dimanche 12 mai 2013

Un Organisme de Certification sanctionné...

Les entreprises dont le système de management est certifié conforme à une norme ou une autre sont en constante augmentation : pour les 7 normes ISO principales (9001, 14001, 16949, 13485, 27001, 22000, 50001) , on en est à environ 1.5 millions en 2011. Et on ne parle pas ici de l'OHSAS 18001 - qui n'est pas une norme ISO, et qui doit approcher aujourd'hui les 60 00.

Les certificats sont délivrés par des entreprises privées, après avoir été auditées par des auditeurs soit salariés de l'organisme de certification, soit indépendants et missionnés (sous contrat) pour cela. Ces auditeurs ont fait la preuve de leur triple compétence (technique d'audit, connaissance de la norme, connaissance du secteur d'activité) et sont eux-mêmes certifiés.

Des événements récents (l' affaire PIP, en particulier), ont mis en lumière les faiblesses de ce système, lorsque les pouvoirs publics sous-traitent ainsi le contrôle du marché à des organismes privés et à des individus non assermentés.

La grande distribution britannique, puis européenne (Allemagne et France à l'origine), ont créé des référentiels pour certifier leurs fournisseurs de denrées alimentaires : BRC en Grande-Bretagne, IFS ailleurs. Aujourd'hui, un industriel qui souhaite produire les marques Carrefour ou Auchan, Leclerc ou Metro, Aldi ou Lidl (pour ne citer que ceux-là) doit être certifié IFS. Là encore, l'IFS délègue les opérations d'audit à des organismes de certification, pour la plupart les mêmes que ceux qui certifient la conformité à l'ISO 9001 ou - si l'on parle de sécurité des aliments - à l'ISO 22000.

Récemment, les "scandales" récents liés à la présence frauduleuse de viande de cheval dans des produits supposés au bœuf ont reposé la question de l'efficacité des audits n'est pas garantie à 100% : un auditeur peut passer à côté d'une non-conformité. Mais pour les créateurs du système, ces groupes géants au chiffre d'affaires se comptant en milliards d'€, l'enjeu n'est pas mince. Il en va de la crédibilité de leur marques. Or, en pratique, ils n'ont que peu de maîtrise sur ce qui se passe chez leurs sous-traitants. Un contrat bien ficelé et des audits, c'est tout ce dont ils disposent. Pas vraiment suffisant pour savoir ce qui se passe au quotidien dans les ateliers ou dans les entrepôts.

Alors la sanction est tombée. À compter du 15 mai 2013, le TÜV SÜD (à ne pas confondre avec le TÜV Rheinland) n'est plus autorisé à auditer selon l'IFS. La suspension n'est que de 3 mois, mais non seulement tous les auditeurs doivent suivre une nouveau processus de formation / qualification, mais encore l'IFS communique sur le sujet. On ne sait pas ce qui a conduit à la suspension, mais tous les certificats en cours de validité sont considérés comme devant être revus.

Moralité de l'histoire : lorsque les enjeux sont clairement identifiés, les sanctions peuvent être prises. Corollaire : lorsque personne ne voit d'enjeu à un processus quelconque, il peut dérailler à sa guise, personne ne s'en soucie.

C'était ma minute de cynisme.

H.

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