 97% vient des emprunts que les banques se consentent entre elles. En d'autres termes, quand une banque risque 100, elle peut perdre au maximum 3, et faire perdre 97 aux autres... À mon avis, si les actionnaires des banques jouaient leur argent, ces dernières agiraient avec une prudence infinie.

Mais je ne suis pas économiste...

H

mardi 14 octobre 2014

Compétitivité, encore et toujours

Ce matin, j'écoutais le 7/9 de France Inter. L'invité politique est Alain Juppé, venu nous annoncer son optimisme, au vu de sondages récents. Et à un moment, il annonce qu'il sait ce qu'il faut faire pour aider les entreprises françaises. C'est, je le reconnais, une annonce d'importance, puisque tout ce qui est fait depuis des années n'a pas réussi à montrer son efficacité. J'écoute donc attentivement.

"Il faut", dit-il donc en substance (je ne cite pas, allez donc ré-écouter l'interview), "baisser les charges sur les salaires, revoir le temps de travail, revoir le Code du Travail, garantir un prix de l'énergie bas, diminuer les impôts et revoir la formation puisque les entreprises ne trouvent pas de bons candidats alors que des diplômés ne trouvent pas de travail". Eh bien, cela valait le coup d'attendre. Une superbe vision comptable du problème. La même que celle de tous les autres politiques, tous les journalistes et chroniqueurs économiques, tous les grands patrons d'entreprise.

Bref, rien de neuf. Rien que l'on ne connaisse déjà. Ces méthodes ont été essayées, elles ne donnent que des résultats très insuffisants. "Si les entreprises tournent mal, c'est la faute du contexte, c'est la faute de l'environnement, c'est la faute des contraintes extérieures" : excuses pitoyables. Ce ne serait jamais de la responsabilité du chef d'entreprise, du système qu'il a mis en place, ou qu'il a laissé mettre en place, ou qu'il n'a pas su modifier ? Pour W. Edwards Deming, 94% des décisions permettant d'améliorer le fonctionnement des entreprises sont du ressort de la direction.

94%... L'action n°1 à entreprendre, sans délai, est la formation de nos élites dirigeantes.

H

samedi 11 octobre 2014

La géographie

"Ceux qui font l'histoire défont la géographie". Je ne sais plus qui a dit ça (ou à qui on attribue ça), mais l'expression fait référence aux grands conquérants, les Alexandre le Grand, Jules César, ou même Napoléon.

J'ai reçu un courriel d'une compagnie aérienne. Le métier des compagnies aériennes, c'est de transporter des individus ou des marchandises d'un point A à un point B. On peut donc s'attendre à ce qu'une compétence de base soit la connaissance de la géographie.

Voici l'image qui accompagne le courriel :

Rien ne vous choque ? Tous ceux qui sont allée à Prague, en république Tchèque (et même pour certains, en Tchécoslovaque, c'est dire si je connais des anciens), tous, donc, m'en ont vanté la beauté. J'envisage donc de m'y rendre. Et comme je dispose d'un certain nombre de miles (de points pour bénéficier de voyages gratuits), j'envisage de m'y rendre avec cette compagnie aérienne.

Mais voilà : faut-il que je prenne un billet à destination de Vienne, en Autriche ?

Bon, vous me direz, "ce n'est pas comme si cette entreprise voulait redorer son image"...

H

mardi 23 septembre 2014

Les gouttes enflamées

J'ai eu l'occasion de m'intéresser à une rubrique de la nomenclature ICPE. J'ai été chercher les textes de loi qui encadrent cette rubrique. Et j'ai été chercher les définitions (vous savez que j'entretiens le site Qualitionnaire et son glossaire). Et j'ai découvert quelque chose.

Dans l'Arrêté du 23 décembre 2008 relatif aux prescriptions générales applicables aux entrepôts couverts relevant du régime de la déclaration au titre de la rubrique n° 1510 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement (NOR: DEVP0827962A ), on trouve une annexe qui contient des définitions. Et il est écrit : "réaction et résistance au feu des éléments de construction, classe et indice de toiture, gouttes enflammées » : ces définitions sont celles figurant dans les arrêtés du 21 novembre 2002, du 22 mars 2004 et du 14 février 2003 susvisés".

Bon, ce n'est pas sympa, mais allons rechercher si on trouve les définitions annoncées dans les arrêtés "susvisés" (j'aime beaucoup ce mot). Par exemple "gouttes enflammées".
  • dans l'arrêté du 21 novembre 2002 relatif à la classification des matériaux selon leur réaction au feu , on ne trouve pas de référence à "goutte enflammée";
  • dans celui du 14 février 2003 sur les performances des toitures et couvertures de toiture exposées à un incendie extérieur , on n'en trouve pas non plus;
  • et dans celui du 22 mars 2004 sur la détermination du degré de résistance au feu des matériaux de construction, surprise, on ne trouve pas non plus
Amusant, non : la source citée (les sources citées) comme contenant la définition est vide (sont vides). Alors, peut-être que la définition est dans une norme annexe, non directement accessible. Mais je suis toujours surpris lorsque je constate que les textes sont mal écrits.

Ils sont où, les qualiticiens des ministères ?

H

dimanche 21 septembre 2014

C'est pas moi !

Comme je suis allergique aux kilos de dépliants publicitaires retrouvés dans les boîtes aux lettres, publicités qui vont directement à la poubelle, j'ai mis sur la mienne (sur ma boîte aux lettres) un signe "pas de publicité". Ce n'est pas un autocollant délavé, c'est une plaque gravée, avec un bon contraste, tout à fait lisible. Ça fonctionne plutôt bien, et il est exceptionnel que je retrouve des liasses de prospectus pour les grandes surfaces.

Mais il arrive que je trouve tout de même des cartons, généralement déposés par des "locaux", le plus souvent des agences immobilières. Là, il y avait 3 papiers. Deux (différents) provenaient d'un antiquaire qui m'assurait de son total dévouement, et une agence immobilière du quartier qui m'assurait elle aussi de son total dévouement. Comme j'ai peut-être un peu mauvais caractère, et que j'avais un peu de temps, je leur ai téléphoné. "Bonjour, j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres un prospectus venant de chez vous, et j'ai une petite question à vous poser". "Bien sûr monsieur, je vous écoute". "Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans "pas de publicité" ?". Et là, un petit blanc, puis "Ah ben oui, vous n'êtes pas le premier, je leur ai bien dit, mais vous comprenez, ce n'est pas moi qui fait la distribution." "Mais c'est votre nom, votre numéro de téléphone. Vous êtes responsable de l'activité, vous devez vous assurer que les choses sont bien faites." L'antiquaire m'a dit qu'il ne pouvait pas mettre en prison celui qui faisait la distribution, a ajouté que puisque j'étais écologiste, je n'avais qu'à mettre les prospectus dans la poubelle de recyclage et m'a raccroché au nez. La secrétaire de l'agence immobilière a essayé un argument ("ce n'est pas une publicité, c'est une information"), avant de me demander mon adresse pour retrouver celui qui était en faute.

J'ai dit à l'agence immobilière que l'image transmise aux clients était "Nous ne respectons pas vos désirs aujourd'hui, donc nous ne vous respecterons pas non plus si nous devons faire affaire un jour". J'ai insisté sur le caractère déplorable de cette approche. Je ne suis pas certain d'avoir été entendu.

Au-delà de cet aspect - qui à lui seul a des conséquences terribles sur le business - cela renvoie à la maîtrise des opérations sous-traitées. Il est tout à fait acceptable qu'une entreprise, quelle que soit sa taille, sous-traite une partie de son activité. Mais elle doit garder la maîtrise du processus comme elle en surveille le résultat. Je ne peux pas connaître le sous-traitant, et je ne peux que m'adresser au donneur d'ordre. Celui-ci a toujours tort quand il hausse les épaules.

L'intelligence entrepreneuriale a encore des progrès à faire...

H

mercredi 3 septembre 2014

A consommer avec modération

J'ai la chance de voyager pour mon travail. Aujourd'hui je suis à Cayenne.

J'avais besoin de marqueurs, alors je suis allé dans une grande surface pour en acheter. Et dans les rayons, j'ai vu ceci :

Dans un litre de rhum à 50°, il y a 500 mL d'alcool pur, soit 400 g d'alcool pur. A 4,75€, cela nous met le gramme d'alcool pur à 1,19 cents d' €.

J'ai cherché sur Internet, la bouteille de rhum Dillon la moins chère que j'ai trouvée, c'est 70 cL de rhum à 43°, pour 12,78 €. 70 cL de rhum à 43°, c'est 301 mL, soit 241 g d'alcool pur. Pour 12,78 €, on a le gramme d'alcool pur à 5,3 cents d'€. Il y a un facteur 4,5 (environ) entre la Guyane et la métropole.

Le prix bas vient notamment de taxes très inférieures en Guyane (les droits sur les alcools en particulier, qui se montent 8,59€ par litre d'alcool pur), ou la contribution sécurité sociale: 5,52 € par litre d'alcool pur, mais aussi la TVA "normale" est à 0% (et les tickets de caisse de l'hyper marché affichent au-dessous "TVA réduite : 0%" ! la logique scientifique est respectée). Droit sur les alcools + contribution sécurité sociale devraient donc atteindre 14,11 € pour un litre d'alcool pur, ou 7,05 € pour un litre de rhum à 50°. Et je ne parle pas de payer la bouteille, ni de rémunérer la distillerie ou le distributeur. Je ne compte que les taxes...

Le croirez-vous ? Le très sérieux INPES, l'Institut National pour la Prévention et l’Éducation en Santé, nous certifie pourtant (lire l'étude ici) que l'alcoolisme en métropole est pourtant plus important qu'aux Antilles et en Guyane :
Comme quoi la politique de l'offre n'est pas nécessairement un gage de réussite pour relancer la consommation !

H

vendredi 29 août 2014

Trop de normes, trop de lois ...

... ou trop peu d'éthique chez les puissants ?

La Loi est une belle chose, qui encadre les actions des individus pour protéger les plus faibles d'entre eux, ou la Société. Bien entendu, ceux qui veulent la contourner font preuve d'imagination, et une autre loi doit apparaître, pour préciser la première. Petit à petit, l'Humanité est passée des 10 commandements à un arsenal quasi inextricable de textes plus ou moins rapiécés. Aucune entreprise ne pourrait fonctionner convenablement avec un système qualité documenté comme sont les lois, codes, décrets, arrêtés français. Du coup, non seulement les plus habiles des lecteurs arrivent à trouver des manières légales, sinon loyales, de pratiquer à leur guise et d'échapper, par exemple, à l'impôt, mais encore il est facile de montrer à la face du monde des Codes obèses en demandant leur "simplification" en préalable à tout mouvement de progrès.

C'est peut-être de bonne guerre, même si ça ne fait pas avancer le bien-être du peuple.

Aux États-Unis, la situation est pire encore, les "lawyers" sont partout, les tribunaux pléthoriques et la justice pas tout à fait aussi "publique" que chez nous, puisque les juges sont élus, que les procureurs sont payés par les mairies, que la police est payée aussi par la mairie, que les maires sont eux aussi élus et que donc les juges travaillent pour les maires. Bien entendu, ils se doivent de respecter scrupuleusement les textes, sinon leurs décisions sont cassées.

À Philadelphie (en Pennsylvanie), R. Seth Williams, le procureur du district (le District Attorney, ou DA) est un homme puissant. Pas moins de 600 personnes travaillent pour lui : juristes, enquêteurs, personnel administratif. De même, Charles H. Ramsey, le chef de la police, dirige 6 600 policiers et 800 civils. Il faut dire que la ville, dont le maire est Michael A. Nutter, compte un million et demi d'habitants - c'est la septième zone économique des USA, abritant les sièges de Rohm & Haas, GlaxoSmithKline, FMC corp....

Tout ce beau monde fait aujourd'hui l'objet d'une "class action", pour avoir détourné de son objet une Loi locale : la "civil forfeiture", ou "confiscation civile". Cette loi de Pennsylvanie permet la confiscation de matériel, ou d'argent ayant servi par exemple à du trafic de drogue. Elle s'applique aussi à un bâtiment, ou à une voiture, dans ou avec lesquels le crime a pu être commis. Même si cela conduit parfois à des affaires comme "la municipalité contre une berline Lincoln de 1958" ou "la municipalité contre le 605, rue de l'Université", cela parait avoir du sens, non ?

Cela a du sens, en effet, puisque le district attorney, aidé par le chef de la police, utilise cette loi pour confisquer les maisons ou appartements dans lesquels vivent des trafiquants de drogue. Un exemple : votre fils ou votre neveu est surpris devant chez vous en train de vendre pour 40 dollars de cannabis ? Peu importe si le propriétaire du bien n'a aucune responsabilité dans le crime, c'est à lui de prouver que sa maison (sa voiture) n'en n'a pas non plus ! "Dura lex, sed lex". Vous dégagez, le bureau du procureur saisit la maison, et si un juge l'y autorise, la vend et conserve l'argent. Ingénieux, n'est-ce pas ? Cela rapporte au bureau du DA une moyenne de 5,8 millions de dollars chaque année (64 millions en 11 ans). Dans le dossier de la "class action" on nous explique même que le montant généré à Philadelphie est à 8 écart-types au-dessus de la moyenne de la Pennsylvanie ! Pas besoin de test statistique sophistiqué pour y voir une "cause spéciale"... Pour comparer, c'est seulement 1.2 millions par an pour Brooklyn (2,2 millions d'habitants) ou Los Angeles (10 millions d'habitants).

Comment conclure ? Je pourrais rappeler que dans les Lois, ou dans les Directives et Règlements Européens, le plus important à lire sont les "attendus" ou les "considérant" , qui expliquent dans quel optique le texte a été écrit. . Il est très improbable qu'il ait été écrit "dans l'optique de trouver une source de revenus pour le bureau du Procureur, ...." Je pourrais aussi rappeler la pensée de Cicéron : "Il me semble que les chefs doivent tout rapporter à ce principe : ceux qu'ils gouvernent doivent être le plus heureux possible."

H

mardi 26 août 2014

L'agriculture d'aujourd'hui

Lorsque j'étais enfant, dans les années 1960, les agriculteurs cultivaient essentiellement des céréales : blé, orge, avoine. Les moissons se faisaient en août, le maïs était cantonné à l'Aquitaine et à Midi-Pyrénées, et le colza ne dépassait guère les 50 000 ha cultivés en France. Bien entendu, pour ce dernier, les études de Roine et. al. (1960), qui avait nourri des rats à l'huile de colza à hauteur de 70% de leurs apports énergétiques et avait ensuite décelé des myocardites, ont fait beaucoup pour générer la peur de l'acide érucique (ou acide dococénoïque, acide gras en C22, monoinsaturé) dont l'huile de colza contenait alors jusqu'à 10%, et donc le rejet de la plante. Depuis, on a trouvé des variété très pauvres en acide érucique, qui sont cultivées aujourd'hui.

En 2014, lorsqu'on traverse la France au printemps, les surfaces couvertes en colza sont partout. Le Cetiom (Centre Technique Interprofessionnel des oléagineux et du chanvre) en recensait 907 000 ha en 2008 et 1 500 000 ha en 2014. Les surfaces ont été multipliées par 30 en 50 ans ! Quand on sait que de surcroît les rendements ont été multipliés par 1,5 entre 1976 et 2011 (et de combien depuis 1960 ?), on a du mal à imaginer que nous consommons toute cette huile.

En fait, nous la consommons, mais pas dans notre assiette ! L'huile produite en France va, pour 75 %, dans des applications industrielles, dont le biodiesel. Et c'est une tendance lourde de nos sociétés auto-proclamées "développées" : nos agriculteurs travaillent pour l'industrie (ou pour nos éleveurs : le bétail ne mange plus d'herbe, ce serait trop facile !), et nous importons notre nourriture d'Afrique ou d'Asie.

La carte ci-dessus est extraite du site du National Geographic (que je prie de bien vouloir m'excuser pour cet emprunt). Elle présente en dégradé du violet au vert la répartition de la production agricole dans le monde. En violet, c'est pour l'industrie (feed : alimentation animale, et aussi chimie, essence...) et en vert pour l'être humain (food).

Ce genre de situation ne peut pas durer tranquillement pendant longtemps. Un jour ou l'autre, cela se terminera mal...

H

Et un grand merci à Jean-Pierre Henri Moreau pour son alerte.

lundi 25 août 2014

Trop de normes...

... ou pas assez de méthode ?

Vous le savez peut-être, je suis un des administrateurs du site Qualitionnaire, un site collaboratif fonctionnant sur un moteur MediaWiki , dont l'une des réalisations les plus importantes est un glossaire de termes du monde Qualité-Sécurité-Environnement-Développement durable. Nous avons à ce jour extrait des définitions réglementaires francophones (ou provenant de sources faisant autorité : Bureau International du Travail, Organisation Mondiale de la Santé, OTAN, INSEE, etc), pour plus de 18 000 termes et expressions. Et certaines fiches comportent plus de 100 entrées différentes. Un des objectifs est de montrer que parfois, la même notion est couverte par des définitions plus ou moins différentes selon que l'on consulte un Règlement Européen, un Arrêté français, ou un Traité International.

Aujourd'hui, alors qu'un remaniement ministériel va entériner le départ d'un des rares ministres qui pilotait un vrai processus (ministre du redressement productif, c'est être pilote d'un processus dont on voit clairement l'objectif et la valeur ajoutée. Alors que le (la) ministre de la fonction publique, ou celui (celle) du logement, s'ils ont un rôle, il apparaît moins clairement); aujourd'hui donc, j'ai entrepris d'intégrer les définitions contenues dans le Règlement Européen 260/2014 "modifiant, aux fins de son adaptation au progrès technique, le règlement (CE) n°440/2008 établissant des méthodes d’essai conformément au règlement (CE) n°1907/2006 du Parlement européen et du Conseil concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH)" (sacré titre !). C'est un volumineux document (253 pages), qui contient nombre de méthodes analytiques. Chacune d'elle est suivie de son appendice, qui comprend des définitions. Et il y a aussi des définitions génériques, qui s'appliquent à toutes le document.

Et je suis tombé sur deux définitions différentes du même concept. Dans le même document ! Une définition générale assez détaillée, et une définition particulière beaucoup moins claire. C'est pour la notion de "coefficient de partage"
  • pour la définition générale, on a : 
  • Le coefficient de partage d’une substance entre l’eau et un solvant lipophile (1-octanol)
    caractérise la répartition à l’équilibre de la substance chimique entre les deux phases. Le coefficient de partage entre l’eau et le 1-octanol (POE) est défini comme étant le rapport des concentrations à l’équilibre de la substance d’essai dans du 1-octanol saturé avec de l’eau (CO) et dans de l’eau saturée avec du 1-octanol (CE).
    POE = CO / CE
    Le rapport de deux concentrations est une valeur adimensionnelle. Il est exprimé le plus souvent par son logarithme décimal (log POE). Le POE dépend de la température et les résultats rapportés doivent préciser la température de mesure.
  • pour le point 7 - toxicocinétique on a :
    Coefficient de partage :
    également appelé coefficient de distribution, il mesure la solubilité différentielle d’une substance chimique dans deux solvants.

N'y a-t-il donc personne pour relire les documents ? N'existe-t-il aucune méthode pour rédiger un Règlement européen ?

Il est où, le lobby des qualiticiens à Bruxelles ?

H

dimanche 17 août 2014

Revitaliser l'industrie...

... l'industrie américaine (dans un premier temps ?)

Comme la majorité d'entre vous (je suppose), je me suis abonné au fil des années à un certain nombre de sites internet et de lettres d'information en ligne. Je n'en lis qu'une infime partie, mais je garde un œil ouvert. Et de temps à autre, passe un perle. Et aujourd'hui est un jour de bonne pioche.

Le site Packaging world m'envoie donc un lien pour télécharger un ouvrage au format pdf (vendu 95 UD$ au format papier), le Manufacturing Workforce Development Playbook, ou "Scénarios pour le développement de la main d'œuvre dans l'industrie".

Ce livre fait plus de 200 pages, c'est une compilation d'articles "pour la revitalisation de l'industrie américaine" (je cite le commentaire d'un des vices président d'Apollo Group, Inc., un géant de l'enseignement aux USA : 44 000 salariés, un C.A de 3,6 milliards d'US$ en 2013, qui gère notamment l'Universités de Phoenix (Arizona), et chez qui un peu moins de 270 000 étudiants étaient inscrits en 2013. Ce Monsieur semble donc qualifié pour commenter l'ouvrage.)

Pour faire court, tout le livre porte sur le besoin d'améliorer grandement la formation des collaborateurs, en mettant tout le monde à contribution:
  • les salariés, qui ne souhaitent pas toujours se remettre en question (ou être remis en question)
  • les managers, qui ne savent pas toujours exprimer leurs besoins
  • les directions, qui considèrent trop souvent que "chez nous, c'est différent", et qui souhaitent que soient montés des modules parfois peu pertinents
  • les ressources humaines, qui choisissent parfois les stages sans réelle compétence, en se fondant sur le titre du stage, et son cout
  • les organismes de formation, qui ne comprennent pas toujours les besoins réels des entreprises
  • les formateurs enfin, qui eux aussi ne se remettent pas toujours en cause

Voilà un angle d'attaque pour "revitaliser l'industrie" qui ne fait pas appel à la diminution des salaires ou des impôts sur les sociétés. Et ça, c'est quelque chose qui me plait!

H

mercredi 13 août 2014

Les normes, ou la contrebande moderne

En France, il existe une Norme publiée par l'AFNOR, la NF C 15-100, qui traite de la conformité des installations électriques basse tension. Elle est d'application obligatoire, c'est à dire que les appartements (mais aussi les immeubles de bureaux) qui sont construits aujourd'hui possèdent nécessairement des installations électriques conformes aux préconisations de cette norme. En pratique, c'est plus ou moins vrai; la norme présentant des exigences parfois un peu ... exagérées, comme la présence de deux prises téléphoniques dans les logements d'une seule pièce (voir clause 771.559.6.1.1), ce qu'on ne retrouve pas de manière systématique.

Publiée en 2002, cette Norme a fait l'objet de nombreuses mises à jour, rectificatifs, amendements et fiches d'explications (18 au total). Épaisse de 606 pages, elle est publiée sous forme de compilation, vendue au prix de 327,50 € H.T., soit 393,00 € T.T.C. C'est une somme de connaissances non négligeable, mais également une somme d'argent importante.

En Grande-Breatgne, la situation est très semblable. British Standards Institution publie la Norme BS 7671 (17ème édition de 2008 avec un amendement en 3013), pour la somme de 85 £ (soit 110 € environ), 464 pages au total. Cette norme est également d'application obligatoire, et chaque électricien intervenant dans l'équipement d'un logement doit posséder sa copie papier. Cela doit représenter un chiffre d'affaires non négligeable.

Le 11 Août 2014, sur la chaîne de télévision BBC 2, un reportage faisait état de l'arrivée en Grande-Bretagne de palettes entières de Normes BS 7671 contrefaites ! C'est non seulement un manque à gagner pour l'institution, mais cela représente aussi des risques pour le client de l'électricien :
  1. d'avoir une installation non conforme
  2. de devoir payer plus cher, notamment dans un cas où la norme contrefaite exige des diamètres de fils électriques supérieurs à ce que la véritable norme demande.


Des normes falsifiées ! Après les laits maternisés adultérés, après les sacs à main, les téléphones portables, les pièces détachées automobiles ou électroniques imités, après les médicaments contrefaits, nous voici donc dans un nouveau créneau de la copie illicite : les normes.

Je ne veux pas relancer ici le débat sur le cout et le prix des normes, ni sur ce que pourrait apporter à l'économie une meilleure diffusion des normes. Mais l'anecdote devrait nous faire réfléchir.

H

samedi 9 août 2014

les ions perchlorate

Les ions perchlorate, de formule chimique ClO4-, sont utilisés comme comburants (apporteurs d'oxygène) dans les feux d'artifice, mais aussi dans un certain nombre d'applications militaires (munitions, roquettes, missiles, grenades sous-marines, etc.). Pas étonnant qu'en ces temps agités, on en fabrique ici où là. (Il faut reconnaître que certaines argiles en produisent naturellement, et que la surface de Mars semble en contenir). Et il a aussi des applications en tannerie ou en teinture, et enfin dans les systèmes pyrotechniques d'amorçage des air-bags

Je vous recommande à ce propos la lecture des documents suivants : Il se trouve que les ions perchlorate sont des perturbateurs endocriniens (ils inhibent l'incorporation de l'iode dans la thyroïde, perturbant dès lors la synthèse des hormones thyroïdiennes). On le sait depuis une vingtaine d'années au moins. Il se trouve aussi que l'ANSES, l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, se préoccupe de la santé publique, et donc des ions perchlorate.

En 2012, il a été procédé à des analyses de la teneur en ions perchlorate dans des points de distribution d'eau destinée à la consommation, et dans les laits infantiles.

Les résultats sont encourageants pour l'eau potable : les trois-quarts des 703 prélèvements sont en-dessous de 0,5 µg/L. Et seulement 2% des prélèvements dépassent le seuil de 4 µg/L, "valeur guide de gestion" définie par la Direction Générale de la Santé pour l'alimentation des enfants de moins de 6 mois (il est étonnant de constater que la définition de cette "valeur guide de gestion" est, sinon introuvable (en tout cas pour moi, aujourd'hui), du moins ... difficile à trouver).

En revanche, pour les laits infantiles, on peut arriver à 10 µg/L. On a alors un risque de dépassement des valeurs toxicologique de référence pour 2% des nourrissons, ceux vivant dans un endroit pour lequel l'eau du robinet contient plus de 2 µg/L d'ion perchlorate. 2% d'une tranche d'âge, ce n'est pas rien (cela représente environ 16 000 enfants chaque année). Mais si on considère que la majorité des dépassements se concentre dans la région Nord-Pas de Calais, c'est encore pire; on doit approcher les 25 ou 30% des nourrissons exposés. Pour toute autorité en charge de santé publique, c'est tout simplement inacceptable. Il y a donc lieu de prendre des décisions fortes.

L'ANSES recommande donc"aux industriels, de diminuer la présence d’ions perchlorate dans les laits infantiles commercialisés en France". Une recommandation aussi sévère, ça doit faire peur aux industriels en question. Enfin j'espère.

Quant à la solidarité européenne, ou internationale, on s'assied dessus. Il n'est pas explicitement recommandé aux industriels de vendre les lots contaminés à l'export, mais s'ils le font et que les lots commercialisés en France sont conformes, alors on ne pourra rien leur reprocher. Sérieusement, soit la molécule est dangereuse, et elle l'est pour tous les nourrissons de la Terre, soit elle n'est dangereuse pour personne. Imaginez-vous que si l'industriel chinois qui avait adultéré du lait infantile à la mélamine n'avait rien vendu sur le territoire chinois, et tout exporté, on lui aurait trouvé des circonstances atténuantes ? "... dans les laits infantiles commercialisés en France." Cette phrase me glace le sang.

Vous trouverez à lire ici :

H

jeudi 3 juillet 2014

Qualité, compétitivité !

Ce matin, sur France Inter, le débat économique du vendredi. Bernard MARIS affirme ce qui est pour moi une vérité première : Si le problème est l'emploi, dit-il, ce n'est pas la suppression des comités d'entreprise, ou la diminution du temps de travail des femmes de ménage qui sera la solution. Pas plus d'ailleurs que le pouvoir d'achat. Non, dit-il, la solution réside dans la qualité du produit et l'intelligence organisationnelle.

M. MARIS, vous m'avez ravi. Merci.

H

lundi 16 juin 2014

Lettre ouverte à M. Edouard DUCRAY

Cher Monsieur DUCRAY, En tant que professionnel du e-mailing, vous (votre société Dreamlead Interactive) contribuez à inonder nos boites e-mail d'annonces que vous facturerez ensuite à vos "partenaires" (que j'identifie quant à moi comme des clients). C'est une activité dans laquelle vous excellez semble-t-il, ce dont je vous félicite.

Votre site internet "la petite fouine" possède une page "charte" dans laquelle on lit que vous faites tout pour respecter la réglementation, que si nous recevons des courriels, c'est que nous avons dit à quelqu'un, un jour, que nous l'acceptions. Je reconnais que c'est probablement le cas, et que, si ma boîte aux lettres ressemble aujourd'hui (après plus de 15 ans de bons et loyaux services) à une poubelle, je dois avoir une part de responsabilité.

Les choses sont différentes quand vous mentez. L'e-mail que j'ai reçu hier est différent. "Félicitations ! Chaque jour nous sélectionnons au hasard l'un des visiteurs de notre site pour en faire notre heureux gagnant. Le tirage du jour vous a désigné comme le gagnant potentiel. Le prix suivant à remporter : Peugeot 308." Puis un bouton "Participez" qui fait un lien sur http://t.petitefouine.com.

Je ne sais pas ce que vous faites chaque jour, cher Monsieur. Mais je sais qu'en ce qui me concerne, je ne visite pas la petite fouine. Votre accroche est donc un mensonge.

Petite question pour vous : quel but poursuivez-vous, lorsque vous mentez à vos clients, ou aux clients de vos clients ?

En tout cas, je ne serai pas le petit blaireau...

H

PS : la syntaxe de vos message est approximative; ça ne fait pas très professionnel.

mardi 10 juin 2014

ISO 9001 : 2015

Mon cœur de métier, c'est le management de la qualité. La norme "de base" en la matière est l'ISO 9001. Cette norme évolue, et une nouvelle version est en cours de gestation.

Vous trouverez sur mon site Internet une première analyse du DIS (Draft for International Standard, ou "version brouillon"). Je vous en souhaite une bonne lecture.

H

jeudi 29 mai 2014

Sécurité des aliments

Entendu ce matin sur RMC (hier soir aussi, en avant-première, lorsque j'ai été interrogé à une heure très tardive par un journaliste qui préparait son papier), mais lu aussi sur le site internet du Télégramme : la Cour des Comptes s'attaquerait aux produits alimentaires premiers prix, avec "viandes grisâtres utilisées pour préparer du chorizo", "souris mortes ou vivantes dans des cuves", etc. Le tout dans un rapport "tenu secret".

En février 2014, un premier rapport avait été rendu public. Toute la presse en avait rendu compte. Ce rapport faisait le point sur l'organisation des contrôles de sécurité sanitaire, pointait la multiplicité des organisations en charge du sujet, l'insuffisance des effectifs et la "schizophrénie" (le mot est de moi) des agents, tiraillés entre la sanction des situations anormales et la sauvegarde de l'activité économique. Pour illustrer le manque de contrôles.

Quoi de neuf aujourd'hui ? Je n'en sais rien, n'ayant pas accès au "nouveau" rapport, ou au rapport complet. Ce qui est certain est que le lien entre sécurité alimentaire et premiers prix est forcément un raccourci, et forcément dangereux. Je vais illustrer (pas démontrer) mon propos :
  • Les aliments premier prix utilisent des matières premières pas chères et les conditionnent dans des emballages pas chers. Ces matières premières pas chères posent plusieurs problèmes :
    • elles peuvent ne pas avoir été contrôlées;
    • elles peuvent ne pas provenir des meilleurs morceaux (on pense par exemple à la Viande Séparée Mécaniquement, qui n'a pas grand chose à voir avec le muscle, qui contient de l'aponévrose, du gras, ingrédients dont une consommation excessive peut nuire à la santé);
    • elles peuvent contenir des pesticides (pour les végétaux) ou des médicaments (pour les matières d'origine animale);
    • elles peuvent donc être intrinsèquement préjudiciables à la santé. Le rapport de la Cour des Comptes de ce début d'année faisait d'ailleurs mention de ce possible "effet cocktail".
    On a alors un risque pour la santé sur le long terme (on parle de toxicité chronique) : seule une consommation prolongée a un impact négatif.
  • Les entreprises produisant les premiers prix ne font que peu de marge; elles doivent donc rogner sur toutes leurs dépenses, et cela peut signifier:
    • du matériel en mauvais état, mal entretenu, avec de l'huile qui fuit, ou de la rouille...
    • des procédures de nettoyage trop superficielles, ou trop rares, ou avec des produits inefficaces
    • du personnel en nombre insuffisant, ou sans formation adéquate
    • des fonctions sous-représentées dans l'entreprise, comme les méthodes, la R&D, la qualité
    • des activités non représentées, ou sous-représentées, comme le contrôle des matières premières, des produits finis, des surfaces, etc.
    Tout ceci peut contribuer à faire courir des risques sanitaires à court terme, avec des aliments contaminés par des micro-organismes pathogènes.
  • Mais ce qui précède n'est pas limité aux producteurs de premiers prix... Un accident est d'ailleurs toujours possible... On espère simplement que les contrôles permettront de bloquer le produit contaminé avant qu'il n'ait atteint le consommateur.
  • La grande distribution, enfin, n'est pas totalement exempte de reproches, quels que soient les produits (marques nationales, marques distributeurs ou premiers prix :
    • d'abord parce que la frontière entre les marques de distributeurs et les premiers prix n'est pas toujours très claire, les produits sortant parfois des mêmes chaînes de fabrication, et provenant parfois de sites de production assez éloignés du territoire national - donc assez opaques pour le consommateur comme pour les inspecteurs.
    • J'ai échangé un jour avec une personne ayant fait un stage dans le laboratoire de pâtisserie d'un hypermarché (enseigne nationale, connue et pas "hard discount") situé dans la très proche banlieue de la préfecture d'un département de la région Rhône-Alpes. "Ce qu'il y avait de bien, à la pâtisserie", me disait-elle, "c'est que là au moins il n'y avait pas de rats. Alors qu'à la boulangerie, avec toute cette farine, c'est normal qu'ils aient des rats". Quand même les professionnels trouvent "normal" une situation ahurissante, où allons-nous ?
    • Qui n'a pas vu de moineaux dans des hypermarchés ? Que deviennent ces oiseaux le soir ? Où vont-ils manger ? Où déposent-ils leurs fientes ? Comment se fait-il qu'on n'en aperçoive pas à l'étranger ?
  • Enfin, en Allemagne, un organisme appelé QS (Qualität und Sicherheit GmbH (Qualité et Sécurité) encadre les aspects de sécurité des aliments en partant de la ferme (échelon très peu sollicité en France, l'Union Européenne ayant cédé aux lobbies de tout poil s'insurgeant contre les contraintes insupportables faites aux agriculteurs et autorisé que la production primaire soit exemptée des la majorité des obligations pourtant contenues dans les Règlements du "paquet hygiène"). QS, donc, organise le contrôle, référence ou dé-référence les producteurs et les transformateurs, bref fait, de manière privée, ce que les États ne font pas. Parmi les adhérents à QS, on trouve bien entendu Lidl et Aldi. Ces deux enseignes "premier prix" prennent donc des précautions pour les produits qu'ils commercialisent, ce que d'autres ne font pas nécessairement.
On se retrouve donc comme souvent (comme toujours ?) face à un très simple problème d'éthique individuelle. Peut-on avoir, dans le cadre professionnel, des pratiques que l'on n'aurait pas dans le cadre familial ? Quand cette question aura une réponse, on aura beaucoup progressé.

Quant au rapport de la Cour des Comptes, ma foi, dès qu'il est accessible, je le lis ! Et il est possible que je le commente !

Et sur la situation actuelle des contrôles : bien entendu il en faut plus, mais il faudrait surtout plus de fermeté dans l'application des sanctions. Pas conforme : fermeture administrative, amende (les pouvoirs publics n'ont pas à supporter la charge des contrôles des pratiques répréhensibles de chefs d'entreprises indélicats) et publicité. Je pense que ça ferait bouger dans la bonne direction.

H

lundi 19 mai 2014

DLC - fin

Décidément, mon message a fait réagir.

je viens d'être rappelé (à 19 h ) par la personne responsable du magasin à qui j'ai parlé hier. Cette personne étant probablement en récupération, je suis navré de la contraindre à cela.

Sur le fond, elle prend tout sur elle "le dimanche, il n'y a qu'une personne qui peut rendre ce genre de décision, mais il faut aussi s'occuper des clients, distribuer les bouteilles de gaz... je n'ai pas pu aller vérifier régulièrement la remontée en température". L'armoire, m'a-t-elle assurée, a été vidée aussitôt après mon départ, les produits détruits. Dont acte.

Cette reconnaissance de ses responsabilité dans l'affaire est courageuse, et je lui en donne acte, mais je lui ai dit qu'elle faisait fausse route. Le problème vient du fait que 100% du personnel devrait être capable d'identifier le dysfonctionnement et de le traiter, en vidant l'étagère et en détruisant les produits. Que les hôtesses de caisse soient à leur poste ne les empêche pas d'alerter. Et je pense qu'aucun client ne jugerait négativement une initiative ayant pour objet la sécurité des consommateurs.

Seulement voila : le bruit n'était semble-t-il pas lié au dysfonctionnement. "Quand j'ai appelé le technicien, à 9h, on atteignait les 5°C [la réglementation parle de 4°C maximum, mais n'appuyons pas là où ça pourrait faire mal], et il m'a dit que le bruit ne venait pas du compresseur, ni du ventilateur, mais d'un morceau de métal qui frottait". Je ne suis pas technicien frigoriste, je ne vais donc pas m'opposer frontalement à ce valeureux professionnel. Néanmoins, la concomitance des deux (le bruit et la remontée en température) me semble très étrange. En tout cas, si mon frigo avait fait un bruit pareil, je l'aurais arrêté instantanément, de peur de le voir prendre feu... Et je reste circonspect devant une remontée de 10° en moins de 2 heures. Mais bon, j'accepte.

Quoi qu'il en soit, bravo à cette enseigne pour sa réactivité vis à vis des appels de ses clients.

H

DLC - suite

Lorsque j'ai mis en ligne mon article hier, j'ai aussitôt envoyé un courriel à l'enseigne , afin que des actions soient prises.

Comme annoncé sur le site, j'ai été rappelé rapidement (ce lundi à 14 h 50, soit en moins de 24 heures, ce qui est très bien).

La personne qui m'a appelé m'a affirmé que mon message serait bien transmis à la direction du point de vente, et que je serai rappelé sous 5 jours. Et comme je lui faisais remarquer que c'était au niveau de la direction qualité du groupe que l'information devait être traitée, elle m'a répondu que non, c'étaient les directeurs de magasin qui étaient responsables de la formation de leurs salariés.

Ceci explique probablement cela...

H

dimanche 18 mai 2014

Vous avez dit DLC ?

Le respect des Dates Limites de Consommation est remis en question. Un article sur Capital.fr en mai 2013; un article dans Que Choisir en mai 2014, un reportage en préparation sur France 5... La question est posée : les DLC courtes sont-elles responsables d'une partie du gaspillage alimentaire ?

La réponse n'est pas facile. Bien entendu, les fabricants et la grande distribution ont un avantage objectif à ce que les consommateurs mettent à la poubelle des produits qu'ils n'ont pas consommé. Mais les DLC ont un objectif tout autre : celui de la protection de la santé de ces consommateurs.

Lorsqu'un industriel fixe une DLC, il est tiré par plusieurs intérêts :
  • le commercial souhaite les DLC les plus longues possibles, ça facilite les prises de commandes et ça rassure son cllient,
  • le client distributeur souhaite de toutes façons lui aussi des DLC les plus longues possibles, ça facilite sa gestion de stocks, et ça lui évite de retirer des rayons une quantité trop importante de produits approchant de la DLC,
  • le marketing en revanche souhaite des DLC assez courtes, pour pouvoir faire vivre sa marque. Il n'est pas facile de synchroniser une action promotionnelle, ou un changement de graphisme, si on peut retrouver sur les linéaires les deux versions pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois,
  • la qualité, ou la R&D enfin, souhaite la DLC la plus courte possible, afin de ne pas avoir à subir ensuite des reproches si un produit s'avère impropre à la consommation.
Qui dit impropre à la consommation ne dit pas systématiquement que le consommateur va se retrouver à l'hôpital ! Mais qui a un jour senti l'odeur d'une viande avariée en la sortant de son emballage sait reconnaître un produit impropre à la consommation...

Alors on se met d'accord sur une DLC "raisonnable", ni trop courte, ni trop longue. Et tout le monde croise les doigts pour que la chaine du froid soit respectée. Car tout l'enjeu est là. Les micro-organismes (bactéries essentiellement) vont se développer tout au long de la durée de vie du produit. Et si le produit est maintenu à température basse, alors on n'atteindra jamais le niveau auquel la santé du consommateur est mise en jeu. Mais si la température remonte, si elle dépasse les 3 °C, alors la croissance s'accélère, et de manière exponentielle. Et le consommateur risque sa santé. Et l'image du fabricant en prend un coup.

Ce matin, un dimanche, je suis allé acheter de la moutarde et une ampoule dans un supermarché à proximité de chez moi. En entrant, il y avait un bruit de perceuse électrique assez étrange. En m'approchant, j'ai constaté qu'il s'agissait du râle d'agonie du compresseur d'une armoire réfrigérée, remplie de produits bio (dont du jambon). L'alarme bipait, l'affichage annonçait un 15,6 °C de très mauvais aloi.
Je suis allé voir le vendeur du rayon traiteur, pour lui demander de vider l'armoire. C'était un étudiant apeuré, qui ne m'a pas répondu. Je suis allé voir la responsable du magasin, qui avait plus urgent à faire que m'écouter. J'ai fait la queue, j'ai payé, et je suis retourné la voir. Quand je lui ai dit que son frigo était en panne, elle m'a répondu "oui, j'ai appelé hier, j'ai rappelé ce matin, ils m'ont dit que c'était bon". "Mais la température est au-dessus de 15 °C ?" "Ah non, je suis allé voir, c'est bon." J'ai quitté le magasin. Les produits ont-ils été mis à la benne ? Mystère...

Je n'incrimine personne, je ne veux pas de mal à cette dame. Mais j'en veux à l'enseigne, qui ne s'assure pas des compétences, de la formation, des réflexes de ses collaborateurs. Le système est ici en défaut.

Sacrément en défaut...

H

samedi 19 avril 2014

Acceptabilité des risques

La presse s'est abondamment fait l'écho d'un faits-divers survenu à Portland, la plus grosse ville de l'Oregon aux États-Unis (la capitale, c'est Salem, mais pas la Salem des sorcières, qui est sur la côte Est). Bref, à Portland, un adolescent (probablement un peu imbibé), s'est amusé à uriner dans un réservoir d'eau potable à ciel ouvert. Comme il a été vu par une caméra de surveillance, il a été arrêté. Mais surtout, les autorités ont décidé de vidanger ce réservoir. 38 millions de gallons (plus de 140 millions de litres, ou 140 000 tonnes) d'eau potable, traitée, qui retourne à la nature (dans la Columbia River).

Voilà une décision ferme, et voilà un administrateur (il s'appelle David Shaff) qui va jusqu'au bout de ses responsabilités.

Mais dans le Huffington Post on peut lire (je traduis) : "L'urine représente un risque minime - des animaux déposent régulièrement des déjections sans créer de crise sanitaire - mais Shaff a dit qu'il ne voulait pas distribuer une eau ayant volontairement été souillée."

C'est une vision inhabituelle des choses. Le risque ne serait avéré que si l'intention existe. Pourtant, si l'urine est le plus généralement stérile, des fientes d'oiseaux sont elles des vecteurs avérés de bactéries pathogènes, voire de virus (rappelez-vous de la "grippe" ou "peste" aviaire).

Que fera-t-il, Mr Shaff, le jour où un de ses administrés enregistrera la vidéo d'une déjection aviaire, et qu'il la postera sur Youtube ? Je n'aimerais pas être à sa place...

Blague à part, on est là en fait dans la plus pure illustration de la notion d'acceptabilité du risque, qui renvoie toujours à des individus et à leurs incohérences. Un mort, c'est une tragédie; mille morts, c'est une statistique...

H

mercredi 2 avril 2014

Certitudes, servitude

Joli titre, en page 7 du Figaro d'aujourd'hui 2 avril 2014 : "Européennes : UMP et FN devancent le PS". C'est écrit au présent de l'indicatif, donc cela indique "une action qui se déroule au moment où l'on s'exprime". Accessoirement, le "e" minuscule mesure 8,5 mm de haut.

Oui, mais ... les élections Européennes ne se tiendront que dans 7 semaines. Ont-ils donc une boule de cristal, au Figaro ? Regardons de plus près. Ah, ben non, en fait, il ne s'agit que d'un sondage.

En caractères bien plus petits (le "e" minuscule ne mesure plus que 3 mm de haut), il est écrit "Sondage : les intentions de vote aux européennes". Et les chiffres sont sans appel : PS 18%, UMP 22%, FN 20%. Mais, en encore plus petit (le "e" minuscule ne fait plus que 1 mm de haut) il est indiqué que seules 1053 personnes ont été interrogées.

Avec un tel échantillon, l'incertitude est de ± 4% sur chaque résultat. Autrement dit, on devrait présenter les choses ainsi:
PS : 18 ± 4%, ou PS : 14 à 22%
UMP : 22 ± 4%, ou UMP : 18 à 26 %
FN : 20 ± 4%, ou FN : 16 à 24 %

Les 3 fourchettes se recouvrent ! En d'autres termes, le sondage permet de prédire, avec un risque minime (1%) que "l'on aura peut être FN 23%, PS 21% et UMP 19%, à moins que ce ne soit PS 22%, FN 21% et UMP 18%, ou n'importe quoi d'autre".

Bref, du n'importe quoi statistique... Mais bon. On a l'habitude, n'est-de pas ?

D'ailleurs, je fais ici l'hypothèse que l'on a les résultats bruts, c'est à dire que les analystes n'ont pas "redressé" les résultats, ce qui rendrait ces chiffres tout simplement inexploitables, et je serais en train de perdre mon temps.

H

lundi 17 mars 2014

Les casse-pieds sévissent encore (je l'avais prédit)

Ce matin, le même coup de fil que lundi. Avec les mêmes mots "mandatés par le service d'aide à l'accession à la propriété". Je demande à parler au superviseur - ce qui se traduit le plus souvent par la fin instantanée de l'appel. Mais là, surprise, on me passe une jeune femme à qui je dis mon horreur de ces méthodes et de ces mensonges. Cette jeune femme est assez peu courageuse puisqu'elle me dit que "(sa) collègue a du faire une erreur, nous ne sommes pas mandatés, nous représentons un groupement de promoteurs immobiliers".

Je lui ai répondu que c'était très peu probable, que deux personnes m'ayant tenu le même discours l'avaient lu sur leur conducteur, et que le mensonge était patent.

Quel dur métier, que celui qui vous oblige à mentir pour survivre, au dépends de personnes probablement pas mieux loties dans la vie que vous-même...

Mais, à coup sur, une vision terriblement dévoyée de la relation clients.

H

le Lean et l'action sociale...

Grâce à une étudiante en Mastère "Amélioration continue et performance industrielle", je viens de découvrir cette vidéo montrant l'application des principes du Toyota Production System à une activité caritative.

C'est fait de manière professionnelle, c'est limpide et les résultats sont extraordinaires. À voir et à faire voir absolument ! (bon, c'est en anglais...)

H

lundi 3 mars 2014

Les casse-pieds (suite, mais pas fin)

De pire en pire !

A l'instant, je viens de recevoir un n-plus-unième coup de téléphone d'une centre d'appel installé là où il fait toujours soleil.. Ma correspondante s'est présentée comme "mandatée par le service d'aide à la propriété". Comme je lui faisais remarquer qu'il n'existait pas de "service d'accession à la propriété", et qu'elle n'était donc "mandatée" par personne, et que le mensonge n'était pas une bonne manière d'aborder ses clients, elle a bredouillé qu'elle ne mentait pas, et qu'elle "appelait les locataires pour les informer sur les possibilités d'accéder à la propriété".

Bien entendu, encore une fois, c'est son gagne-pain, et elle ne fait que lire un argumentaire qu'un autre a rédigé. Mais quelle honte de penser que le client est une proie !

H

samedi 1 mars 2014

gaspillage

Une infographie terrible sur le site internet du Centre d'Information des Viandes.

En bref :
  • 1/3 de la production agricole mondiale est jetée à la poubelle
  • soit 1 600 000 000  de tonnes de denrées alimentaires
  • soit 250 km3 d'eau (l'équivalent, semble-t-il, de 3 fois le Lac Léman)
  • 54% des pertes ont lieu au champ, dans le transport, dans les sites de stockage
  • ce qui en laisse 46% survenant au cours de la transformation, de la distribution et chez les consommateurs
  • les européens jettent 34% de leurs aliments
  • les africains suh-sahariens 4%
J'ai du mal à croire que je jette 34% des aliments que j'achète... Des épluchures, oui, un peu de pain très rassis de temps en temps, quelques restes rarement. Mais pas 34 %! Ou alors, serais-je dans le déni, comme tous les accros ?

H

vendredi 28 février 2014

Honte sur nous !

On estime qu'en France, en 2014, 30% de la population est "à mobilité réduite" : personnes âgées, enfants en bas âge, et handicapés.

Le 30 juin 1975, la Loi 75-534 "d'orientation en faveur des personnes handicapées" disposait déjà que les espaces publics devaient être accessibles aux personnes handicapées. 25 ans plus tard, la Loi 2000-1208 du 13 décembre 2000 modifie légèrement l'article 49 du Code de l'Urbanisme, mais on reste dans le principe : les handicapés doivent pouvoir accéder à l'espace public.

En 2005, les choses n'ont pas beaucoup bougé, alors la Loi 2005-102 sur l'égalité des chances, un grand chantier de Jacques Chirac, mené à bien par Lionel Jospin), dans son article 41 prévoit que "les établissements recevant du public existants devront répondre à ces exigences, dans un délai (... n'excédant pas ...) dix ans à compter de la date de publication". Comme cette Loi a été publiée le 12 février 2005, le Conseil d'État a fixé la limite au 1er janvier 2015.

L'Arrêté du 21 mars 2007 rappelle cette date limite du 1er janvier 2015.

Nous avons trop de règles, entend-on régulièrement. Ce sont des entraves inacceptables. Supprimons-les... Mais pour avoir besoin de les supprimer, encore faudrait-il les appliquer, ou les faire appliquer ! Le retard pris dans l'application de cette loi de 1975 (trente-neuf ans ! ) ou même de la Loi de 2005 est tel que, le 26 février 2014, un simple communiqué de presse du 1er Ministre annonce le report de la date du 1er janvier 2015:
  • Pour les Établissements Recevant du Public de 5ème catégorie (80% du cadre bâti), le report pourra atteindre 3 ans
  • Pour "les patrimoines plus importants et/ou plus complexes" (?), ce report pourra aller jusqu'à 6 ou 9 ans

Dans 9 ans, il fera jour. Et les mauvaises volontés ne seront (probablement) toujours pas sanctionnées.

Il y avait là pourtant une opportunité excellente, avec un projet ayant fait l'unanimité en période de cohabitation :
  • un projet fédérateur et apolitique
  • un exemple donné de rigueur et de continuité de l'action publique
  • qui fait œuvre de justice sociale
  • qui donne de l'activité au secteur de la construction : moins de chômage, moins de déficit de l'Unedic
  • qui fait rentrer de la TVA dans les caisses de l'État
  • qui fait rentrer aussi des impôts sur le revenu dans les mêmes caisses du même État

Quel gâchis !

H.

jeudi 13 février 2014

Maladresse, ou univers parallèles ?

Ce jeudi, je suis à Grenoble, j'attends le train pour Lyon. La ligne TER Lyon-Grenoble possède une très mauvaise image, avec des retards jugés beaucoup trop fréquents par les utilisateurs.

Justement, une annonce "Mesdames et messieurs, en raison de la panne d'un train en gare de Rives, le TER numéro ... est maintenu à quai". Rapidement, ce TER "est supprimé". Puis les trains pour Lyon sont annoncés avec "un retard indéterminé". Les quais prévus sont effacés; le public retourne en salle d'attente.

Pour rompre le silence, un nouveau message (je cite de mémoire, les mots sont peut-être un peu différents) "mesdames et messieurs, pour assurer votre sécurité, nous vous informons que vous devez monter à bord du train deux minutes avant son départ".

Mon train a déjà plus de 20 minutes de retard, et il n'est toujours pas annoncé ! J'aimerais bien monter à bord deux minutes avant son départ ! Et je suis loin d'être le seul !

Comment peut-on ne pas penser au voyageur qui subit ces retards à répétition ? comment peut-on ne pas penser que cet humour pourrait ne pas être apprécié ?

Est-ce de la maladresse, ou tout simplement une indifférence absolue, totale et définitive ? (j'ai lu quelque part que pour appuyer une idée, il fallait l'illustrer 3 fois de suite). En tout cas, j'espère qu'il n'y avait pas de provocation, car ce serait minable, stupide et inélégant (je recommence!). Les agents vivent dans le même monde que les voyageurs, n'est-ce pas ?

Tiens, une idée ! Regardons les statistiques sur le site dédié de notre bonne vieille SNCF. Amusant, si on entre "ponctualité" dans le champ de recherches, on obtient la désespérante réponse "Nous sommes désolés, aucun résultat ne correspond à votre requête". Ah bon ? H

Nous sommes finalement parti, nous avons stationné dans une gare sans arrêt pour laisser passer un train plus pressé que nous, semble-t-il. Bilan: pas loin de 35 minutes de retard, ce qui fait beaucoup pour moins de 100 km...

lundi 27 janvier 2014

food defense

Sous le terme anglophone de "food defense", utilisé sans qu'il soit traduit en français, on regroupe tout ce qui a trait à la protection des produit, des procédés et des usines agroalimentaires vis à vis du risque de contamination volontaire par un employé ou par un "visiteur" anonyme. Cette forme de malveillance (qui peut aller jusqu'au terrorisme) fait l'objet de peu de communication de la part des entreprises, car il est délicat de suspecter ses propres salariés, comme il est risqué d'attirer l'attention sur la facilité avec laquelle les produits peuvent parfois être contaminés.

La très fameuse méthode HACCP est impuissante à prévenir la malveillance, il faut donc utiliser des stratégies, des méthodes et des outils différents. Aujourd'hui les assureurs ne demandent rien à ce sujet, cela pourrait changer.

C'est ces jours-ci que l'on apprend qu'un employé d'une usine de plats surgelés japonais a été arrêté par la police. Il est soupçonné d'avoir contaminé les produits avec un insecticide (le malathion). D'après le site internet du Japan Times, on a retrouvé jusqu'à 26 grammes de malathion par kg de produit (26 000 ppm). Le rappel, initié en décembre 2013, a concerné 6,4 millions d'emballages.

Je souhaite que les 28 000 personnes rendues malades recouvrent la santé sans garder de séquelles, mais je sais que les conséquences financières pour l'entreprise - et pour les collègues de cet employé - seront importantes.

Signalons enfin que le directeur de l'usine a démissionné. Cela ne fait pas progresser la situation, mais cela montre que dans certains pays, les responsabilités qui vont avec les hauts salaires sont parfois assumées avec courage.

Néanmoins, je vous souhaite bon appétit.

H

mercredi 22 janvier 2014

Génération Y

Lu ce matin sur un forum de discussion (je cite) "Bonjour, je suis étudiante en Licence Agroalimentaire et j'aimerais qu'une personne m'envoi (sic) un exemplaire de politique qualité,j (sic) en ai vraiment besoin pour m'inspirer.Merci"

Il paraît que la génération Y se sert plutôt qu'elle ne créée. Pourquoi en effet perdre du temps/de l'énergie à écrire quelque chose qui a été bien (ou mieux) écrit par un autre ?

Mais il paraît aussi que la génération Y est née avec l'informatique. Dans ce cas, je suis surpris que cette personne ne connaisse pas les moteurs de recherche sur Internet ? Je m'étonne qu'elle soit incapable de saisir "politique qualité .pdf"... Sur Google par exemple, elle aurait obtenu plus de 10 000 résultats !

Mais ce qui me désole c'est qu'elle n'ait pas compris ce qu'était une politique qualité, ni comment on la définissait. Il est tellement simple de partir des objectifs stratégiques de l'entreprise, puis de les traduire en objectifs opérationnels à moyen terme. La politique décrira tout simplement comment on s'organise pour passer de la situation présente à la situation future souhaitée.

Arracher votre moquette et poser le même parquet flottant que votre voisin ou que celui d'un inconnu vu à la télé ne rendra pas votre appartement adapté à vos gouts, à vos besoins, à votre environnement! Mais je suis certainement trop vieux pour comprendre :-(

H

lundi 20 janvier 2014

la sur-qualité

J'ai craqué... J'en ai eu assez d'entendre parler de cette absurdité qu'est la sur-qualité, que je me suis fendu d'une page de mon site sur la sur-qualité.

J'explique pourquoi ce concept est totalement pervers et pourquoi il faudrait l'abandonner au plus vite.

Bonne lecture !

H

lundi 6 janvier 2014

En guise d'étrennes

En guise d'étrennes, et pour vous souhaiter une excellente année 2014 à toutes et à tous, je vous envoie juste un lien vers skitch, un outil d'annotations d'images tout simplement fabuleux de simplicité. La prise en mains est immédiate, et le résultat très propre, comme le montre l'image ci-dessous :


H